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Les vérités de Zhu Xiao-Mei

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/18/2012 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ut mineur, K. 385f [396] – Adagio en si mineur, K. 540 – Variations sur «Ah! vous dirai-je, maman», K. 300e [265]
Franz Schubert : Allegretto en ut mineur, D. 915 – Sonate n° 23, D. 960

Zhu Xiao-Mei (piano)


Zhu X.-M. (© Julien Mignot)


Dans la série «Piano aux Champs-Elysées» de Jeanine Roze, la venue de Zhu Xiao-Mei constitue un moment rare et privilégié. Rare, car il y a bien sûr toujours cette émotion face à la pianiste d’origine chinoise, dont la carrière brisée par le régime maoïste lui vaut l’évidente sympathie d’un public venu en nombre, mais il y a surtout son jeu si personnel, sans esbroufe, délicat et intimiste. Privilégié, car elle donne l’impression d’inviter l’auditeur à la rejoindre dans son univers, scène plongée dans la pénombre, jouant doucement comme pour le contraindre à tendre l’oreille plutôt qu’à rester confortablement à attendre que la musique vienne vers lui – tant pis pour l’habituelle cohorte des tousseurs, particulièrement bien représentée pour ce récital.


Quasiment identique à celui qu’elle avait donné à Sceaux en juillet 2010, mais techniquement beaucoup plus au point, le programme est, sans surprise, tout sauf spectaculaire. L’expérience prend parfois une tournure ascétique, quoique jamais pauvre ou austère, et a peut-être pu en laisser certains au bord du chemin dans les Mozart de la première partie, une Fantaisie en ut mineur (1782) puis un Adagio en si mineur (1788) décantés et pudiques, d’où ressortent d’autant mieux les rares éclats. Mais comment rester insensible à ces Variations sur «Ah! vous dirai-je, maman» (1778) comme venues des tréfonds de la mémoire? Prélude à des Scènes d’enfants (1838) de Schumann plus lumineuses, qui s’amusent sans arrière-pensées («Curieuse histoire», «Bonheur parfait», «Sur le cheval de bois», ...) et où le piano prend de superbes couleurs.


La seconde partie, entièrement dévolue à Schubert, commence par un étrange Allegretto en ut mineur (1827), dépourvu de ses reprises, méconnaissable à force de lenteur erratique. L’ultime Vingt-troisième Sonate (1828) se place sous des auspices moins radicaux à défaut d’être plus familiers: moins de libertés avec le texte, plus de puissance, au besoin, dans la frappe, une approche plus contrastée que contemplative. Le Molto moderato avance sans cesse, avec grâce et simplicité, et, sans sa reprise, ne traîne pas en longueur, mais c’est l’énoncé miraculeux du premier thème de l’Andante sostenuto, la main gauche venant effleurer à peine le clavier dans l’aigu, qui se révèle bouleversant. Ensuite, l’Allegro vivace con delicatezza et l’Allegro ma non troppo final ne font qu’un, à très vive allure mais sans précipitation, pour un envol radieux et serein.


Zhu Xiao-Mei accorde généreusement trois bis: la Litanie pour le jour des morts (1816) de Schubert dans l’arrangement (1840) de Liszt, puis la Gigue de la Première Partita de Bach, proprement arachnéenne, et l’Adagio de la Trente-huitième Sonate (1773) de Haydn, évident de vérité.



Simon Corley

 

 

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