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Temps sec sur l’Orchestre de Paris

Paris
Salle Pleyel
04/11/2012 -  et 12 avril 2012
Robert Schumann : Manfred, ouverture, opus 115 (orchestration Gustav Mahler) – Symphonie n°1 en si bémol majeur, « du Printemps », opus 38
Franz Schubert : An Silvia, D. 891 – Greisengesang, D. 778 – Im Abendrot, D. 799 – Die schöne Müllerin, D. 795: «Tränenregen» (orchestrations anonyme, Brahms, Reger et Webern)
Richard Strauss : «Traum durch die Dämmerung», opus 29 n° 1 – «Heimliche Aufforderung», opus 27 n° 3 – «Allerseelen», opus 10 n° 8 (orchestrations Heger) – «Das Rosenband», opus 36 n° 1 – «Freundliche Vision», opus 48 n° 1 – «Ruhe, meine Seele», opus 27 n° 1 – Morgen!», opus 27 n° 4 (orchestrations Strauss)

Matthias Goerne (baryton)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


M. Goerne (© Marco Borggreve)


Ça commence mal : le romantisme de Manfred dans la copieuse orchestration de Mahler n’est que raideur nerveuse, sécheresse brutale, tant Paavo Järvi cravache. L’orchestre lui-même n’atteint pas des sommets, soumis à trop rude épreuve.

La tension retombe dans les lieder chantés par Matthias Goerne, dont l’accompagnement paraît droit et neutre. Leur choix des Schubert pose d’ailleurs le problème des orchestrations : même signées Brahms, Reger et Webern, se justifient-elles vraiment ? Le disque de Claudio Abbado, avec Anne Sofie von Otter et Thomas Quasthoff, les avait présentés sous un jour plus flatteur. Le baryton allemand, de surcroît, devrait davantage l’intimisme des versions originales et adapter sa sobriété à l’éloquence de l’orchestre. Cela dit, sa voix se projette bien, ce dont il n’est pas toujours coutumier, malgré une homogénéité parfois problématique de l’émission, qui peut s’assombrir ou s’engorger. Restent heureusement le velours du timbre, la beauté du phrasé, l’intelligence du texte. Les lieder de Strauss, surtout ceux orchestrés par le compositeur lui-même, évidemment plus heureux que l’honorable Robert Heger, s’imposent davantage, faisant paraître lourd le «An die Musik» adapté par Reger et donné en bis.


La Première Symphonie de Schumann pâtit des mêmes défauts que Manfred. Ce que le chef réussit avec la Deutsche Kammerphilharmonie ne convient pas forcément à des formations plus nourries de tradition, à l’effectif chargé – surtout quand il choisit la révision mahlérienne. L’énergie brutale qu’il insuffle au premier mouvement de l’Opus 38 bouscule les musiciens plus qu’elle ne les flatte, mettant les cordes en péril, alors que la musique s’accommode mal d’une lecture trop verticale. Le Larghetto respire davantage, malgré une dynamique limitée. Le Scherzo et le Finale confirment malheureusement la première impression, avec une coda précipitée. Comme si la sève montait dans du bois sec : drôle de printemps.


Le site de Matthias Goerne



Didier van Moere

 

 

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