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Classicisme et romantisme

Paris
Salle Pleyel
01/25/2012 -  et 26* janvier 2012
Joseph Haydn : Symphonie n° 83 en sol mineur, «La Poule»
Johannes Brahms : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 77 – Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 73

Viktoria Mullova (violon)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


V. Mullova (© Nick White)


Public nombreux ce soir pour un programme très classique, non tant dans sa forme (encore qu’une brève symphonie comme la Quatre-vingt troisième de Haydn, au demeurant omise pour la reprise du concert le lendemain à Aix-en-Provence, puisse presque faire office d’ouverture en prélude aux sacro-saints concerto et symphonie), que dans le choix des œuvres.


En effet, les six Symphonies parisiennes (numérotées 82 à 87) de Joseph Haydn (1732-1808) n’ont pas été fréquemment jouées par l’Orchestre de Paris même si l’on peut relever, en consultant l’indispensable base de données de l’orchestre, que toutes ont finalement été programmées. Ainsi, relève-t-on notamment que la Quatre-vingt-sixième a été interprétée en novembre 1973 sous la direction de Wilfried Boettcher, la Quatre-vingt-deuxième «L’Ours» l’a été aussi bien en décembre 1977 sous la baguette de Lovro von Matacic qu’en novembre 1980 sous celle de Pinchas Zukermann, les Quatre-vingt-cinquème «La Reine» et Quatre-vingt-sixième en mars 1980 sous la baguette de Rudolf Barchaï...


La Symphonie «La Poule», qualificatif donné en raison d’une appogiature des violons à la fin de l’exposition du thème (plus difficilement décelable que la justification musicale des surnoms donnés aux symphonies «Roulement de timbales», «L’Horloge» ou «Militaire»), date comme ses consœurs des années 1785-1786. A la tête d’un excellent Orchestre de Paris, Paavo Järvi enlève les quatre mouvements avec une joie communicative, la vélocité des cordes étant particulièrement impressionnante tandis que les vents font montre de leur habituelle finesse, tout spécialement dans le deuxième mouvement (Andante).


Viktoria Mullova n’est pas une inconnue de l’orchestre avec lequel elle a débuté sous la direction de Pierre Boulez en 1993 (il s’agissait du Concerto «A la mémoire d’un ange» de Berg) et avec lequel elle a récemment donné le Concerto de Sibelius. Dans la foulée d’une série de concerts donnés au Louvre durant le mois de janvier (on a ainsi pu l’entendre aussi bien dans certaines œuvres baroques sous la direction de Giovanni Antonini avec Il Giardino Armonico que dans des pièces de Nielsen ou Beethoven), voici donc la violoniste russe dans le célèbre Concerto (1878) de Johannes Brahms (1833-1897). Comme à son habitude, elle arrive sur scène dans une tenue fort originale (faite d’entrelacs de tissus, de cercles et d’alternances fort séduisantes de transparences plus ou moins grandes) et déploie un jeu techniquement excellent mais que l’on peut trouver musicalement froid. En dépit de quelques problèmes de justesse dans le premier mouvement (Allegro non troppo), à commencer d’ailleurs par sa première attaque, celle qui a remporté aussi bien le premier prix du concours Sibelius que la médaille d’or du concours Tchaïkovski affirme une technique globalement sûre même si l’on craint parfois que l’accroc ne survienne. En dehors d’un Adagio somptueux (où s’illustre également le hautboïste Alexandre Gattet), Viktoria Mullova adopte trop souvent un jeu distancié qu’on aimerait plus chaud dans le premier mouvement, plus dansant dans le troisième, beaucoup trop sage. L’accompagnement orchestral est attentif comme il convient, Paavo Järvi ne donnant pas toujours assez de volume aux pupitres de cordes. Saluée par de très vifs applaudissements, la violoniste russe consent à donner un bis qui, comme ce fut le cas la semaine dernière sous l’archet de Sergey Khachatryan, fut la Sarabande de la Deuxième Partita de Johann Sebastian Bach dont elle a gravé l’intégrale des Sonates et Partitas de façon tout à fait exceptionnelle (Onyx Classics).


Toujours dans la tonalité de majeur, la Deuxième Symphonie de Brahms fut créée presque un an jour pour jour avant le Concerto pour violon et n’avait pas été donnée par l’Orchestre de Paris depuis près de trois ans, sous la direction de son directeur musical d’alors Christoph Eschenbach. Paavo Järvi en donne une lecture étrange et, insistant trop fréquemment sur tel ou tel contre-chant au détriment de la ligne générale ou refusant tout legato trop ostensible et, finalement, ne se montre finalement guère convainquant. En dépit d’un orchestre de très bonne tenue (André Cazalet au cor, Pascal Moraguès à la clarinette, ...), le souffle est absent et, même si le deuxième mouvement s’avère extrêmement bien conduit, bénéficiant au surplus d’un magnifique pupitre de violoncelles, l’ensemble demeure en deçà de nos attentes. On comprend également mal que Järvi, pourtant si respectueux habituellement de la partition, décide d’accélérer soudainement les dernières mesures de la symphonie afin de conclure ce concert de manière encore plus triomphale que ce requiert la simple lecture du texte.


Séance de rattrapage donc pour l’œuvre symphonique du grand compositeur allemand les 4 et 5 avril prochains où, toujours à la salle Pleyel, la Quatre-vingt-cinquième Symphonie «La Reine» de Haydn n° 85 sera associée au Premier Concerto pour piano de Brahms (avec Radu Lupu) et à sa Quatrième Symphonie.


Le site de Viktoria Mullova



Sébastien Gauthier

 

 

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