About us / Contact

The Classical Music Network

Nancy

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La Canadienne à Nancy

Nancy
Opéra national de Lorraine
02/17/2012 -  et 19, 21, 23, 25 février 2012
Gioacchino Rossini : L’Italiana in Algeri
Marie-Nicole Lemieux (Isabella), Yijie Shi (Lindoro), Donato Di Stefano (Mustafà), Nigel Smith (Taddeo), Yuree Jang (Elvira), Olga Privalova (Zulma), Igor Gnidii (Haly)
Chœur des hommes de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (chef du chœur), Chœur des hommes de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Jean-Pierre Aniorte (chef du chœur), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Paolo Olmi (direction)
David Hermann (mise en scène), Rifail Ajdarpasic (décors), Bettina Walter (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Cécile Kretschmar (masques, perruques)


(© Opéra national de Lorraine)


Avec cette nouvelle production de L’Italienne à Alger (1813) de Rossini, reprise avec une autre distribution à Metz (du 7 au 11 mars) et Bratislava, l’Opéra national de Lorraine offre à Marie-Nicole Lemieux sa première Isabella. Comme d’habitude, la contralto québécoise ne s’économise pas et a plus d’un tour dans sac : elle joue de son physique, accumule les mimiques, se déplace prestement, interagit avec ses partenaires de façon naturelle et, de surcroit, déploie un chant techniquement supérieur, fermement tenu et aux registres diversifiés. Le rôle de Lindoro échoit à Yijie Shi qui forme avec l’Italienne un couple fort mal assorti : si ce jeune Chinois semble en comparaison extrêmement frêle, sa voix en revanche se distingue par son ampleur, sa stabilité et son timbre tout indiqué dans ce répertoire que ce virtuose pratique assidûment – une révélation.


Le personnage de Mustafà va comme un gant à Donato Di Stefano, basse bouffe par excellence. Nigel Smith, qui lui non plus ne manque pas de ressources pour phraser et vocaliser habilement, interprète avec bonheur le rôle du pauvre Taddeo qui, en mauvaise posture, en voit décidément de toutes les couleurs. Ravissante mais délaissée par le bey, Elvira bénéficie du chant exquis et coloré de Yuree Jang tandis que Olga Privalova (Zulma) et plus encore Igor Gnidii (Haly) marquent leur rôle de leur empreinte. Placé sous la direction de Paolo Olmi, l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy n’offre pas un degré de raffinement et une sonorité insurpassables (cordes un peu chétives) mais il épouse adroitement l’action et joue avec suffisamment de réactivité et de faconde pour convaincre. Sans doute faudrait-il par moment plus d’élan et de tonicité. Renforcé par celui de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, le Chœur des hommes de l’Opéra national de Lorraine honore son engagement sans faillir.


Le décor de Rifail Ajdarpasic ne présente rien de spécifiquement algérien ni même d’oriental puisqu’il tourne autour de la carcasse très réaliste d’un avion de ligne qui a atterri en catastrophe dans une forêt tropicale et dans lequel Mustafà a improvisé son palais de fortune – Lindoro, son esclave, vit d’ailleurs dans un des réacteurs vidé de son moteur. En mettant en scène des sauvages portant des masques primitifs (les passagers en réalité), David Hermann s’interroge «sur les fondements de notre participation au monde multiculturel qui est le notre aujourd’hui». Soit, et qu’importe si le livret parle de bateau, la fable fonctionne plutôt bien grâce à une direction d’acteur inventive et son lot de gags – Taddeo déculotté à plus d’une reprise, scène d’amour recouverte d’un voile pudique entre Mustafà et Isabella dans un canot gonflable, douche formée de rondins de bois et de jerricans remplies d’eau. A la fin, alors que retentit la morale de l’histoire, tous embarquent dans l’avion éventré qui redémarre par on ne sait quel miracle.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com