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Tropisme américain

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/22/2012 -  et 19, 20, 21 janvier 2012 (Rotterdam)
Maurice Ravel : Shéhérazade – Daphnis et Chloé

Anna Caterina Antonacci (soprano)
Wiener Singakademie, Heinz Ferlesch (directeur artistique), Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Y. Nézet-Séguin (© Marco Borggreve)


L’Orchestre philharmonique de Rotterdam est désormais un habitué du Théâtre des Champs-Elysées, notamment avec Yannick Nézet-Séguin, qui y est en poste depuis 2008. Parmi les spectateurs venus les entendre en ce dimanche soir, le pianiste Nicholas Angelich – qui retrouvera le 4 juin prochain les Néerlandais et leur directeur musical pour leur second concert parisien de la saison, dans un programme germanique essentiellement consacré à Brahms. Celui du premier concert, déjà donné à trois reprises les jours précédents dans leur port d’attache, est on ne peut plus différent, puisqu’intégralement consacré à Ravel. C’est d’abord Anna Caterina Antonacci dans Shéhérazade (1903): égale à elle-même, elle déploie son soprano altier, fondé sur une articulation méticuleuse et, de ce fait, reste quelque peu en deçà du potentiel expressif de ce triptyque. Nézet-Séguin veille à l’accompagner en douceur, mais lorsqu’il s’exprime à son tour, c’est un orchestre éclatant et confortable, plus sensuel et extraverti que la chanteuse italienne.


Cette impression se confirme en seconde partie: comme Ludovic Morlot et l’Orchestre national deux mois plus tôt en ce même lieu, Nézet-Séguin a choisi l’assez rare version complète avec chœur de Daphnis et Chloé (1912), l’une des quelques partitions conçues pour la danse qui supporte d’être donnée au concert dans son intégralité. Chez le futur directeur musical de l’Orchestre de Philadelphie, où il succédera à Charles Dutoit dès la saison prochaine, le style témoigne déjà d’un petit tropisme américain: c’est bien un ballet qu’il dirige, et non la «symphonie chorégraphique en trois parties» qu’y voyait aussi Ravel; séduisant, narratif, descriptif («Danse grotesque de Dorcon»), attentif aux couleurs, le jeune chef québécois, même s’il conduit remarquablement la progression du «Lever du jour», a tendance à faire vivre la musique sur l’instant plus que dans la durée. Il tend aussi à exagérer, quitte à perdre un peu en finesse: les textures sont épaisses, certains tutti associant les 85 choristes et les 100 musiciens saturent dans cette acoustique pourtant assez favorable et les déchaînements de puissance («Danse guerrière», «Bacchanale» finale) ont un certain parfum hollywoodien. Pas toujours très distinct derrière l’orchestre – ou bien alors totalement intégré à celui-ci? – le chœur, en tout état de cause, se tire à son avantage du difficile interlude a cappella entre les deux premières parties. Parmi les solistes, moins que le hautbois, la flûte – Juliette Hurel, absente en première partie – et le cor – Martin van de Merwe, qui tire de son instrument des sonorités étonnamment travaillées – se mettent particulièrement en valeur.


Le site de Yannick Nézet-Séguin
Le site de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam
Le site de l’Académie de chant de Vienne



Simon Corley

 

 

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