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Un maître du répertoire germanique

Paris
Salle Pleyel
03/06/2012 -  
Anton Webern : Six Pièces, opus 6
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder (orchestration Wagner et Mottl) – Tristan und Isolde: Prélude et Mort d’Isolde
Richard Strauss : Tod und Verklärung, opus 24

Nina Stemme (soprano)
Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, Marek Janowski (direction)


N. Stemme (© Tanja Niemann)


Au cours des dernières années, Marek Janowski, après avoir quitté le Philharmonique de Radio France, s’est progressivement défait des responsabilités qui lui avaient été par ailleurs confiées auprès des Philharmoniques de Dresde et de Monte-Carlo et de l’Orchestre de la Suisse romande. Il a toutefois conservé une relation privilégiée avec la formation qui lui tient sans nul doute le plus à cœur, l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin («RSO Berlin»), où, en poste depuis 2002, il a été élevé en 2008 au rang de «directeur musical à vie». Et pour son unique apparition parisienne cette saison, c’est avec cette phalange qu’il se produit, toujours à Pleyel comme en 2008, 2009 et 2011.


Même si Janowski, à la différence d’un Christian Thielemann, ne se cantonne pas presque exclusivement au seul répertoire germanique, le programme, comme lors de ses trois précédentes visites, ne lui en est pas moins intégralement consacré. Il ressemble même pour moitié à celui qu’il avait choisi en mars 2001 avec le Philharmonique de Dresde pour son premier concert à Paris depuis son départ du Philhar’, débutant par les Six Pièces opus 6 (1909/1928) de Webern. Autant il avait alors pu paraître «froid et pas toujours précis» avec cet orchestre où il venait, il est vrai, de prendre ses fonctions, autant il frappe cette fois-ci d’emblée par son approche résolument moderniste, libérant la tension condensée dans ces miniatures et leur imprimant une dynamique qui en souligne le caractère expressionniste, avec un sens dramatique semblant déjà annoncer la Musique d’accompagnement pour une scène de film de Schönberg.


Comme il y a quatre ans avec Petra Lang, Janowski revient aux Wesendonck-Lieder (1858): à Vaduz deux jours plus tôt et à Cologne le lendemain, c’est Michelle Breedt qui chante Wagner avec le RSO Berlin et son chef, engagés depuis 2010, pour le bicentenaire de sa naissance, dans un cycle présentant en trois saisons ses dix principaux opéras en version de concert et enregistré pour PentaTone. Paris a en revanche le privilège d’entendre Nina Stemme: attendue par un public visiblement impatient, elle porte au plus haut degré cet «art de la déclamation wagnérienne» et cette «fusion entre le texte et la musique» salués à l’occasion de son Tannhäuser à Bastille en octobre dernier. Altière dans son port, tout de blanc vêtue, comme dans sa voix au timbre parfaitement homogène, la soprano suédoise trouve plus rapidement son aise dans le grave que dans l’aigu mais reste quelque peu en retrait expressif et peine parfois – le piège est récurrent à Pleyel – à s’émanciper d’un orchestre que Janowski enflamme quand il le faut («Ne bouge pas!»).


Après cette brève première partie, la seconde reprend avec Mort et Transfiguration (1888) de Strauss: une version intense, animée par une baguette franche et nette, pleine d’élan sans céder à de fâcheux débordements, n’omettant pas de soigner les sonorités de l’introduction et conduisant avec un geste à la fois ferme et ample la vaste péroraison. En conclusion, aux «études préparatoires» à Tristan et Isolde (1859) que sont les Wesendonck-Lieder répondent logiquement les deux plus célèbres extraits de l’opéra. Dans le Prélude au premier acte, Janowski démontre de nouveau ses talents d’architecte sans sacrifier pour autant l’expression, à la fois puissante et contenue, à la tête d’un orchestre de grande qualité, ou cohésion rime avec infaillibilité. Curieusement restée assise parmi les seconds violons pendant le Prélude, Nina Stemme, qui, à la fin du mois, sera à l’affiche de Tristan pour la suite de ce cycle dans la capitale allemande, chante la «Mort d’Isolde» avec davantage de rhétorique que de passion.


Le site de l’Orchestre radio-symphonique de Berlin
Le site de Nina Stemme



Simon Corley

 

 

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