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Amériques estivales

Paris
Parc floral
09/04/2011 -  
Charles Ives : The Unanswered Question
Aaron Copland : Appalachian Spring – Old American Songs I – Old American Songs II (extraits)
Arturo Márquez : Danzón n° 2

Irina de Baghy (mezzo)
L’ENSEMBLE - orchestre de Basse-Normandie, Jean Deroyer (direction)




Au cœur de l’été à Paris, le peu de musique qui n’est pas parti prendre l’air dans les festivals se concentre sur les week-ends et aux abords de la ville: au domaine de Sceaux depuis plusieurs décennies et, plus récemment, intra muros, au parc floral du bois de Vincennes. Produit et dirigé depuis plusieurs années par Florence Dreux et Bernard Boland, «Classique au vert» s’adresse peut-être davantage à l’auditeur de passage qu’au mélomane chevronné, mais ne brade en aucun cas la qualité. De ce point de vue, 2011 se situe tout à fait dans la lignée des millésimes précédents, pour ce qui est tant des artistes invités (Karine Deshayes, Sarah Nemtanu, Marielle Nordmann, le Quatuor Voce, les ensembles 2e2m, Boston Camerata, European Camerata et Zellig, l’Orchestre national d’Ile-de-France, ...) que de la programmation, à la fois festive, originale et bariolée – cette année sur le thème des «Amériques» – et même du soin apporté à la notice remise gratuitement au public, comprenant des commentaires complets et la reproduction des textes chantés ainsi que leur traduction.


Commencée le 6 août, cette dix-neuvième édition se prolonge jusqu’au 24 septembre, de telle sorte qu’il est encore grand temps de profiter de ces spectacles abrités sous une grande toile en forme de delta, bénéficiant d’une sonorisation d’un naturel exemplaire, accessibles moyennant l’acquittement du modique droit d’accès au parc (assorti de nombreuses exonérations totales ou partielles) et rompant un tant soit peu avec les rituels des salles qu’il faudra bien regagner une fois l’automne venu. Sans avoir bien entendu la prétention d’égaler les Proms londoniens ou de rivaliser avec le gigantisme de la Waldbühne berlinoise, le festival possède une réelle identité et s’est imposé dans le paysage musical – désertique – de la seconde partie de l’été parisien.


Malgré un temps morose, le public est au rendez-vous pour un programme de L’ENSEMBLE - orchestre de Basse-Normandie, que les organisateurs ont baptisé «Le Printemps des Appalaches» mais que la formation caennaise préfère de son côté intituler «Western Symphonic», associant quelques grands classiques des Amériques du siècle passé, qui se prêtent bien, chacun à leur manière, à une exécution hors les murs. Les trois «acteurs» de The Unanswered Question (1906) sont placés de droite à gauche – trompette, douze cordes et quatre bois – mais Ives n’avait sans doute pas prévu que cette scène métaphysique puisse être scandée par de véhéments tambours, perceptibles au loin tout au long du concert. Mais – qui sait? – il s’en serait peut-être amusé, lui-même volontiers adepte, dans ses propres œuvres, de télescopages de musiques antagonistes. Tels sont les aléas du plein air – auxquels s’ajoutent les traditionnels cris d’enfants et rafales de vent – mais le jeu en vaut quand même largement la chandelle.


Suite au départ de son directeur musical, Dominique Debart, Jean Deroyer est, depuis la saison dernière, et ce pour trois ans, «chef associé», avec Jean-Pierre Wallez, de cette formation de chambre fondée en 1982. Le jeune chef français témoigne une nouvelle fois de sa polyvalence: pas question de cantonner à la musique contemporaine le directeur musical de l’ensemble Court-circuit, avec lequel il vient de créer The Second Woman de Verrières, car il est à l’aise aussi bien dans Ariane et Barbe-Bleue de Dukas que dans la version originale (pour flûte, clarinette, basson, piano et cordes) d’Appalachian Spring (1944) de Copland. Nerveuse à souhait, son interprétation manque toutefois un peu de punch, de mordant et d’ampleur, mais peut compter sur de bons musiciens, en particulier les bois.


L’un des thèmes d’Appalachian Spring n’est autre que «Simple Gifts», l’une des dix chansons des deux livres d’Old American Songs (1950/1954 et 1952/1957). Irina de Baghy n’en chante cependant que neuf, omettant, dans le second livre, «The Golden Willow Tree». Les raisons d’un tel choix sont d’autant moins compréhensibles que la mezzo canadienne, très avantagée par son petit micro serre-tête, excelle dans ce répertoire et se taille un succès mérité: comme de coutume, l’accumulation d’onomatopées («I bought me a cat», «Ching-a-ring chaw») ne manque pas de faire sourire les auditeurs, mais son charisme, son timbre de voix, sa diction parfaitement idiomatique et son sens du phrasé font également merveille dans les mélodies de caractère plus lyrique («Long time ago», «At the river»).


Cap vers le sud pour conclure, car si Copland a écrit un Danzón cubano, le programme se termine avec le Danzón n° 2 (1994) d’Arturo Márquez (né en 1950), fameux avant même que Gustavo Dudamel et ses jeunes Vénézuéliens ne s’en emparent – à propos, on serait curieux de pouvoir entendre un jour l’une ou l’autre des sept autres pièces du compositeur mexicain qui portent le même titre... De cette page pour orchestre symphonique, l’auteur a réalisé lui-même une version pour orchestre de chambre: l’effectif réduit et la direction volontiers carrée de Deroyer tirent curieusement les sections plus «animées» – en réalité, le tempo reste stable – vers Weill ou Stravinski. Mais l’essentiel n’est pas là: les musiciens s’amusent – même si le trompettiste n’est jamais pris en défaut – le soleil revient (brièvement), les spectateurs en redemandent, et ils obtiennent de nouveau cette pièce irrésistiblement entraînante.


Le site de Classique au vert
Le site de L’ENSEMBLE - orchestre de Basse-Normandie
Le site de Jean Deroyer



Simon Corley

 

 

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