About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Adagietto de rêve

Paris
Salle Pleyel
09/18/2011 -  
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1, opus 26
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

Vadim Repin (violon)
Orchestre philharmonique d’Israël, Zubin Mehta (direction)


Z. Mehta (© Victor Cucart)


Après sa désastreuse visite à la tête de l’Orchestre du Mai musical florentin en janvier, Zubin Mehta est de retour à Paris, avec une formation à laquelle il se sent sans doute encore plus attaché, l’Orchestre philharmonique d’Israël, dont il est le directeur musical à vie depuis trente ans, après en avoir été le conseiller musical (1968) puis le directeur musical (1977). Comme le chef indien (né en 1936), l’ensemble fondé sous les auspices de Huberman et Toscanini fête en 2011 ses trois quarts de siècle d’existence et cela faisait quatre ans qu’il n’était pas venu dans la capitale, tirant cette fois-ci parti d’un marathon à travers l’Europe, qui, en vingt-neuf jours (du 28 août au 25 septembre), lui fait traverser dix pays (Italie, Autriche, Angleterre, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, France, Roumanie, Espagne) et donner vingt-et-un concerts dans dix-huit villes.


Marquée par la présence d’agents de sécurité plus nombreux et visibles qu’à l’accoutumée et saluée par une belle affluence (malgré un tarif identique à celui du Philharmonique de Berlin), l’étape parisienne se sera révélée nettement plus calme que la soirée aux Proms, le 1er septembre, perturbée, à l’extérieur comme à l’intérieur du Royal Albert Hall, par diverses manifestations pro-palestiniennes, qui ont interrompu à plusieurs reprises le déroulement normal du concert et ont même conduit la BBC à mettre fin à sa radiodiffusion en direct. Le Premier Concerto (1867) de Bruch était également au programme à Londres, avec Gil Shaham en soliste, mais à Pleyel, c’est Vadim Repin qui s’associe à l’orchestre, avec lequel il s’est produit la semaine passée à Lucerne dans le Concerto de Tchaïkovski. S’il paraît un peu en retrait par rapport au niveau technique, il est vrai exceptionnel, qui le caractérisait, notamment du point de vue de la justesse, le violoniste russe, qui vient d’aborder la quarantaine, se montre plus extraverti, à l’unisson d’un Zubin Mehta qui, dirigeant par cœur, ne fait pas dans la dentelle: passion et tendresse, son large et puissant, ce romantisme au premier degré dispense une bienfaisante chaleur.


Repin, qui reviendra en sextuor à cordes à Pleyel dès le 17 novembre, puis dans le Concerto de MacMillan le 25 avril Théâtre des Champs-Elysées et, de nouveau à Pleyel, dans le Troisième de Saint-Saëns à l’Orchestre de Paris les 27 et 28 juin, offre l’un de ses bis favoris, Le Carnaval de Venise (1829) de Paganini, où, sur fond de mouvement perpétuel des cordes en pizzicato, il procède à l’inventaire des difficultés les plus spectaculaires de l’instrument.


La seconde partie compense largement la brièveté de la première, puisqu’elle est consacrée à la Cinquième Symphonie (1902) de Mahler: si elle n’est certes pas précédée, comme elle le sera à Bucarest, par l’Ouverture de concert d’Enesco et par le Second concerto pour piano de Brahms (!), le programme demeure donc fort généreux. Mahler et Mehta, c’est une longue histoire (depuis une Deuxième viennoise qui fait encore figure de référence trente-cinq ans plus tard), en compagnie de divers orchestres, notamment le Philharmonique d’Israël, avec lequel, en près de quarante ans, il n’a pas (encore) laissé d’intégrale au disque, mais néanmoins gravé les sept premières (et même deux fois la Première ainsi que la Deuxième). Dans les dernières années, c’est en outre avec l’Orchestre d’Etat de Bavière qu’il a enregistré (en public), à ce jour, deux symphonies, la Troisième, et, précisément, la Cinquième (Farao). Sans démériter, ces versions manquaient d’engagement et de pugnacité, qualités que Mehta, chef talentueux se laissant néanmoins trop souvent aller à la routine, ne semble pas avoir retrouvées pour son concert parisien.


Au moins son interprétation reste-t-elle généralement sobre, malgré quelques petits ralentis théâtraux ou passages excessivement soulignés, et respectueuse de la partition – il marque d’ailleurs bien la construction de l’œuvre en trois parties en enchaînant attaca, comme il se doit, les deux premiers et les deux derniers mouvements. Ne parvenant pas toujours à maintenir la tension, il réserve néanmoins d’excellentes surprises, en particulier dans un Adagietto de rêve, qui confirme à quel point cette musique gagne à ne pas être trop alanguie. Il est vrai que le tapis de cordes – près de soixante-dix musiciens – n’a rien à envier aux meilleures formations de la planète, au sein d’un orchestre à la sonorité compacte, parfois un peu imprécis dans la mise en place mais dépourvu de faiblesse majeure et pouvant même faire valoir de belles individualités, comme le cor de James Madison Cox et la trompette de Yigal Meltzer.


Le site de l’Orchestre philharmonique d’Israël
Le site de Zubin Mehta
Le site de Vadim Repin



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com