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Austère jeunesse

Toulouse
Cloître des Jacobins
09/09/2011 -  
Johann Sebastian Bach : Partita n°2 en ut mineur, BWV 826 – Prélude et Fugue en ut mineur, BWV 546 – Prélude et Fugue en ut majeur, BWV 547 (arrangements Franz Liszt)
Franz Schubert : Trois Klavierstücke, D 946
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 118

David Theodor Schmidt (piano)


D. T. Schmidt (© Felix Broede)


La promotion de jeunes artistes encore méconnus des grands circuits francophones constitue l’un des piliers de «Piano aux Jacobins». Ainsi, plus de la moitié des interprètes invités lors de la présente édition viennent pour la première fois, encore inconnus du public. David Theodor Schmidt (né en 1982) propose ce soir une collection de recueils de pages brèves, résistant à la tentation de la gourmandise pour les pages amples qui tenaille les jeunes pianistes avides de se mesurer aux sommets de la littérature.


Souvent sollicitée, la Deuxième Partita de Bach s’ouvre sur une «Sinfonia» grave. Le ton est donné. Le musicien germanique fait résonner le Steinway avec une réserve rigoureuse: en refusant d’enchaîner les pièces, il fait apparaître chacune comme une miniature concentrant l’art du contrepoint du Cantor de Leipzig. L’élégance du résultat obtenu est à peine entachée par le piège de la générosité de l’instrument. Le «Capriccio» gagnerait en clarté en modérant l’intériorité et la méfiance à l’égard d’une éventuelle métallicité.


Les ultimes Klavierstücke de Schubert sont redevables de Brahms, qui les fit éditer en 1868, sensible à leur lyrisme automnal. L’Allegro assai s’ouvre sur un motif haletant avant de laisser s’épanouir une section centrale introspective, vers laquelle le moelleux du toucher porte l’accent. L’Allegretto sied bien à cette sensibilité retenue, à l’angoisse prudente, ainsi que les modulations l’attestent. On pourrait aimer moins de sévérité, et une meilleure gradation de l’affect. L’Allegro final, à l’expression franche, revient à une forme plus condensée.


David Theodor Schmidt retrouve dans les transcriptions pour piano par Liszt des polyphonies organistiques de Bach un terrain qui lui convient idéalement. La concentration du jeu soutient ces cathédrales sonores redimensionnées au format de l’instrument-roi de l’âge romantique – elles ont plus tard été confiées à maintes adaptations orchestrales avec une fortune diverse. La constance de la tension équilibre l’intérêt tout au long de ces vastes partitions, où domine la sévérité dans la BWV 546 et la célébration de la création divine dans la BWV 547.


La soirée s’achève sur les Klavierstücke opus 118 de Brahms. On devine un goût pour la symétrie dans l’ordonnancement de ce programme. Cette rigueur qui galbe chacun des morceaux manque cependant la nature cyclique du recueil – de même qu’elle pénalise la continuité du souffle chez Schubert. Une telle bibelotisation de ce crépuscule d’une œuvre installe une certaine distance, pour ne pas parler de froideur, qui n’est pas nécessairement ce que ces intermezzi attendent – l’opus en compte quatre, auxquels viennent s’ajouter une ballade et une romance. On ne saurait nier pour autant que chacune des pièces trouve la caractérisation qui lui revient, robustesse ou mélancolie. Les bis renouent avec le saint patron que Schmidt sert le plus fidèlement, Johann Sebastian Bach, avec une sarabande et enfin un choral.


Le site de David Theodor Schmidt



Gilles Charlassier

 

 

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