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Les yeux plus gros que le ventre Geneva Victoria Hall 01/12/2012 - et 13 janvier 2012 Carl Maria von Weber: Obéron: Ouverture
Albert Roussel: Symphonie n° 3, opus 42
Serge Rachmaninov: Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Boris Blacher: Variations sur un thème de Paganini, opus 26 Anna Vinnitskaya (Piano)
Orchestre de la Suisse romande, Marek Janowski (Direction) A. Vinnitskaya (© Gela Megrelidze)
Voici un concert au programme original dont on pouvait beaucoup attendre mais qui se révèle hélas un peu décevant.
Le choix de ces quatre œuvres est intelligent car ces pièces ont en commun une grande subtilité rythmique en dépit de leur différence de style et de couleurs. Enfin, si Weber et Rachmaninov sont régulièrement joués, Roussel et Blacher restent des compositeurs trop rares dans les salles de concert.
Fallait-il cependant faire inscrire à ce concert tant d’œuvres aussi difficiles et aussi dissemblables dans une seule soirée et ce qui plus avant le départ d’une tournée importante qui va mener chef et musiciens en Autriche, Allemagne et en Russie ? On peut en douter tant la première partie semble... peu répétée. Les tutti sont particulièrement confus et bruyants, signe révélateur du manque de familiarité et d’aisance des musiciens. Les tempi très rapides pris par Janowski n’aident pas. Le caractère ludique et moqueur de la Troisième Symphonie de Roussel est absent malgré la qualité des parties de solo de flûte et de trombone du premier mouvement. Voici une pièce qui devrait faire partie du répertoire de base de la musique française mais ce n’est pas cette exécution qui va corriger cette injustice.
La seconde partie du concert est plus réussie. La jeune pianiste Russe Anna Vinnitskaya sait prendre son temps et ne cherche pas, comme tant de ses collègues masculins à imposer un style morbide et agressif à la musique de Rachmaninov. Son toucher est sans dureté et son cantabile est de grande tenue et enfin, elle a le jeu d’octaves qu’il faut avoir pour les variations finales. Les tempi plus naturels permettent à l’orchestre de s’équilibrer avec elle avec soin et on peut profiter des harmonies de l’œuvre qui si elles ne sont pas très modernes restent quand même très agréables et riches.
Les autres Variations Paganini de ce concert sont de Boris Blacher, une œuvre courte concentrée et tendue pleine d’intelligence et de variété. La vitalité de l’orchestration ainsi que la maîtrise de styles très divers est réelle inspirent manifestement les musiciens. Cette fois-ci, l’orchestre est lisible et on peut suivre les subtiles métamorphoses du thème dans les différents passages sans aucun problème. On ne regrette juste que la pièce soit si courte et on aurait envie que les musiciens la reprennent pour mieux l’apprécier ou de pouvoir découvrir d’autres morceaux de ce compositeur.
Les programmes de concert sont saturés des mêmes pièces et il faut cependant donner sa chance et découvrir des chefs-d’œuvre comme ces Variations. Mais le défin’est-il pas de savoir mettre la bonne quantité de réalisme sans sacrifier l’ambition artistique ?
Antoine Leboyer
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