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Nostalgies straussiennes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/24/2011 -  
Richard Strauss : Métamorphoses – Le Chevalier à la rose: Trio final – Till Eulenspiegel
Valentina Farcas (Sophie), Cornelia Ptassek (La Maréchale), Andrea Hill (Octavian)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


K. Masur (© Frans Jansen)


Quand tout s’effondre, restent la nostalgie et la création. Tel est le message des Métamorphoses de Strauss, bouleversé par l’apocalypse, par la destruction de ces opéras allemands où ses œuvres furent créées et jouées, par celle de la maison de Goethe à Weimar. Comme il est émouvant de voir cette « Etude pour vingt-trois cordes solistes » dirigée de main de maître par un Kurt Masur physiquement affaibli, symbole lui aussi de la culture allemande, à peine plus âgé que le musicien composant son adieu. Ce n’est pourtant pas une vision noire et désespérée qu’il nous offre à la tête de cordes d’une très belle homogénéité même si elles ne sont ni celles de Vienne ni celles de Berlin : pas de pathos dans sa direction, une grande limpidité, un riche éventail de nuances, plus de clairs-obscurs que de ténèbres, comme une aspiration à la lumière, comme un refus du néant, comme un retour, parfois, aux clartés antiques d’Ariane ou de Daphné.


Nostalgie encore dans cet itinéraire parcouru à rebours, jusqu’aux facéties insolentes de l’Espiègle ? Le chef allemand, en tout cas, n’a pas voulu brûler les étapes, repassant par l’étape essentielle du Chevalier à la rose. Fausse bonne idée quand même : le Trio final de l’opéra, détaché de tout, perd de son sens et de son charme. Il valait mieux donner une des Suites de valses, qui peuvent se suffire à elles-mêmes. Sans compter qu’imposer à la Maréchale de commencer sur « Hab’ mir’s gelobt » est assez cruel... Cornelia Ptassek a d’ailleurs le timbre trop sec et chante trop droit. Andrea Hill et Valentina Farcas séduisent davantage, notamment dans les pianissimi de la fin. L’orchestre s’avère un peu laborieux, surtout quand il accompagne, pas très viennois d’esprit – Masur ne l’a jamais été non plus...


On remonte la pente straussienne avec un Till Eulenspiegel dont la virtuosité ne prend jamais le National en défaut. Bien qu’il soit difficile, sinon impossible, d’écouter quoi que ce soit, même de Strauss, après la fin du Chevalier, le fil se tisse avec le reste du programme. Masur, en effet, prend son temps, tient ses musiciens, construit son Till, plus souriant que grimaçant, comme si Strauss, avant de nous tirer sa révérence, revenait nostalgiquement sur ses audaces de jeunesse. Une interprétation qui justifie, du coup, cette remontée dans le temps dont on avait tout à craindre – et la reprise, en bis, de la coda.



Didier van Moere

 

 

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