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Deux voix pour la fin de la fête

San Sebastian
Teatro Victoria Eugenia
08/25/2011 -  & 28 Août 2011
25 août:
Gustav Mahler: Lieder aus des Knaben Wunderhorn – Lieder eines fahrenden Gesellen
Robert Schumann: Der arme Peter, op. 53 – Belsazar, op. 57

Florian Boesch (baryton), Justus Zeyen (piano)


28 août:
Wolfgang Amadeus Mozart: Misero, O Sogno/Aura che intorno spiri, K. 431
Franz Liszt: Trois sonnets de Pétrarque
Henri Duparc: Chanson triste et autres mélodies
Giuseppe Verdi: Trois “Romanze”
John Carter: Cantata
Henry Thacker Burleigh: Quatre “Songs”
Hall Johnson: Witness
Lawrence Brownlee (ténor), Giulio Zappa (piano)




La fin du mois d’août signale aussi la fin de la Quincena musicale de Saint-Sébastien, le festival le plus vieux d’Espagne, qui a célébré cette année son 72e anniversaire. Et on sait bien que la « Quinzaine » se développe maintenant pendant tout un mois.


Cette année, la fin de la fête nous préparait deux belles surprises vocales : le baryton allemand Florian Boesch et le ténor américain Lawrence Brownlee.


Boesch a présenté un programme très intéressant, même si les œuvres chantées n’étaient pas inconnues. On dirait que le public de Saint-Sébastien n’aime pas trop le Lied allemand, et qu’il préfère le répertoire prévu par Brownlee, si on considère l’assistance plus nombreuse au deuxième récital. Mais tous les deux ont obtenu de vrais succès de la part d’un public qui est toujours reconnaissant, voire enthousiaste.


Florian Boesch est un spécialiste du Lied allemand et il domine l’art difficile du chuchotement. Il suggère, il raconte, il insinue. Son domaine des gammes dynamiques inférieures n’empêche pas pour autant des moments d’exaltation très convaincants vocalement et dramatiquement (Mahler : « Ich hab’ ein glühend Messer… »). Son sens de la narration dramatique permet des moments d’une beauté poignante, comme dans les deux « comtes » de Schumann, Le pauvre Peter et Belsazar. La suggestion et le chuchotement laissent progresser les culminations que Boesch maîtrise largement : la progression, dès le pianissimo, mène aux moments culminants par une voie extrêmement subtile, on dirait naturel si on ne comprend pas la valeur de ce qui semble tout simple. Neuf Lieder de Schumann d’après Heinrich Heine ont permis à Boesch de nous montrer le Lied allemand traditionnel, ainsi que son domaine dans ce beau répertoire. Enfin, l’accompagnement de Justus Zeyen fait preuve de délicatesse et d’une grande maîtrise.



L. Brownlee (© Iñigo Ibañez/Quincena Musical)


Le jeune Lawrence Brownlee est un ténor lyrique léger, c’est vrai, mais parfois tout à fait léger, et parfois seulement lyrique. On dirait deux ténors différents, en fait, d’après le morceau ou l’air qu’il interprète. Il est belcantiste (Rossini, Donizetti, Mozart) mais aussi capable de donner du sens vocal et dramatique aux cinq belles mélodies de Duparc et aux Trois sonnets de Pétrarque par Liszt, où l’on aurait dit qu’il changeait, et devenait « un autre » chanteur. Brownlee possède une très belle voix, limpide, lumineuse, même s’il a encore quelques petits problèmes dans les transitions vers l’aigu le plus haut. L’intérêt de son Liszt, son Duparc, son Mozart, son Verdi est incontestable. Mais son apport de pièces de trois compositeurs américains noirs, inconnus pour nous, a une valeur ajoutée et il nous faut être reconnaissants d’avoir entendu la formidable Cantate de John Carter (1932-1981), une pièce de 1964 entre le negro spiritual et la cantate baroque, comme nous le montrent ses cinq moments: Prélude et Rondo, Récitatif, Aria, Toccata. Mais aussi quatre « Songs » de Henry Thacker Burleigh (Harry Burleigh, 1866-1949), baryton et compositeur qui travailla avec Dvorák pendant les deux voyages du compositeur tchèque en Amérique, et qui inspira beaucoup celui-ci. Enfin, Witness, de Hall Johnson (1888-1970), un des grands musiciens afro-américains qui ont développé le negro spiritual vers une forme artistique.


Brownlee a enflammé le public, qui applaudissait tout le temps, même pendant les cinq chants de la Cantate de Carter. Et il a donné trois bis extraits des répertoires italien et français. Voilà un musicien qui vient de l’Université –grand vivier de la musique et de l’opéra aux États-Unis- et possède à n’en pas douter un grand avenir comme ténor belcantiste, grâce à la couleur de sa voix, mais aussi par son côté très sympathique. En plus, une savoureuse complicité régnait entre Brownlee et le pianiste Giulio Zappa, un magnifique accompagnateur.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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