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C’est pas le pied

Paris
Athénée – Théâtre Louis-Jouvet
12/16/2011 -  et 4, 5 (La Rochelle), 8 (Besançon), 25, 26 (Brest), 29 (Saint-Quentin) novembre, 18*, 20, 21, 22, 23, 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2011, 4, 5, 6, 7, 8 (Paris), 15 (Mâcon), 27 (Saint-Louis), 29 (Lons-le-Saunier), 31 (Vevey) janvier, 3 février (Saint-Dizier), 17 (Meudon), 21 (Martigues), 24 (Toulon) octobre, 22 novembre (Massy) 2012, 21, 22 mars (Le Perreux-sur-Marne), 9 (Reims), 12 (Villejuif), 19 (Tremblay-en-France) avril 2013
Claude Terrasse : La Botte secrète (orchestration Thibault Perrine)
Diana Axentii (La princesse), Christophe Crapez (Le prince), Vincent Deliau (M. Edmond), David Ghilardi (Hector), Vincent Vantyghem (L’égoutier), Anne-Lise Faucon, Léticia Giuffredi, Emmanuelle Goizé, Estelle Kaïque, Isabelle Mazin, Lara Neumann, Charlotte Plasse, Camille Slosse, Muriel Souty, Jean-Philippe Catusse, Gilles Favreau, Olivier Hernandez (chant)
Boris Grelier (flûte), François Miquel/Christian Laborie (clarinette, saxophone), Yannick Mariller (basson), Takénori Némoto/Pierre Rémondière/Sébastien Mitterrand (cor), Vincent Mitterrand/André Feydy (trompette), Eriko Minami (percussions), Nicolas Ducloux (piano, chef de chant), Pablo Schatzman/Claire Sottovia (violon), Laurent Camatte (alto), Vérène Westphal/Annabelle Brey/Marlène Rivière (violoncelle), Nicolas Crosse/Simon Drappier (contrebasse), Christophe Grapperon (direction musicale)
Pierre Guillois (mise en scène), Axel Aust (costumes), Christophe Ferey (lumières), Florence Evrard (scénographie), Stéphanie Chêne (chorégraphie)


(© Y. Petit)


Comme chaque année au moment des fêtes, et d’autant plus en ces temps réputés moroses, rendez-vous est pris à l’Athénée avec la nouvelle production des Brigands. Continuant de piocher dans ce répertoire léger de la IIIe République dont des pans entiers sont plus ou moins tombés dans l’oubli, la compagnie a cette fois-ci jeté son dévolu sur La Botte secrète (1903), opéra bouffe de Claude Terrasse (1867-1923), un compositeur connu pour avoir écrit les musiques des différentes pièces du cycle d’Ubu de Jarry et dont elle a déjà présenté le bien gnangnan Chonchette en 2006 et le fort délirant Au temps des croisades en 2009. Le livret en est dû à Franc-Nohain (1872-1934), qui avait déjà à son actif celui des Croisades et qui devait signer, quatre ans plus tard, celui de L’Heure espagnole. Il y a d’ailleurs déjà comme un parfum de la «comédie musicale» de Ravel, avec ce personnage du peuple, égoutier parisien qui, comme le muletier tolédan saura à son tour convaincre de ses mérites l’épouse de l’horloger Torquemada, a mis en émoi la princesse... et laissé la marque de sa botte sur le postérieur de son époux, le prince de Comagène, à la faveur de la confusion entourant le feu d’artifice du Quatorze-Juillet.


Pour évoquer le magasin de chaussures où se déroule l’action, la scénographie de Florence Evrard se déploie astucieusement sur plusieurs niveaux: galerie surélevée figurant le niveau de la rue, qui ne laisse voir que les jambes des passants, boutique sur scène au bas d’un escalier en colimaçon, fosse d’orchestre où s’entassent les boîtes de carton en réserve et d’où surgit l’égoutier. Sans faire référence en quoi que ce soit à la Belle Epoque, les costumes d’Axel Aust campent clairement les personnages, les lumières de Christophe Ferey fonctionnent bien, l’instrumentation de Thibault Perrine, une fois de plus, fait mouche, sous la direction de Christophe Grapperon, et la mise en scène de Pierre Guillois, nouveau venu quant à lui, ne manque pas d’idées, dès l’Ouverture en forme de pantomime, même si elle ne fait pas toujours preuve d’une grande subtilité.


Mais la mayonnaise ne prend pas, tant il est vrai que cette Botte qui aurait dû rester secrète n’a que peu d’atouts à faire valoir: la musique en est quelconque, largement entrecoupée de dialogues poussifs et de situations où l’invraisemblable le dispute à la plate crétinerie ou à la grivoiserie forcée. Ces cinquante-cinq minutes paraissent donc en durer le double, le public ne commençant d’ailleurs à rire de bon cœur que très tardivement, avec le duo «Tout à l’égou...tier». L’absence de certains piliers des Brigands – Loïc Boissier, Gilles Bugeaud, Emmanuelle Goizé – se fait sans doute également aussi sentir: même si les excellentes voix du ténor David Ghilardi et du baryton Vincent Deliau ont déjà été appréciées respectivement dans Les Brigands en 2007 et La Cour du roi Pétaud de Delibes en 2008, Christophe Crapez, toujours aussi à son aise dans le registre bouffe, demeure le seul véritable fidèle. Et si la basse Vincent Vantyghem réussit son entrée dans la troupe, unissant, dans le rôle de l’égoutier, une indéniable présence scénique à une belle qualité de chant, le choix de Diana Axentii confine en revanche à l’erreur de casting: la mezzo moldave, guère compréhensible, ni crédible, ni vocalement satisfaisante, se situe loin du bon souvenir qu’avait laissé son passage à l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris voici cinq ou six ans maintenant.


Bien triste manière de fêter les dix ans de la compagnie, qui conclut par une «revue» destinée à marquer cet anniversaire... et à allonger de trois quarts d’heure la durée du spectacle. La galerie supérieure est désormais entièrement apparente et sept anciens rejoignent les protagonistes de La Botte, soit au total dix girls et sept boys qui, en une sorte de pasticcio, enchaînent quatorze extraits de diverses opérettes reliés par une thématique qui continue à tourner autour de la chaussure et du (grand) magasin et où apparaissent, au détour d’une transition inattendue, quelques commentaires wagnériens au piano. Le montage tient ainsi de l’album de souvenirs, car bon nombre de ces œuvres et compositeurs ont été au programme des Brigands au cours de la dernière décennie: Offenbach en 2002 avec Barbe-Bleue («Ca, maintenant, que l’on s’apprête à retourner dans mon manoir!») et en 2007 avec Les Brigands (le chœur «J’entends un bruit de bottes» s’imposait en effet); Maurice Yvain en 2004 avec Ta bouche («Non, non jamais les hommes») mais aussi Gosse de riche et Yes; Marcel Lattès en 2007 avec Arsène Lupin banquier («Ce sont des choses qui ne se font pas») mais aussi Nelly et Le Diable à Paris; Henri Christiné en 2010 avec Phi-Phi («Bien chapeautée») mais aussi Dédé. Deux autres – et pas des moindres – viennent compléter le tableau: Hervé et sa Cosaque ainsi que Reynaldo Hahn et son délicieux O mon bel inconnu.


La qualité musicale et vocale s’accroît nettement et l’on reste donc sur une note plus entraînante et plus conforme à la réputation des Brigands, mais le millésime 2011 ne restera assurément pas dans les mémoires.


Le site de la compagnie «Les Brigands»



Simon Corley

 

 

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