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Un Enlèvement à la 007

Geneva
Grand Théâtre
11/16/2011 -  et 18, 20, 22, 25, 27 novembre 2011
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Entführung aus dem Serail, K. 384
Laura Claycomb (Konstanze), Daniel Behle (Belmonte), Peter Rose (Osmin), Rachele Gilmore*/Joanna Mongiardo (Blonde), Norbert Ernst (Pedrillo), Peter Nikolaus Kante (Selim)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Darlington (direction musicale)
Mira Bartov (mise en scène), Gunnar Ekman (décors), Kajsa Larsson (costumes), Kristin Bredal (lumières)


(© GTG/Vincent Lepresle)


Un immense mur gris sur lequel atterrit un homme en combinaison noire, descendu des cintres en parachute. Au lever de rideau, un vague sentiment d’inquiétude envahit le public du Grand Théâtre: quelle transposition ou relecture radicale servira-t-on ce soir à la place de la turquerie imaginée par Mozart? Fort heureusement, la crainte fait rapidement place aux sourires, et même aux rires sonores lorsque l’intrépide parachutiste enlève sa combinaison pour dévoiler un smoking impeccable, fleur rouge à la boutonnière, pistolet muni d’un silencieux au bras. D'un revers de la main ou d'un coup pied, le héros n'hésite pas à se défaire de gardes à la mine patibulaire et armés jusqu'aux dents. Chacun comprend alors que Belmonte est ici James Bond venu délivrer des girls, jeunes et belles comme il se doit, retenues prisonnières par un méchant d’un pays exotique. A défaut d’un concept clair et cohérent, Mira Bartov livre plutôt une succession de gags, renforcés par toute une série de références cinématographiques et de gadgets dernier cri, de l’hélicoptère à la villa ultra design, en passant par moult caméras, minuteries d'explosifs, bouteilles de champagne, sans oublier un aileron de requin, le tout sur fond de chorégraphies avec arts martiaux. A l'instar de sa précédente production genevoise, Alice in Wonderland en juin de l'année dernière, le spectacle concocté par la Suédoise dégage un humour certain, décalé et déjanté, et de fait la majorité des spectateurs s’amusent beaucoup, quoique nettement moins pour certains. Le soir de la première, les rangées de sièges se sont clairsemées à l’entracte, mais tous ceux qui sont restés jusqu'au bout n'ont pas ménagé leurs applaudissements à l'équipe de mise en scène.


La distribution vocale réunie sur le plateau du Grand Théâtre est parfaitement homogène et de fort belle tenue. Elle est vaillamment emmenée par le Belmonte de Daniel Behle, James Bond plus flegmatique que nature, la révélation de la soirée, belle voix claire et svelte, parfaitement à l’aise sur toute la tessiture. Un ténor mozartien à suivre de près. Norbert Ernst dévoile en Pedrillo un véritable talent comique, allié à un style et une technique sûrs. L'Osmin de Peter Rose est une caricature du méchant, dont la basse profonde participe largement à la caractérisation du rôle. Après les forfaits successifs d'Olga Peretyatko et de Teodora Gheorghiu, Rachele Gilmore, qui n'est censée chanter que le soir de la première, fait beaucoup plus que simplement sauver la représentation en incarnant une Blonde exquise, espiègle et mutine à souhait, même si la voix trahit des incertitudes. Son personnage de jeune femme émancipée qui tente de s'affranchir des conventions est celui qui a le plus de consistance. Par comparaison, la Konstanze de Laura Claycomb fait pâle figure, tant en raison des contours flous de son incarnation que sur le plan vocal, où, du fait d'une projection limitée, elle peine à se faire entendre. On relèvera également le Selim racé et grand seigneur de Peter Nikolaus Kante, à la diction irréprochable. Dommage simplement que, pour une production dans laquelle l'humour règne en maître sur le plateau, la musique qui nous parvient de la fosse semble austère et martiale, sans le pétillement propre à Mozart.



Claudio Poloni

 

 

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