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Pas le grand frisson

Paris
Opéra Bastille
01/27/2012 -  et 30* janvier, 1er, 4, 7, 11, 14, 18, 20, 23 février 2012
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Piotr Beczala*/Stefan Pop (Le Duc de Mantoue), Zeljko Lucic (Rigoletto), Nino Machaidze (Gilda), Dimitry Ivashchenko (Sparafucile), Nancy Fabiola Herrera*/Laura Brioli (Maddalena), Cornelia Oncioiu (Giovanna), Paul Gay*/Simone del Savio (Le Comte Monterone), Florian Sempey (Marullo), Vincent Delhoume (Matteo Borsa), Alexandre Duhamel (Le Comte Ceprano), Ilona Krzywicka (La Comtesse Ceprano), Marianne Crebassa (Le Page)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Paris, Daniele Callegari (direction)
Jérôme Savary (mise en scène)


Z. Lucic, N. Machaidze (© Opéra national de Paris/Christian Leiber)


Point n’était besoin d’aller nous resservir, quinze ans après, cette production de Jérôme Savary, sans vision et sans intérêt, déjà reprise en 1998, 2000 et 2008. Autant le retour de La Dame de pique revue par Lev Dodin se justifiait, autant ce Rigoletto, le premier à entrer à Bastille, n’appelle que l’oubli. Rien n’y fait, ni ces décors de ruines symboliques de Michel Lebois, ni ces lumières blafardes d’Alain Poisson. L’absence de direction d’acteurs, surtout, laisse tout le monde livré à lui-même, en particulier les protagonistes, figés dans des poses de convention, qui semblent parfois vivre de loin leur propre drame. L’opéra lui-même y perd de sa force. S’il était encore porté par une direction d’orchestre à la hauteur de ses enjeux, tout changerait – en 2008, Daniel Oren dirigeait... Daniele Callegari est irrégulier, notamment dans ses tempos, souvent routinier, n’évite pas les décalages au premier acte. Le Prélude, pourtant, par ses teintes sombres, augurait bien du reste ; au troisième acte, il maîtrise l’orage. On a également connu l’orchestre plus investi.


Le plateau vocal séduit davantage. Zeljko Lucic, dont le bouffon a fait le tour du monde, paraît pourtant très engorgé d’émission, défaut fâcheux pour une salle aussi grande – sans doute une méforme, car la voix, d’habitude, se projette mieux. Dommage : son Rigoletto intériorisé tranche sur une certaine tradition, refuse les éclats véristes, moins révolté que malheureux, plus fragile que grotesque, très stylé surtout, veillant sans cesse à ne pas bousculer la ligne de chant, capable d’un beau legato, allant sans peine jusqu’au la bémol aigu pour le duo de la vengeance ou l’ultime cri du père assassin malgré lui. Le Duc de Piotr Beczala aurait dû être sa proie, voix superbement timbrée, perdant parfois de son éclat dans les notes les plus aiguës – le si aigu de la « Donna e mobile » lui échappe un peu. Mais ce prédateur a tellement de classe, de panache... sans jamais se débrailler même s’il se risque ici ou là, selon son habitude, à faire le latin lover. De toute façon, Nino Machaidze domine la distribution : rien moins que poupée, une Gilda à la voix au fruité savoureux, vibrante, nullement gênée par les pages les plus dramatiques à partir du deuxième acte. On la sent désormais plus lyrique que légère, moins à l’aise d’ailleurs dans l’agilité au premier et couronnant inutilement le duo de la vengeance par un contre-mi bémol forcé. Elle mourra sous le couteau du Sparafucile sombre mais charbonneux de Dimitry Ivashchenko, victime indirecte de la Maddelena au grave fort limité de Nancy Fabiola Herrera. Plus que le Monterone pâlichon de Paul Gay, les solistes de l’Atelier lyrique complètent harmonieusement l’ensemble, du Marullo moqueur de Florian Sempay au Page piquant de Marianne Crebassa.


Une bonne soirée vocale, pas le grand frisson.



Didier van Moere

 

 

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