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Une fort belle soirée

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/29/2011 -  
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 126
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163

Natalia Gutman (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


N. Gutman (© Beni Kaufmann)


Chaque année, les deux ou trois concerts successifs du Philharmonique de Saint-Pétersbourg constituent l’un des temps forts de la saison symphonique du Théâtre des Champs-Elysées. C’est donc une très belle affluence qui accueille la prestigieuse phalange russe et son directeur musical, Youri Temirkanov, malgré l’impression pour le moins mitigée laissée en janvier dernier par leur dernière visite. Question de répertoire? Toujours est-il qu’au lieu de Schumann et Brahms, c’est cette fois-ci un retour aux «fondamentaux» de l’orchestre, avec une affiche 100% slave.


Un peu court, le premier des deux programmes aurait gagné à débuter par une ouverture, qui aurait ainsi constitué, avant le concerto et la symphonie, le premier volet d’un traditionnel triptyque. Mais les spectateurs sont d’emblée plongée dans le vif du sujet avec le Second Concerto pour violoncelle (1966) de Chostakovitch. Etrange situation que celle de ses six concertos, dont les premiers ont éclipsé les seconds: si cet état de fait peut se défendre s’agissant des concertos pour piano, il est beaucoup moins justifiable en ce qui concerne le violon et le violoncelle. Pour ce dernier, la situation est d’autant plus regrettable que les deux concertos sont, bien entendu, liés l’un et l’autre à Rostropovitch et que, séparés de sept années seulement, ils baignent dans le même climat sombre et sarcastique, avec l’utilisation du même motif de quatre notes figurant les initiales du compositeur. Dans le Second Concerto, ces ingrédients sont toutefois employés de façon à la fois plus radicale et plus développée, et sous l’éclairage d’énigmatiques cliquetis de percussion annonciateurs des deux dernières symphonies. A bientôt soixante-dix ans, l’archet de Natalia Gutman reste solide et son engagement expressif ne passe pas par une surenchère de pathos: elle s’impose davantage par la fidélité au texte et l’intériorité que par la puissance ou par la facilité du gros son. Un refus de toute complaisance qui ne lui aliène pas les faveurs du public, tant s’en faut, même si elle n’accorde finalement pas de bis.


La seconde partie se révèle on ne peut plus contrastée, mais à un même niveau d’excellence. Usant d’une gestuelle toujours aussi personnelle et imagée, Temirkanov dirige une Huitième Symphonie (1889) de Dvorak insolente de jeunesse, grouillant de vie, propulsée par un élan constant, chantant à pleins poumons. Pas de tergiversations, sinon dans un moment de tendresse avant la coda du Finale: tout avance à grands pas, même l’Adagio, sans précipitation excessive mais avec quelques défauts de mise en place et un ralentissement bien crapuleux dans les trois doubles croches en anacrouse du premier thème de l’Allegretto grazioso. Disposé de plain-pied sur la scène de l’avenue Montaigne, l’orchestre fait montre de ses qualités habituelles: sonorité d’ensemble moins lisse que les standards internationaux, cordes solides, bois fruités, cuivres si typiquement éclatants. Le bis – une version quelque peu abrégée de la Deuxième des huit Danses slaves de l’Opus 72 (1886/1887) – apporte une conclusion logique à cette fort belle soirée.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg
Le site de Youri Temirkanov



Simon Corley

 

 

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