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La voix de l’intime : Cocteau et Poulenc

Limoges
Opéra-Théâtre
11/29/2011 -  
Francis Poulenc : La Dame de Monte-Carlo – La Voix humaine
Jean Cocteau : Lis ton journal

Stéphanie d’Oustrac (mezzo-soprano), Pascal Jourdain (piano)
Vincent Vittoz (mise en scène), Amélie Kiritzé-Topor (scénographie), Sylvie Ayrault (costumes), Roberto Venturi (lumières)


S. d’Oustrac (© Jean-Philippe Baltel)


Ouvrage unique dans le répertoire, La Voix humaine de Poulenc met en musique la pièce de Cocteau et une soliste féminine, face à l’orchestre et à sa solitude d’amante désavouée. Comme elle est un peu brève pour constituer à elle seule une production, Vincent Vittoz a eu l’idée de la faire précéder de deux textes de Cocteau, La Dame de Monte-Carlo, également mis en musique par Poulenc, suivi de Lis ton journal, monologue adapté du poème Le Bel Indifférent par Cocteau lui-même, le parlé faisant la jointure entre les deux pièces lyriques. L’intention manifeste est de créer ainsi une progression dramatique, des prémices à la rupture par téléphone, dans un format chambriste concentrant ainsi l’attention sur l’unique protagoniste – La Voix humaine a été réduite au piano.


La scénographie d’Amélie Kiritzé-Topor s’articule autour d’un rideau en forme de robe passablement lacérée, donnant sur une salle de séjour. La Dame de Monte-Carlo est jouée dans le corset du vêtement, sous un éclairage blafard, ce qui ne facilite pas la lisibilité du texte, démontrant par l’absurde le lien entre la lumière et l’intelligibilité. Lis ton journal se déroule dans le séjour, et révèle les qualités dramatiques de Stéphanie d’Oustrac. La schizoïdie de l’épouse provoquée par l’indifférence de son mari s’incarne d’une manière prenante, avec un sens remarquable de l’évolution psychologique qui aboutit à la soumission de la femme, sacrifiant son orgueil par amour.


La Voix humaine décrit la désillusion progressive de celle qui croit encore à l’attachement de celui qu’elle surnomme «mon chéri», et qui l’appelle pour la quitter. Arrière-petite-nièce de Poulenc, Stéphanie d’Oustrac se sentait comme prédestinée à ce rôle écrit pour Denise Duval, soprano fétiche du compositeur. Le mezzo français manifeste d’admirables qualités de diction, précise, et à l’incisivité indéniable. Elle en souligne le côté tragique, sensible dans la scène finale et les derniers mots murmurés comme une acceptation de la fatalité. La tessiture un peu haute pour l’interprète la prend parfois en défaut dans des aigus à la brillance contestable. Mais cela n’altère guère la puissance de l’incarnation.


Si l’on peut admirer le travail de Pascal Jourdain au piano, partenaire régulier de Stéphanie d’Oustrac, l’abus de l’amplification acoustique au début de chacune des trois partitions, répétant en boucle quelques bribes obsessionnelles, dans une sorte de mise en miroir – avant La Dame de Monte-Carlo, on entend les dernières paroles de La Voix humaine – rompt sans bonheur l’intimisme du spectacle, au profit d’une sémiologie théâtrale à la légitimité musicale douteuse. Coproduit avec le Théâtre musical de Besançon et l’Athénée, le programme démontre l’audace de l’institution limougeaude, plutôt bien suivie par son public.


Le site de l’Opéra-Théâtre de Limoges
Le site de Stéphanie d’Oustrac



Gilles Charlassier

 

 

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