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Rareté russe

Zurich
Opernhaus
04/15/2012 -  et 17, 19, 22*, 25, 27, 29 avril 2012
Alexandre Borodine: Le Prince Igor
Egils Silins (Prince Igor), Olga Guryakova (Yaroslavna), Peter Sonn (Vladimir), Dmitri Belosselskiy (Prince Galitsky), Pavel Daniluk (Kontchak), Olesya Petrova (Kontchakovna), Miroslav Christoff (Ovlur), Valeriy Murga (Skoula), Martin Zysset (Yeroschka), Viktorija Bakan (Une jeune Polovtsienne)
Chor der Oper Zürich, Jürg Hämmerli (préparation), Orchester der Oper Zürich, Vladimir Fedoseyev (direction musicale)
David Pountney (mise en scène), Robert Innes Hopkins (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Renato Zanella (chorégraphie)


(© Suzanne Schwiertz)


Le Prince Igor - le seul ouvrage lyrique d’Alexandre Borodine - incarne, avec Boris Godounov et Khovanchtchina, l’opéra russe par excellence, du moins tel qu’on l’imagine en Occident, avec ses grands tableaux épiques entrecoupés de scènes burlesques, ses airs émouvants et ses nombreuses scènes de chœur. Contrairement aux œuvres de Moussorgski cependant, la partition de Borodine est très rarement à l’affiche hors de Russie; aussi convient-il de saluer l’initiative de l’Opernhaus de Zurich, qui a tenu à présenter un titre dont on ne connaît chez nous au mieux que les célèbres Danses polovtsiennes.

Lorsqu’il décède en 1887, Alexandre Borodine n’a pas terminé Le Prince Igor, opéra en quatre actes avec prologue, qu’il a pourtant commencé dix-huit ans plus tôt, sur un livret écrit par lui-même d’après un fameux épos russe du XIIe siècle. L’ouvrage, complété par Rimski-Korsakov et Glazounov, est créé en 1890 au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg. Sur les 7000 mesures composées par Borodine, on sait aujourd’hui que Rimski-Korsakov et Glazounov n’en ont gardé qu’un peu plus de 1000... Dans les années 1940, Pavel Lamm, connu pour avoir exhumé le Boris originel, se plonge dans les manuscrits pour établir une version plus proche de l’original. La version jouée à Zurich contient quelques scènes supplémentaires que le chef d’orchestre et éditeur David Lloyd-Jones a écrites en se basant sur la partition originale de Borodine, conservée au musée Glinka de Moscou. Le Mariinski avait, lui aussi, utilisé cette version pour une nouvelle production de l’œuvre en 1998, dirigée par Valery Gergiev.


Le Prince Igor narre les péripéties d’un prince russe qui conduit ses troupes à la guerre contre les Polovtsiens, un peuple de nomades des steppes qui s’apprête à envahir la Russie. Igor est battu et fait prisonnier par Kontchak, chef des Polovtsiens. Son fils Vladimir, captif lui aussi, tombe amoureux de la fille de Kontchak. Le prince parvient finalement à s’enfuir et à retourner dans sa terre natale, dévastée par l’armée ennemie. Malgré la défaite cinglante et humiliante, Igor est accueilli en héros par son peuple, qui lui dresse une statue en or.


Pour David Pountney, metteur en scène de cette coproduction avec l’Opéra de Hambourg, la confrontation épique entre le nationalisme russe et un peuple vindicatif venu d’Orient est un sujet intemporel et qui n'est pas lié à un lieu spécifique. C’est ainsi que les costumes conçus par Marie-Jeanne Lecca changent d’époque d’un acte à l’autre et que des accessoires viennent s’ajouter çà et là (par exemple des micros et des caméras de télévision pour figurer notre époque). On comprend dès lors que la guerre est toujours et partout la même, avec son cortège de destructions, de massacres, de viols et de tortures. Sous la baguette de Vladimir Fedoseyev, l’Orchestre de l’Opernhaus se fait flamboyant et rutilant, mais le chef a trop souvent tendance à diriger fortissimo et à couvrir le chœur et les chanteurs, sans trop s’embarrasser de détails et de nuances. La distribution, russe dans sa majorité, est parfaitement homogène et d’un très haut niveau. Egils Silins est un Prince Igor noble et racé, qui regarde d’un œil détaché et désabusé les événements qui se déroulent autour de lui. La vedette lui est cependant ravie par Olesya Petrova, véritable surprise de la soirée avec sa belle voix ample, grave et capiteuse, et riche en couleurs. Olga Guryakova laisse, quant à elle, une impression mitigée, car son chant au fort vibrato est parsemé de cris et de stridences. On relèvera aussi l’excellente prestation du ténor Peter Sonn ainsi que la superbe performance du Chœur de l’Opernhaus, omniprésent dans cet ouvrage. En résumé, une très belle découverte proposée par l’Opernhaus de Zurich.



Claudio Poloni

 

 

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