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Polissonnerie médiévale

Marseille
Opéra municipal
03/20/2012 -  et 22, 25*, 27 mars 2012
Gioacchino Rossini : Le Comte Ory

Marc Laho (Le comte Ory), Annick Massis (La comtesse Adèle), Stéphanie d’Oustrac (Isolier), Jean-François Lapointe (Raimbaud), Marie-Ange Todorovitch (Dame Ragonde), Nicolas Courjal (Le Gouverneur), Diana Axentii (Alice)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (direction), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Frédéric Bélier-Garcia (mise en scène), Sophie Petit (assistante à la mise en scène), Jacques Gabel, Claire Sternberg (décors), Catherine Leterrier (costumes), Roberto Venturi (lumières)


M. Laho, A. Massis, S. d’Oustrac (© Christian Dresse)


La réussite de la production du Comte Ory à l’affiche de l’Opéra de Marseille – signée Frédéric Bélier-Garcia et importée d’Angers Nantes Opéra – est avant tout à porter au crédit du maestro Roberto Rizzi Brignoli. Le chef italien a conduit un Orchestre de l’Opéra de Marseille particulièrement docile et remarquablement sonnant ce soir, avec une vitalité, une fermeté et une précision exemplaires: cordes propres dans les attaques, bois et cuivres – notamment (et pour une fois) les cors – impeccables. Les tempi étaient vifs, sans donner dans une hâte qui aurait pu mettre les chanteurs en difficulté.


L’on sera plus réservé au sujet d’une mise en scène qui se voulait parodique, transformant ainsi l’ouvrage de Rossini en pur buffo, ce qu’il n’est pas. Rassurons le lecteur, on est toutefois loin d’atteindre la bêtise crasse et la vulgarité de la mise en scène de Giancarlo del Monaco vu au Grand-Théâtre de Genève plus tôt dans la saison. Il semblerait en effet que depuis que Jérôme Savary a marqué Le Comte Ory de son empreinte, tous ses successeurs le suivent sur la voie de l’humour gras et grivois. Ainsi, il nous semble déplacé de transformer la comtesse Adèle en rombière «chaude» qui n’a de cesse de revivre les frivolités de sa jeunesse avec le page Isolier, Dame Ragonde en «femme-maîtresse» prompte à jouer du martinet, ou de réduire le personnage de Raimbaud à un simple gougnafier. Quant aux nombreuses scènes truffées de femmes en tenues légères – quand elle ne sont dans leur plus simple appareil – à part rincer l’œil de messieurs en mal de sensations érotiques, on ne voit pas ce qu’elles apportent à l’histoire...


C’est un tout autre bonheur que distille une distribution de haute volée. Déjà réuni au Festival de Glyndebourne en 1997, le couple Annick Massis et Marc Laho était donc recomposé pour quatre soirs à Marseille. Si la première n’a rien perdu de ce qui pouvait enchanter alors – corps de starlette, voix charmeuse et souple, vocalise déliée et pianissimi éthérés – on sera plus nuancé sur le ténor belge. Au stade actuel de sa carrière, il ne maîtrise pas toujours certains déséquilibres de l’émission et quelque désordre dans la palette de couleurs. Son premier air «Que les destins prospères» s’est même avéré douloureux, l’artiste perdant complètement ses moyens à la fin de celui-ci, au point de ne pas être capable de sortir le dernier aigu, resté au fond de sa gorge. Au second acte néanmoins, il a su retrouver un bel aplomb et offre dans le célèbre trio avec Adèle et Isolier («A la faveur de cette nuit obscure») un beau moment de chant rossinien, grâce à une technique de la vocalise encore sûre.


Tout de fraîcheur et de conviction, l’Isolier de Stéphanie d’Oustrac subjugue. La jeune mezzo française, dont nous avons maintes fois souligné les mérites, nous gratifie encore ce soir de ses nombreux atouts: grande sensibilité, registre grave nourri, chaleur du timbre, justesse irréprochable et diction à l’avenant. Un pur régal! Nicolas Courjal, Gouverneur au beau legato et au style parfait, confirme également l’impression positive laissé in loco lors de La Bohème, il y a deux mois. Grande habituée des lieux, Marie-Ange Todorovitch campe une impayable Dame Ragonde tandis que Jean-François Lapointe, en Raimbaud, fait montre d’une grande cohésion dans tous les registres, d’une superbe musicalité et d’une ampleur vocale impressionnante.



Emmanuel Andrieu

 

 

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