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Le XVIIIe de Perahia

Paris
Salle Pleyel
09/08/2011 -  et 6 septembre 2011 (Amsterdam)
Georg Friedrich Händel : Alcina, HWV 34: Suite
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 27, K. 595
Johann Sebastian Bach : Concerto pour clavier n° 5, BWV 1056
Joseph Haydn : Symphonie n° 101 «The Clock»

Academy of St Martin in the Fields, Kenneth Sillito (premier violon), Murray Perahia (piano et direction)


M. Perahia (© Felix Broede)


Le violoniste Joshua Bell vient tout juste de débuter son contrat de trois ans aux fonctions de directeur musical de l’Académie de St. Martin in the Fields, où il a succédé au fondateur, Neville Marriner (87 ans), désormais «président à vie». Mais, comme en mai 2005, mai 2007 et novembre 2009, c’est avec Murray Perahia, qui en est le premier chef invité depuis 2000, que l’ensemble londonien se produit à Pleyel, dans le cadre d’une tournée européenne qui, du 27 août au 10 septembre, s’arrête dans neuf villes et passe par six pays (Royaume-Uni, Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Roumanie). Comme les deux concerts donnés il y a deux ans, l’unique étape parisienne est intégralement dédiée au XVIIIe siècle, selon un déroulement identique à celui du premier des deux programmes de 2009: une «ouverture» baroque, un concerto pour clavier de Bach, un concerto pour piano de Mozart et une symphonie de Haydn.


C’est le fidèle Kenneth Sillito, directeur artistique de l’ensemble depuis 1980, qui, de sa chaise de concertmaster, fait d’abord fonction de chef pour une suite d’extraits d’Alcina (1735) – non pas la seule Ouverture, comme indiqué dans le feuillet distribué au public, mais également une série de danses tirées de l’opéra de Händel, soit près de vingt minutes de musique: du baroque «à l’ancienne», bien sûr, mais pas totalement, avec quelques concessions au goût du jour, point trop pesant et faisant valoir la belle cohésion des vingt-quatre cordes ainsi que la bonne santé des bois.


Dos à la salle, au milieu des musiciens, Murray Perahia ne surprend pas dans le Vingt-septième Concerto (1791) de Mozart: jamais une note au-dessus de l’autre avec le pianiste américain, inattaquable et consensuel, avec son jeu qui sait se faire délicieusement perlé, juste ce qu’il faut. Pas d’excès, comme de coutume chez lui, mais pas de pusillanimité non plus: son respect de l’œuvre n’est nullement figé, à l’image d’un Larghetto où il ornemente volontiers et entretient un dialogue fructueux avec les vents. Parmi les pianistes qui jouent et dirigent Mozart, il est certes loisible de préférer l’esprit créatif et pionnier d’un Christian Zacharias, par exemple, mais Perahia n’a pas son pareil pour donner l’impression que tout est simple et coule de source.


Après l’entracte, retour au baroque avec le Concerto en fa mineur de Bach. Retour au baroque? Voire, car c’est ici un Bach souple et fluide, délibérément romantique, plein de caractère, jusque dans un vigoureux Allegro final, rondement mené. Mais c’est quand même la pureté et la limpidité du chant du célèbre Largo qui frappe avant tout. Pas de bis, malgré une certaine insistance d’un public toujours aussi fidèle – comme Riccardo Muti quelques jours plus tôt et Hélène Grimaud la veille, Perahia fait presque le plein – il faudra attendre son récital Bach et Beethoven le 29 mai prochain, de nouveau à l’invitation de «Piano ****», pour l’entendre en solo.


En tant que pianiste, Perahia s’illustre dans toute la grande tradition germanique, de Bach à Brahms, mais néglige Haydn. Cette lacune intrigue d’autant plus que le compositeur réussit visiblement au chef, comme dans cette Cent-unième Symphonie «L’Horloge» (1794) où il paraît même plus démonstratif qu’au clavier. Sans être... académique, son interprétation ne vise certes pas à révolutionner l’approche de ce répertoire, mais n’en fait pas moins parfaitement mouche, équilibrée, de bon aloi, fraîche, con spirito. Toujours aussi fiable, l’Académie semble visiblement ravie de faire de la musique avec lui, prolongeant ce moment de complicité par un incisif et charmeur Presto final de la Quatre-vingt-douzième Symphonie «Oxford» (1788), qui tend déjà la main à Beethoven et Rossini.


Le site de Murray Perahia
Le site de l’Académie de St. Martin in the Fields



Simon Corley

 

 

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