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Retour d’une ancienne Salomé

Paris
Opéra Bastille
09/08/2011 -  et 11*, 14, 17, 20, 23, 26, 30 septembre 2011
Richard Strauss : Salome, opus 54

Angela Denoke (Salome), Stig Andersen (Herodes), Doris Soffel (Herodias), Juha Uusitalo (Jochanaan), Stanislas de Barbeyrac (Narraboth), Isabelle Druet (Page der Herodias), Dietmar Kerschbaum (Erster Jude), Eric Huchet (Zweiter Jude), François Piolino (Dritter Jude), Andreas Jäggi (Vierter Jude), Antoine Garcin (Fünfter Jude), Scott Wilde (Erster Nazarener), Damien Pass (Zweiter Nazarener), Gregory Reinhart (Erster Soldat), Ugo Rabec (Zweiter Soldat), Thomas Dear (Ein Cappadocier), Grzegorz Staskiewicz (Ein Sklave)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Pinchas Steinberg (direction)
André Engel (mise en scène), Nicky Rieti (décors), Elizabeth Neumüller (costumes), André Diot (lumières), Dominique Muller (dramaturgie), Françoise Grès (chorégraphie)


(© Opéra national de Paris/Elisa Haberer)


Le Barbier de Séville, Cavalleria rusticana et son inséparable Paillasse, La Dame de pique, Don Giovanni, Faust, La Force du destin, Lulu, Manon, Pelléas et Mélisande, Rigoletto, Tannhäuser, La Veuve joyeuse: ce n’est pas le sommaire d’un nouveau guide des plus grands ouvrages du répertoire lyrique, mais le programme de la nouvelle saison de l’Opéra national de Paris. Pas de Mireille, pas de Francesca da Rimini, pas de Mathis le peintre, pas de Ville morte cette année: dans cette succession de piliers du répertoire, et si l’on excepte évidemment la création (scénique) de La Cerisaie de Philippe Fénelon, ce sont La Clémence de Titus, La Cenerentola, Arabella, Hippolyte et Aricie et L’Amour des trois oranges qui finissent – tout est relatif – par faire figure de raretés. Mais ceux qui ce retour aux «fondamentaux» laisserait sur leur faim pourront se consoler avec des distributions aux petits oignons, comme Nicolas Joel, dans la troisième année de son mandat, sait les mitonner, portées notamment par Roberto Alagna, Natalie Dessay, Renée Fleming et Klaus Florian Vogt.


Comme de coutume, la rentrée se fait sur deux reprises: à Garnier, neuf représentations de La Clémence de Titus de Mozart et, à Bastille, huit de Salomé (1905) de Strauss. Pour l’un comme pour l’autre de ces opéras, ce ne sont pas leurs productions les plus récentes qui ont été choisies – respectivement celle des époux Herrmann (2005) et celle de Lev Dodin (2003), illustrée par Karita Mattila puis Catherine Naglestad (2006) et Camilla Nylund (2009) – mais des spectacles plus anciens: La Clémence de Willy Decker (1997), déjà revenue en 1999 et en 2001, et la Salomé d’André Engel, créée en 1994.


Le décor chargé de Nicky Rieti et les costumes à l’avenant d’Elizabeth Neumüller évoquent l’Orient dans la peinture française de la seconde partie du XIXe siècle, au prisme de l’académisme de Jean-Léon Gérôme et du symbolisme de Gustave Moreau: salle haute et opulente d’un palais que les lumières d’André Diot maintiennent dans la pénombre, hormis, sans grande surprise, les lueurs émanant du cachot du prophète et le rayon de lune final qui éclaire toute la scène. Mais la mise en scène tire plutôt vers le naturalisme, tempête de sable comprise, ne rechignant pas à l’humour ou même, avec Hérode et Hérodiade, à la scène de ménage. Après des Salomé revues par les grilles de lecture les plus diverses – expressionnisme, psychanalyse, décadence, modernité, conflit proche-oriental, ... – en voilà au moins une qui a le mérite d’être reposante, suivant à peu près fidèlement le livret, même si la «Danse des sept voiles» est réduite à un tête-à-tête assez peu chorégraphique avec Hérode, et flattant l’œil, tant certaines images s’apparentent à de véritables tableaux.


Pour autant, les protagonistes ne sont nullement figés, Engel apportant son soin coutumier à la direction d’acteurs. A bientôt cinquante ans, Angela Denoke demeure ainsi crédible en Salomé dotée d’un fort caractère, à la fois fraîche et délurée, capricieuse et autoritaire; vocalement, les choses sont plus compliquées, comme toujours avec la soprano allemande: la précision des aigus et la puissance ne sont pas celles des grandes titulaires du rôle, mais l’implication est entière et constante, et elle fait souvent preuve d’une chaleur et d’un velouté qu’on ne lui a pas toujours connus. Juha Uusitalo ne paraît pas plus à son avantage que dans Siegfried la saison passée: la voix porte, mais manque d’épaisseur et reste mate et creuse, sans compter que les notes semblent parfois bien approximatives. Comme souvent, le couple formé par Hérode et Hérodiade réussit à des chanteurs pourvus d’un fort tempérament et bien c’est le cas de Stig Andersen, exemplaire car il ne néglige pas la qualité du chant, et de Doris Soffel, qui cède à la facilité de faire de son personnage une harpie hystérique – mais avec quel aplomb! Frais émoulu de l’Atelier lyrique, Stanislas de Barbeyrac est un Narraboth au timbre agréable, plus lyrique qu’héroïque. Bénéficiant toujours quant à lui de la formation à l’Atelier, Damien Pass, l’un des deux Nazaréens, parvient à sortir du rang malgré la brièveté de ses interventions. En page d’Hérodiade, la mezzo Isabelle Druet, deuxième prix au concours Reine Elisabeth en 2008, ne rate pas ses débuts à l’Opéra de Paris.


Sous la baguette de Pinchas Steinberg, l’orchestre se fait plus analytique et transparent que vénéneux. On ne pourra pas reprocher au chef israélien d’en faire trop, car voilà une musique qui doit certes saisir l’auditeur et ne plus le lâcher, tout en ne se contentant pas de décibels et d’effets de manche. Mais la tension peine à s’installer, notamment dans les trois premières scènes: il faut donc attendre assez longtemps pour sentir la température monter, et encore ne se maintient-elle pas toujours. Peut-être parviendra-t-il au fil des soirées à insuffler un sens dramatique plus prononcé à des musiciens par ailleurs à la hauteur de leur réputation d’excellence, tel le hautboïste Jacques Tys dans la «Danse des sept voiles».


Le site de l’Opéra national de Paris
Le site de Pinchas Steinberg
Le site de Juha Uusitalo
Le site de Damien Pass



Simon Corley

 

 

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