About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Extraits

Paris
Salle Pleyel
12/16/2011 -  
Serge Prokofiev : L’Amour des trois oranges, Suite, opus 33 bis: «Marche», «Scherzo» et «Le Prince et la Princesse» – Concerto pour violon n° 2, opus 63
Richard Strauss : Don Juan, opus 20
Albert Roussel : Bacchus et Ariane (Suite n° 2), opus 43

Patricia Kopatchinskaja (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Vladimir Ashkenazy (direction)


V. Ashkenazy (© Keith Saunders)


Menant désormais essentiellement une activité de chef, Vladimir Ashkenazy est actuellement directeur musical de l’Orchestre des jeunes de l’Union européenne (depuis 2000) et chef principal et conseiller artistique de l’Orchestre symphonique de Sydney (depuis janvier 2009), mais ces dernières années, c’est avec d’autres formations qu’il s’est produit à Paris: la Philharmonie tchèque, dont il fut le chef principal (1998-2003), en avril 2002, l’Orchestre de chambre d’Europe en décembre 2008 et le Philharmonia, dont il est conductor laureate depuis 2000, en octobre 2010. Il a également dirigé les principales phalanges de la capitale: Orchestre de Paris en mai 2000, National en mars 2006 et Philharmonique de Radio France en décembre 2007. Si sa relation avec les deux premiers s’est avérée sans lendemain, tel n’est pas le cas avec le troisième, dont les musiciens ne dissimuleront pas, au moment des rappels, tout le plaisir qu’ils ont eu à travailler avec lui.


Après plusieurs concerts en tenue de ville sous la direction de Myung-Whun Chung puis d’Alan Gilbert, le Philhar’ a retrouvé ses fracs mais Ashkenazy, pour sa part, toujours aussi vif et hyperactif, n’a évidemment pas renoncé à son inséparable col roulé blanc. Quatre ans après un programme 100% Prokofiev, qui fut l’un de ses répertoires d’élection en tant que pianiste, c’est de nouveau le compositeur russe qu’il met à l’honneur, quoique cette fois-ci seulement en première partie. La Suite que Prokofiev a lui-même tirée en 1925 de son Amour des trois oranges (1921) comporte six morceaux et ne dure qu’un quart d’heure, de telle sorte qu’on voit mal pourquoi n’en retenir que les troisième, quatrième et cinquième. La frustration est d’autant plus grande que ces extraits... d’extraits sonnent fort bien: vigoureuse «Marche», «Scherzo» aérien, «Le Prince et la Princesse» capiteux à souhait.


Janine Jansen, qui avait déjà joué avec Ashkenazy et le National il y a cinq ans, ayant déclaré forfait, c’est Patricia Kopatchinskaja, résidant en Suisse comme le chef islandais, qui la remplace dans le Second Concerto (1935). La violoniste moldave se montre égale à elle-même tant dans son apparence – pieds nus et mal fagotée, avec des déhanchements modérément distingués quand elle marque les syncopes dans le Finale – que, surtout, dans son jeu, qui n’est ni le plus séduisant ni le moins iconoclaste du circuit. Comme de coutume avec elle, son interprétation pourra être qualifiée, selon le goût ou l’humeur, de personnelle ou d’erratique, à l’image de ce phrasé si bizarre du premier thème de l’Allegro moderato ou de cette manière d’exacerber la fragilité de l’inoubliable mélodie qui ouvre l’Andante assai. Assumant le grand écart entre Brahms et Stravinski, elle agace et intrigue à la fois par sa tendance à exagérer mais aussi par son aptitude à mettre brusquement le feu aux poudres. Après son bis favori, le brévissime et déjanté Crin (1997) de Jorge Sánchez-Chiong (né en 1969), elle donne, avec la complicité du premier violon solo invité, Wouter Vossen, l’avant-dernier des Quarante-quatre Duos (1932) de Bartók, dont le titre, «Pizzicato», dit tout.


La seconde partie se raccroche tant bien que mal à ce qui précède, en particulier Don Juan (1888) de Strauss, une œuvre dans laquelle on n’attend d’ailleurs pas nécessairement Ashkenazy mais où son élan juvénile et généreux ainsi que son sens des contrastes et des effets font merveille. Plus instinctive que précise, à la manière d’un Charles Münch, sa direction a un caractère dionysiaque qui ne peut que convenir à Bacchus et Ariane (1930) – l’un des chevaux de bataille du chef français, au demeurant. Malheureusement, comme avec L’Amour des trois oranges, il est difficile de ne pas éprouver une certaine frustration: voilà certes un choix pertinent, qui change un peu de l’inévitable Daphnis et Chloé de Ravel, mais pourquoi se limiter à la Seconde Suite, ce qui n’était pas explicitement annoncé en début de saison? Car si même ces extraits sont devenus assez rares à l’affiche, d’où presque tout Roussel a hélas disparu de nos jours, le ballet intégral n’aurait pas excessivement allongé la durée de la soirée. Cela étant, l’orchestre ne déçoit pas, bien au contraire, plus flamboyant que jamais, d’un brio éblouissant dans «Bacchus danse seul», pas plus que le chef, qui laisse s’épanouir le chant dans l’Introduction – beau solo d’alto de Christophe Gaugué – et dans la «Danse d’Ariane».


Le site de Vladimir Ashkenazy
Le site de Patricia Kopatchinskaja



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com