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Confrontation esthétique

Paris
Salle Pleyel
05/02/2012 -  et 3 (Bruxelles), 8 (London) mai 2012
Béla Bartók : Musique pour cordes, percussion et célesta, sz.106 – Concerto pour violon n° 2, sz. 112
Karol Szymanowski : Symphonie n° 3 «Piesn o nocy», opus 27

Nikolaj Znaider (violon), Steve Davislim (ténor)
London Symphony Chorus, Roger Sayer (chef de chœur invité), London Symphony Orchestra, Peter Eötvös (direction)


N. Znaider (© George Lange)


Suite du mini-cycle de deux concerts que l’Orchestre symphonique de Londres consacre à Szymanowski: aussi pertinent que le rapprochement avec Debussy et Scriabine proposé par le premier programme, celui avec Bartók, son aîné de dix-huit mois, pèche toutefois par un défaut de parallélisme dans le choix des œuvres. En effet, la Troisième Symphonie «Chant de la nuit» (1916), comme le Premier Concerto pour violon la veille, appartient à une période faste – dite «impressionniste» – de la vie créatrice du Polonais, qui ne rejoindra les préoccupations «nationales» du Hongrois qu’à partir du milieu des années 1920.


Mais qu’importe, car les occasions d’entendre cette immense partition, requérant, outre un orchestre gigantesque, un ténor solo et un chœur mixte, ne sont pas légion, sa précédente exécution parisienne remontant à mai 2001 avec le regretté Djansug Kakhidzé à la tête du National. La phalange anglaise ne rate pas cette occasion de conclut en apothéose: elle ne possède certes pas une personnalité très marquée mais ses qualités coutumières de fiabilité et de cohésion sont ici appréciables. Remplaçant Pierre Boulez comme pour le précédent concert, Peter Eötvös, à la fois plus souple et intensément expressif, construisant de superbes progressions, convainc davantage que dans Le Poème de l’extase, dont cette symphonie est pourtant assez proche (tout en évoquant aussi ici ou là Daphnis et Chloé). Steve Davislim négocie remarquablement ses solos successifs, bien que malaisément placé en fond de scène côté jardin, au bout de la rangée des percussions, au pied de la tribune où les membres de l’excellent London Symphony Chorus s’étaient installés, pour une bonne partie d’entre eux, dès le début du concert.


En ce soir du traditionnel débat politique de l’entre-deux-tours du scrutin présidentiel, un large public n’a pas voulu manquer la confrontation esthétique entre Szymanowski et Bartók: un peu décevant dans Debussy et Scriabine, Eötvös paraît nettement plus à son avantage dans l’univers de son compatriote. Dans la Musique pour cordes, percussion et célesta (1936), il surpasse sans peine la prestation assez brouillonne de Salonen avec le Philharmonia en novembre dernier au Théâtre des Champs-Elysées: une approche sombre – comme un pressentiment des années noires – et dramatique – comme un écho lointain du Château de Barbe-Bleue – qui réussissent tout particulièrement aux mouvements impairs – Andante tranquillo initial, élégiaque puis onirique, Adagio tendu – tandis que certains épisodes des mouvements pairs privilégient excessivement le détail au détriment de l’élan. La mise en place ne paraît pas toujours irréprochable, mais les deux groupes symétriques de trente cordes possèdent une belle prestance et l’on a plaisir à retrouver, parmi les percussions (placées à l’arrière, contrairement aux indications du compositeur), le formidable timbalier Nigel Thomas.


Christian Tetzlaff, entendu la veille dans le Premier Concerto de Szymanowski, avait offert au début de l’année une version mémorable du Second Concerto (1938) de Bartók, mais c’est cette fois-ci Nikolaj Znaider qui en est le soliste: en puissance, en assurance et en virtuosité, il se situe à un niveau comparable à celui du violoniste allemand, mais savoir si sa conception plus romantique, avec un portamento volontiers sentimental, est préférable demeure avant tout affaire de goût. En bis, c’est l’incontournable Sarabande de la Deuxième Partita de Bach, abordée avec une liberté, une recherche et une volonté manifeste d’éloquence qui ont sans doute le mérite de renouveler l’intérêt de l’exercice mais qui font parfois plus que frôler l’hétérodoxie et le narcissisme.


Le site de Nikolaj Znaider



Simon Corley

 

 

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