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Le mage Achúcarro

Bordeaux
Grand-Théâtre
11/25/2011 -  
Johann Sebastian Bach: Toccata, Adagio et Fugue en ut majeur, BWV 564 (arrangement Ferruccio Busoni)
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 30 en mi majeur, opus 109
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales – Gaspard de la nuit

Joaquín Achúcarro (piano)


J. Achúcarro


Après les Jacobins, installés depuis trois décennies dans le cloître toulousain, Piano en Valois, inscrit dans le pays de Marguerite de Navarre il y a maintenant plus de quinze ans, Paul-Arnaud Péjouan, grand promoteur de l’art du clavier, a lancé la saison passée un troisième festival, «urbain», à Bordeaux, complétant ainsi le rayonnement pianistique original du sud-ouest. Pendant une semaine, des lieux étrangers aux circuits musicaux sont investis, à l’instar de l’Amphi 700 de l’Université Bordeaux III mercredi – le grand amphithéâtre de la faculté de lettres – avec un succès remarquable auprès du public estudiantin invité. Avec une résidence au Grand-Théâtre pour cette dernière fin de semaine de novembre, le festival «L’Esprit du piano» trouve son point d’orgue, dans les murs de l’institution emblématique de la capitale girondine.


Succédant à Aldo Ciccolini, Joaquin Achúcarro est la figure tutélaire de cette deuxième édition. Légende du piano espagnol internationalement reconnue, il ouvre ce week-end avec une lecture très personnelle de la transcription par Busoni d’une des célèbres pages pour orgue de Bach. Joaquin Achúcarro, avec un toucher léger et une apparence insouciante instille un exotisme et une lumière méridionale déroutants à la Toccata. L’Adagio, ample et intérieur, exhale une profondeur de sentiment sincère, avant une fugue à la sonorité généreuse et décidée.


Première de la trilogie ultime du corpus pianistique de Beethoven, la Trentième Sonate témoigne des recherches du compositeur. Le Vivace initial est appréhendé avec souplesse afin de faire ressortir le travail sur la texture et la lumière. Pédale tenue pour enchaîner avec le Prestissimo, le pianiste espagnol accentue ainsi le contraste. L’énergie explose littéralement, avec des accents syncopés dans la fureur précipitée des affects. Il n’est point question ici d’élégance classique que l’école viennoise nous a léguée, mais plutôt une inspiration bourrue, n’hésitant pas à bousculer les notes pour en faire jaillir des étincelles inouïes. La pause marquée avant le dernier mouvement à variations souligne la rupture de caractère, apaisé – et de structure. Joaquín Achúcarro utilise les ressources de l’instrument pour exprimer l’élasticité du temps musical.


Un micro à la main, il présente brièvement les Valses nobles et sentimentales de Ravel, compositeur pour lequel il nous fait partager sa prédilection, agrémentant son allocution d’anecdotes sur la réception de l’œuvre. Les huit pièces s’enchaînent avec une fluidité fascinante, dans un esprit cyclique assumé. Ce sont d’ailleurs ces qualités éminentes qui rendent justice à Gaspard de la nuit, inspiré à Ravel par les poèmes d’Aloysius Bertrand, que le pianiste résume à l’auditoire. Les ondulations de la première partie évoquent l’histoire de la nymphe Ondine. L’écriture hypnotique du deuxième mouvement constitue un défi pour l’interprète, qui affronte une rythmicité impitoyable dans le dernier. Joaquín Achúcarro habite la virtuosité extrême de la partition, intentionnelle de la part du compositeur, qui voulait surpasser Islamey de Balakirev. Cet Everest pianistique sonne ce soir aussi comme un voyage dans un univers narratif aux scintillements envoûtants.


Le maître donne en bis le Nocturne pour la main gauche de Scriabine, qui condense avec habileté et poésie la succession de chants et de contrechants. La Danse du feu de Manuel de Falla enflamme ensuite le Grand-Théâtre, portée par des basses souveraines. On se quitte avec la Douzième des Etudes opus 8 de Scriabine, aux réminiscences chopiniennes avouées.


Le site de festival «L’Esprit du piano»
Le site de Joaquín Achúcarro



Gilles Charlassier

 

 

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