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Too much

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Victoria Hall
11/04/2011 -  
George Gershwin: Ouverture cubaine – Rhapsody in Blue – Variations sur “I got rhythm”
Maurice Ravel: Valses Nobles et sentimentales – La Valse

Fazil Say (piano)
Orchestre de la Suisse romande, Kazuki Yamada (direction)


F. Say


Chaque année, l’Association des amis de l’OSR organise un concert exceptionnel pour ses membres. Le contraste ne pourrait être plus grand entre le programme de l’an dernier consacré à un récital d’une grande distinction, Anja Harteros accompagnée par Marek Janowski, et celui confié au jeune chef Japonais Kazuki Yamada, et avec en vedette le pianiste-compositeur turc Fazil Say.


La réputation du Japonais Kazuki Yamada, premier chef invité de l’orchestre depuis un remplacement de dernière minute qui l’a lancé sur la place genevoise avec fracas, est mérité. Sous sa baguette, l’orchestre sonne avec beaucoup de brillance et d’assurance. Il fait sonner ses cuivres un peu fort dans les fortissimos de l’Ouverture cubaine de Gershwin, il est finalement bien en ligne avec les ensembles que le compositeur américain avait en tête. Si, il y a deux ans, un spécialiste de la musique espagnole comme Josep Pons n’arrivait pas à débrider les austères musiciens de la ville de Calvin, Yamada par sa présence séduit, s’impose et il fait swinger autant que faire se peut les musiciens.


Il faut hélas changer de dimension avec l’arrivée de Fazil Say. Comment décrire le jeu d’un musicien dont les maniérismes, les contorsions et mimiques font regretter la sobriété exemplaire dont fait preuve un Lang Lang, pianiste qui lui au moins possède une qualité de toucher incomparable. Il n’y a pas de mal à prendre une certaine liberté de ton dans une pièce directement influencée par le jazz comme la Rhapsody in Blue, mais dans le cas de Say, il n’y a pas deux mesures dans le même tempo et surtout la ligne mélodique est complétement brisée. Où est la pulsation rythmique si essentielle au jazz et à Gershwin, ne faut-il voir dans le déluge de décibels de l’orchestre que le simple fait que le chef cherche à masquer qu’un tel soliste aussi capricieux est impossible à accompagner ? Il y a plus de régularité dans les Variations sur “I got rhythm”, mais que de dureté et quel manque de couleur dans cette œuvre aussi délicate !


Enthousiasmé par sa vélocité et ses mimiques, Say donne en bis des variations bien aguichantes sur Summertime dont le thème si mélodique est terriblement alangui puis sa propre œuvre Black Earth, d’une grande vacuité. L’OSR nous a jusqu’alors habitués à des pianistes d’un autre acabit, comme Nikolaï Lugansky, Alexandre Tharaud et Kit Armstrong. On ne peut que souhaiter revoir des artistes de ce niveau et de cette probité.


La seconde partie nous permet de retrouver l’orchestre dans le répertoire français dont il faut rappeler à quel point c’est le sien. Yamada construit avec autorité la ligne musicale. La sonorité est belle et ses musiciens, en particulier les bois, le suivent avec un réel plaisir. Peut-être ne manque-t-il encore à ce jeune chef d’une trentaine d’années de prendre quelques risques et de tenter des rubatos un peu plus viennois mais voici un Ravel qui a défaut de sentimentalisme fait preuve de beaucoup de noblesse.



Antoine Leboyer

 

 

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