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Une affaire de femmes Paris Salle Adyar 04/04/2012 - Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye: «Pavane de la Belle au bois dormant», «Laideronnette, impératrice des pagodes» et «Le Jardin féerique»
Leos Janácek : Sonate pour piano «1er octobre 1905» (&)
Dimitri Chostakovitch : Concertino, opus 94
César Franck : Prélude, Fugue et Variation, opus 18 (transcription Harold Bauer) (#)
Serge Rachmaninov : Suite pour deux pianos n° 1 «Fantaisie-Tableaux», opus 5
David Bismuth (#), Yaron Kohlberg (&) (piano)
D. Bismuth (© Jean-Philippe Raibaud)
Avec ses cinq fondatrices, «Musicality Club» est une affaire de femmes: la présidente, Nelly Jussmann, chef d’entreprise dans le secteur de la mode, la secrétaire générale, Patricia Beracasa, ancienne directrice de la fondation du même nom, Elisabeth Debray, cofondatrice du festival «Musique dans les vignes», Micky Engel, secrétaire générale d’Opera World, et la journaliste Elisabeth Schneiter. La plupart d’entre elles ont contribué à la naissance d’une autre association organisatrice de concerts, «Rive Gauche Musique», dont les activités se déroulent salle Adyar. Il n’est donc pas étonnant qu’on retrouve ce lieu parmi ceux «choisis pour leur qualité acoustique, leur charme et atmosphère propice à l’écoute» afin d’accueillir les différents programmes de la saison.
En l’espèce, c’est un récital conjoint de David Bismuth (né en 1975) et Yaron Kohlberg (né en 1983), deuxième prix au concours de Cleveland (2007), qui débute sur une impression fâcheuse: vu notamment la brièveté de la soirée, se contenter de donner les trois pièces impaires de Ma Mère l’Oye de Ravel et omettre les deux autres ne paraît guère sérieux, d’autant qu’on aurait aussi aimé entendre les deux artistes dans l’intégralité du recueil, avec leur fraîcheur, leur nervosité, leur objectivité et leur tempi allants. Kohlberg offre ensuite une magnifique interprétation de la Sonate «1er octobre 1905» de Janácek, plus romantique que moderne, mais sans excès de pathos, conjuguant un très beau jeu à une force expressive et à un sens de la construction qui s’épanouissent dans la grande arche du second mouvement. La première partie se conclut à deux pianos avec le Concertino (1953) de Chostakovitch, peut-être un peu carré mais plein de peps.
Y. Kohlberg (© Rinat Aldema)
Après l’entracte, c’est au tour de David Bismuth de se produire brièvement en solo, dans Prélude, Fugue et Variation (1862) de Franck. Rien à voir – ne serait-ce qu’en durée – avec deux autres triptyques pour piano, Prélude, Choral et Fugue et Prélude, Aria et Final, car il s’agit ici de l’adaptation par le pianiste anglais Harold Bauer (1873-1951) d’une partition originellement destinée à l’orgue: belle réalisation, techniquement impeccable, d’une clarté dépourvue de sécheresse, rendant justice aussi bien à l’hommage baroque qu’au caractère un peu nostalgique du propos. Les deux pianistes se retrouvent pour conclure avec la Première Suite pour deux pianos (1893) de Rachmaninov, autrement dit la Fantaisie-Tableaux (qui donne son titre à l’ensemble du concert): les gazouillis et guirlandes de notes des trois premiers mouvements se déploient avec une grande subtilité, et le carillon final de «Pâques», moussorgskien et d’actualité, s’impose sans tapage. Confirmant l’excellente entente entre les deux partenaires, les bis sont successivement à deux pianos – Oblivion (1982) de Piazzolla – et à quatre mains – les deux premières des six pièces de Dolly (1896) de Fauré, «Berceuse» et «Mi-a-ou».
Le site de Musicality Club
Le site de David Bismuth
Le site de Yaron Kohlberg
Simon Corley
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