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A hauteur d’homme

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/14/2011 -  et 12 (Ljubljana), 13 (Grenoble), 15 (Bruxelles), 16 (Brugge) novembre 2011
Ludwig van Beethoven : Missa Solemnis en ré majeur, opus 123

Marlis Petersen (soprano), Gerhild Romberger (alto), Benjamin Hulett (ténor), David Wilson-Johnson (basse)
Collegium vocale Gent, Accademia musicale Chigiana Siena, Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)


P. Herreweghe (© Michel Garnier)


Alors que le Théâtre des Champs-Elysées vient à peine de rouvrir ses portes après quelques mois de travaux qui ont permis un profond aménagement du plateau et des dessous de scène (après une première phase, en juillet 2010, qui avait vu un élargissement de la fosse d’orchestre), voici un retour attendu: l’Orchestre des Champs-Elysées est de nouveau présent avenue Montaigne.


Fondé voilà vingt ans par Philippe Herreweghe, qui souhaitait ainsi se frotter à d’autres répertoires que celui de la musique baroque ou de la Renaissance qu’il explorait avec la Chapelle royale, l’Orchestre des Champs-Elysées a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesse dans le répertoire romantique et postromantique, passant sans difficulté de Beethoven à Mahler sans oublier Berlioz ou Bruckner. Malheureusement trop peu présent dans la capitale, on avait tout de même eu l’occasion de l’entendre en avril dernier dans un beau programme consacré à Schumann et Mendelssohn sous la direction de Philippe Herreweghe et, quelque temps auparavant, sous celle de son premier violon solo, Alessandro Moccia, dans un programme plus classique consacré à Haydn et Mozart. Ce soir, en guise de cadeau d’anniversaire, c’était au tour de la Missa Solemnis (1818-1822) de Ludwig van Beethoven (1770-1827) d’être donnée en attendant de retrouver chef et orchestre pour les trois dernières symphonies de Mozart, à l’Opéra royal du Château de Versailles au début du mois d’avril 2012.


Herreweghe connaît parfaitement cette œuvre qu’il a d’ailleurs magistralement enregistrée, en concert les 20 et 21 février 1995, avec ce même orchestre pour Harmonia mundi. L’approche du chef, quinze ans après, n’a pas fondamentalement changé: des attaques incisives, un tempo plutôt allant, une volonté d’aller à l’essentiel qui tourne le dos aux interprétations plus romantiques qui, à l’instar de celle qu’a donnée Sir Colin Davis voici trois mois, sont déjà tournées vers Dieu alors que celle d’Herreweghe se veut plus humaine, plus humble peut-être, plus directe dans son rapport avec le religieux. Globalement, l’Orchestre des Champs-Elysées a donné une belle interprétation de la Missa Solemnis même si on l’a connu en meilleure forme. Dans le redoutable solo de violon du «Benedictus», Alessandro Moccia a été excellent, notamment dans les aigus, ses médiums trahissant parfois quelques problèmes de justesse. Nicola Boud à la clarinette, Marie-Ange Petit aux timbales ainsi que le pupitre de trombones ont été remarquables, éclipsant de fait trompettes et cors qui auront singulièrement manqué de volume tout au long du concert. On peut d’ailleurs être un tant soit peu décontenancé en écoutant cet orchestre car, avec moins de quarante cordes, il a souvent eu tendance à sonner de façon très sèche mais, finalement, tel est le sort et l’intérêt des interprétations sur instruments d’époque.


Car l’approche de Philippe Herreweghe, encore une fois, tourne le dos à un certain confort sonore mais aussi intellectuel. Point de pompe ni d’emphase ici: on ne contemple pas Dieu, on ne le révère pas, on dialogue avec lui. Cela explique par exemple que le «Credo» soit attaqué de façon relativement précipitée mais, en tant que fidèle, pourquoi ne serait-on pas empressé de clamer haut et fort à l’adresse de tout un chacun que «Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ»? Cette vision de la Missa Solemnis, très réfléchie de la part d’un chef qui ne prend pas d’option à la légère, s’avère finalement très convaincante. Elle l’est d’autant plus que, paradoxe pour un concert qui veut fêter l’anniversaire d’un orchestre, les chœurs du Collegium vocale de Gand et de l’Accademia Chigiana Siena ont été superbes, éclipsant sans difficulté le côté strictement instrumental de l’œuvre. Dès le «Kyrie», les voix emplissent le théâtre avec une surprenante beauté qui perdurera jusqu’à la fin, notamment dans un superbe «Dona nobis pacem», Herreweghe magnifiant chaque transition avec un soin admirable. On sera davantage déçu par le quatuor de solistes, dominés par la très belle prestation de Marlis Petersen et du ténor Benjamin Hulett (son entrée dans le «Gloria» a été magique). En revanche, Gerhild Romberger aura été moyenne, avec une tendance à trop souvent prendre ses notes par en-dessous, la basse David Wilson-Johnson (qui remplaçait Simon Kirkbride initialement prévu) peinant pour sa part à convaincre, notamment dans le si beau «Agnus Dei».


La Missa Solemnis devrait prochainement faire l’objet d’un enregistrement pour le label Phi, récemment créé par Philippe Herreweghe: nul doute que chacun pourra ainsi se faire son idée sur la manière dont il faut entendre cette œuvre. Nul doute aussi que, dans une approche qui se veut authentique, celle du chef flamand est actuellement une des plus convaincantes qui soit.


Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées
Le site du Collegium vocale de Gand
Le site de Marlis Petersen
Le site de David Wilson-Johnson



Sébastien Gauthier

 

 

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