About us / Contact

The Classical Music Network

Versailles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Orfeo minimaliste

Versailles
Opéra royal
01/10/2012 -  et 11* janvier 2012
Claudio Monteverdi : Orfeo

Jean-Sébastien Bou (Orfeo), Jérôme Varnier (Pluton, Un Esprit), Caroline Mutel (La Musique), Hjördis Thébault (La Messagère), Virginie Pochon (Euridice, La Nymphe), Théophile Alexandre (L’Espérance), Jean-Paul Bonnevalle (Un Berger, Un Esprit), Ronan Nédélec (Apollon, Un Berger), Sarah Jouffroy (Proserpine), Lisandro Nesis (Un Berger, Un Esprit), Julien Picard (Un Berger), Geoffroy Buffière (Caron)
Les Nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin (direction musicale)
Caroline Mutel (mise en scène), Adeline Caron (scénographie et costumes), Fabrice Guilbert (lumières)


S. d’Hérin (© Christophe Robert)


Point de rideau ni de fosse. Sébastien d’Hérin et Caroline Mutel ont choisi de faire l’économie de la spatialité habituelle de la représentation lyrique pour cet Orfeo, coproduit par l’ensemble Les Nouveaux Caractères, le Théâtre de la Renaissance d’Oullins et le Théâtre Musical de Besançon. Si l’on excepte les trompettes de la Toccata inaugurale placées devant la première rangée de spectateurs, l’ensemble des instrumentistes est réparti sur les latéralités de la scène, tandis qu’un système de tréteaux, divisé par trois toiles suspendues à des mâts, sur un amas que l’on devine de morceaux de bois concassés, tient lieu d’espace théâtral. Le dispositif permet quelques projections d’ombres sur la toile blanche, évocations de l’en-deçà et de l’aimée absente non dénuée d’une certaine portée poétique, quoique passablement attendue. Les éclairages restent contenus dans un nuancier intimiste, à la portée limitée dans une salle à taille pourtant fort modeste. Quant à la direction d’acteurs, elle se contente d’illustrer statiquement les situations. S’il s’avérait séduisant de confier la régie à la Musique, chantée par Caroline Mutel, la muse mettant en scène, au sens propre, la fable qu’elle introduit dans le Prologue, la réalisation du soprano français souffre de l’excès de littéralité qui affecte certaines productions réalisées par des chanteurs. Au moins a-t-elle le mérite de ne pas aller contre les dispositions physiologiques que l’art lyrique requiert, ne contraignant pas les interprètes à des contorsions théâtrales périlleuses pour la voix.


Hélas, la distribution s’avère assez hétérogène. Si la Messagère de Hjördis Thébault présente un visage suffisamment vocal, avec ce qu’il faut de vibrato pour donner à la performance une épaisseur convenable, nonobstant quelques accents indurés ça et là, la Musique de Caroline Mutel pèche par un manque de rondeur et de chaleur. Aux Enfers, on trouve des consolations: Sarah Jouffroy séduit dans une Proserpine charnue, davantage que le Pluton sommaire de Jérôme Varnier, tandis que le Caron de Geoffroy Buffière manifeste une technique aboutie, alliant couleur idiomatique de timbre et émission bien accrochée. Théophile Alexandre distille ce qu’il faut de projection dans l’Espérance, tandis que Ronan Nédélec retient l’attention de manière anecdotique en Apollon. Les Bergers forment un ensemble convenable et assez bien réparti. Virginie Pochon, Euridice et Nymphe, révèle quant à elle une sapidité qui n’est pas déplaisante.


Mais c’est surtout le rôle-titre, tenu par Jean-Sébastien Bou, qui plonge dans la perplexité. Passons sous silence l’attribution désormais usuelle à un baryton d’une partie initialement dévolue à un ténor doté d’un potentiel dramatique. Le Français, que l’on a pu entendre en Gardefeu dans La Vie parisienne à Lyon fin 2011, semble ignorer les exigences du style madrigalesque. Raideur de l’émission, coloration exagérée d’une voix qui donne l’impression de vouloir rivaliser avec les déités de l’outre-tombe, mélismes heurtant trop souvent le legato de la ligne, la partition souffre convenablement tout au long de la soirée, et nos oreilles avec. Par accoutumance ou résignation peut-être, le supplice s’adoucit cependant au fil de la représentation – le cri de désespoir s’accommode il est vrai davantage de cette déclamation abrupte. On a peine à croire que la voix d’Orphée puisse émouvoir jusqu’aux pierres – plus sûrement sans doute s’attirer leur courroux.


La conception très chambriste de Sébastien d’Hérin réserve de beaux moments, dès l’Ouverture, avec une mise en place précise. Mais, en dépit de la saveur des flûtes et des cordes, de l’écho des solistes successifs avec leurs doubles respectifs en coulisse pendant la séduction du gardien des Enfers, la conduite manque de vigueur et de dynamisme, pour tout dire de relief. La fabula in musica, dont le chef français entendait mettre en évidence l’originalité générique empreinte de dépouillement poétique, rayonne d’un pâle éclat.


Le site des Nouveaux Caractères
Le site de Jérôme Varnier
Le site de Hjördis Thébault



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com