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Raff ?

Geneva
Victoria Hall
12/07/2011 -  et 8 (Lausanne), 9* (Genève) décembre 2011
Joseph Joachim Raff: Ouverture de concert, opus 123
Serge Prokofiev: Concerto pour violon n° 2, opus 63
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74

Vadim Repim (violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Neeme Järvi (direction)


V. Repin (© Kasskara/DG)


Ce devait être une première pour de nombreux auditeurs de ce concert de découvrir la musique de Joseph Joachim Raff. Le nom de ce compositeur suisse figure pourtant en bonne compagnie sur le fronton du Victoria Hall mais la musique de cet ami de Liszt et Mendelssohn est aujourd’hui oubliée. Il a pourtant composé une œuvre importante : onze symphonies, de très nombreux opéras ainsi que de la musique instrumentale. Un site lui est consacré et souligne que sa musique renferme des trésors mais que ceux-ci sont souvent étouffés à côté de matériaux musicaux de moins grande qualité.


C’est le cas pour cette Ouverture de concert. L’ Allegro non troppo est un peu banal et l’alternance du thème entre bois et cordesmanque d’originalité tandis que l’Allegro ben marcato final pourrait être plus développé. Mais le thème de la partie centrale, Quasi Allegretto a un réel allant qui est digne des pages de Mendelssohn et son orchestration est splendide. C’est une découverte et il faut souhaiter de pouvoir entendre les autres bonnes pages de Raff.


Servir un composteur oublié est une spécialité de Neeme Järvi, et il faut lui faire confiance de ne pas passer à côté d’une telle occasion. Mais son apport ne s’arrête pas à la programmation d’œuvres originales. Son futur orchestre, puisqu’il faut rappeler qu’il va prendre la direction musicale de l’OSR à partir de la saison prochaine, commence d’ores et déjà à se transformer. Les cuivres sont toujours d’une grande solidité mais les cordes sont plus colorées en particulier les violons. Les tempi sont plus mesurés que ceux pratiqués par Janowski et l’ensemble sonore s’avère plus équilibré. C’est finalement paradoxal mais le son que semble chercher Järvi est plus un son traditionnel d’Europe centrale que celui qu’a développé Janowski.


Vadim Repin fait partie des habitués de ces lieux. Le Second Concerto de Prokofiev est une pièce redoutable de difficulté mais le violoniste russe n’en a que faire. Sa maîtrise technique est confondante et ce sans ostentation. Le deuxième mouvement en particulier bénéficie d’un superbe cantabile auquel répond avec soin l’orchestre. S’il fallait cependant faire une légère critique, ce serait de regretter un manque de spontanéité du soliste. Repin a un tel contrôle de son instrument qu’il évoque la remarque qu’avait faite Menuhin dans ses mémoires au sujet de Heifetz lorsqu’il décrit le jeu de son collègue comme travaillé et pensé au millimètre et parfois un peu froid. Le bis très violonistique, Le Carnaval de Venise de Paganini, qu’il donne, accompagné des cordes de l’orchestre en pizzicato lui permet à nouveau de briller.


Y a-t-il un œuvre aussi importante pour les musiciens russes que la Symphonie «Pathétique» de Tchaïkovski ? Il y a fort à prévoir que Järvi et ses musiciens visiteront régulièrement cette pièce et qu’il ne s’agit d’une première rencontre. A ce stade, il faut apprécier à nouveau la qualité du jeu d’ensemble et la sonorité plus équilibrée et confirmer que les musiciens respectent bien plus la dimension de l’œuvre que lors de l’exécution qu’ils en donnaient sous la direction de Michael Schønwandt il y a plus de deux ans. Il se dégage de l’orchestre une réelle qualité formelle et à nouveau un son plus riche. Il faut juste regretter un certain manque de dramatisme, certains passages demandant une présence physique et une impulsion que Järvi ne peut ou ne veut pas donner. Signalons que Järvi ralentit son orchestre au milieu de l’Allegro molto vivace (à lettre Y sur la partition) afin que celui-ci puisse donner le maximum de son suivant ainsi une certaine tradition russe. Enfin, malgré la qualité de l’exécution, le dernier mouvement est un peu trop confortable. Mais on n’appose pas sa marque sur un orchestre en si peu de temps et ce concert ne laisse aucun doute sur le fait que les évolutions de l’OSR vont être fascinantes à constater.



Antoine Leboyer

 

 

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