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Jour de fête chez Rossini

Zurich
Opernhaus
12/31/2011 -  et 2, 8*, 11, 15 janvier 2012
Gioachino Rossini: Le Comte Ory
Cecilia Bartoli (La comtesse Adèle), Rebeca Olvera (Isolier), Liliana Nikiteanu (Ragonde), Teresa Sedlmair (Alice), Javier Camarena (Le Comte Ory), Oliver Widmer (Raimbaud), Ugo Guagliardo (Le Gouverneur)
Chor der Oper Zürich, Orchestra La Scintilla an der Oper Zürich, Muhai Tang (direction)
Moshe Leiser, Patrice Caurier (mise en scène)


(© Jef Rabillon)


Zurich célèbre pour une nouvelle année consécutive (voir ici) l’équipe (par ordre alphabétique) Bartoli-Caurier-Leiser-Tang dans une œuvre de Rossini avec cette reprise du Comte Ory, captée pour la télévision et probablement candidate à une sortie en DVD qui sera bientôt suivie de la rareté que représente Otello ou le Maure de Venise du maître de Pesaro.


Il est vrai que Zurich possède une série d’atouts rares pour servir Rossini: la présence des Zurichois Cecilia Bartoli et Muhai Tang, un orchestre sur instruments anciens et surtout une salle aux dimensions humaines qui correspond si bien à des œuvres qui sont quand même défigurées en étant jouées dans des grandes salles, que ce soit le Palais Garnier à Paris ou plus grand encore le Met à New York.


La mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier situe l’œuvre dans la France de l’après-guerre dans l’esprit d’un Jacques Tati: ne voit-on pas dans les chœurs un facteur évoquant le cinéaste dans son Jour de fête? Les croisades ont fait place à la guerre d’Algérie et c’est le portrait du général de Gaulle qui tombe par terre durant la tempête du second acte, la comtesse Adèle arrive en 2CV et lorsque le comte Ory est démasqué au premier acte, on découvre sous ses habits d’ermite un T-shirt célébrant le cannabis qu’il a dû trouver dans un des coffee shops d’Amsterdam. Toutes ces touches de modernisme sont pleines de finesse mais surtout s’intègrent dans un spectacle calé sur la musique et non plaqué comme il faut le déplorer dans de nombreuses mises en scène.


La distribution est de grande qualité. Le rôle de la comtesse Adèle est traditionnellement confié à une soprano colorature et celui d’Isolier à une mezzo. Le choix retenu à Zurich consiste à inverser les styles. Même si Cecilia Bartoli maîtrise une tessiture très large, elle reste quand même une mezzo dont la technique permet de produire un son très concentré avec une maitrise inégalée. L’Isolier de Rebeca Olvera est une voix plus légère de soprano qui se marie naturellement avec les couleurs plus sombres de Bartoli. Le ténor mexicain Javier Camarena a-t-il vraiment conscience de la grande difficulté de sa partie? On peut en douter tant sa maîtrise technique est remarquable. Oliver Widmer n’a peut-être plus les graves de sa jeunesse mais son air du second acte est plein d’abattage. Tous sont enfin à leur aise sur scène, jouant leurs parties au deuxième degré avec plaisir et bonne humeur.


Les chanteurs bénéficient du support exemplaire de l’orchestre. En dépit d’une fosse très ouverte, le choix d’instruments anciens permet d’équilibrer la scène afin qu’aucun chanteur n’ait jamais à forcer. La sonorité acidulée des bois est une merveille et les interventions de la clarinette de Robert Pickup sont particulièrement heureuses. Ancien directeur musical de l’Orchestre de chambre de Zurich mais surtout de l’Opéra national de Finlande, Muhai Tang dirige avec maîtrise et théâtralité, tout en maintenant une vigueur rythmique régulière. Par la qualité de ses phrasés, le délicieux trio Adèle–Isolier–Ory du second acte devient un cousin proche du "Soave sia il vento" de Così fan tutte.


Voici une production qui éclipse sans mal celle présentée à Genève et qui fera date.



Antoine Leboyer

 

 

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