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Une idée du paradis

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
09/01/2011 -  
Franz Liszt : Dante-Symphonie, S. 109
Antonín Dvorák : Symphonie n°9, opus 95 « du Nouveau Monde »

La Maîtrise de Caen, Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)


Les Siècles (© Ansgar Klostermann)


La nouvelle édition du KlaraFestival a débuté le jour de la rentrée des classes et se déroulera jusqu’au 16 septembre. Le thème choisi cette année? «Imagine Paradise». La couleur dominante? Le bleu. La programmation? Généreuse, pluridisciplinaire et haut de gamme. Le marketing? Branché et ciblant un large public. Durant ces deux semaines, une alléchante brochette de musiciens se produira à Bruxelles, le plus souvent le soir, au Bozar ou à Flagey, et à 12 heures 30 à la Monnaie: René Jacobs, en résidence cette saison au Bozar (2 et 13 septembre), Neville Marriner (11), Daniel Hope (15), Roger Norrington (16), l’Orchestre philharmonique de Londres (7), l’Akademie für Alte Musik Berlin (13), Les Talens Lyriques (14), le Mahler Chamber Orchestra (16), pour ne citer que quelques ensembles et personnalités de renom. Au rayon classique, le festival fait preuve d’une originalité qui mérite d’être saluée: avec Orlando Paladino en version de concert, le 2 septembre, il contribue au (timide) regain d’intérêt actuel pour les opéras de Haydn; avec une soirée entièrement consacrée à Liszt (le 9), avec Claire Chevallier et les récitants Jan Decorte et Sigrid Vinks, il honore, cette année du bicentenaire, un grand compositeur méconnu; avec le War Requiem de Britten, le 11 septembre (à 17 heures), il commémore à sa façon une des plus effroyables tragédies de ce début de siècle.


Fondé en 2003 et jouant sur instruments anciens et modernes, Les Siècles occupe l’affiche du premier concert et, à cette occasion, se produisent pour la première fois à Bruxelles, comme l’annonce son fondateur François-Xavier Roth. Intitulé, en anglais bien sûr, «In search for Heaven», le programme se subdivise en deux parties de durée approximativement égale et couple une symphonie qu’il est inutile de présenter à une autre relativement moins populaire alors que son auteur bénéficie, cette année, d’une bienveillante attention. Davantage poème que symphonie, inspirée par la Divine Comédie de Dante, la Dante-Symphonie (1856) de Liszt se compose de trois mouvements dont le troisième, «Magnificat», enchainé au précédent, nécessite un chœur, en l’occurrence, ce soir, celui de la Maîtrise de Caen.


A cause moins du nombre d’instruments sur scène, somme toute important, que de la nature des instruments, la pâte sonore s’avère plutôt âpre et anguleuse, la sonorité émaciée, mais les musiciens parviennent à restituer, quoique pas constamment, le contenu évocateur, poétique et spirituel de cette œuvre. Le «Purgatorio» souffre de discontinuité, à moins que cela soit avant tout imputable à la partition, peut-être moins inspirée à cet endroit. Par contre, la formation traduit de façon convenable, et parfois impressionnante, le tumulte de l’«Inferno». Disposés dans une loge latérale, les choristes manquent légèrement d’aura, de candeur et d’unité pour inscrire la conclusion dans une atmosphère angélique.


Les enfants de la Maîtrise assistent sagement à la seconde partie, consacrée à la Neuvième Symphonie «du Nouveau Monde» (1893) de Dvorák, programmée tant de fois que l’oreille s’est faite difficile. Le chef opte pour des tempi orthodoxes et traduit bien la vitalité et la nostalgie de ce pilier du répertoire. Recevable sur le plan interprétatif, encore que les phrasés pourraient gagner en netteté, la prestation séduit moins sur le plan instrumental – bois inégaux, de temps à autre trop discrets, cuivres souvent récalcitrants – tandis que la formation n’affiche pas un niveau de précision insurpassable. La Dante-Symphonie a été dédiée à Richard Wagner, aussi est-il naturel de conclure la soirée sur un bis de sa plume, la Mort d’Isolde.


Le site du Klara Festival
Le site des Siècles
Le site de François-Xavier Roth
Le site de la Maîtrise de Caen



Sébastien Foucart

 

 

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