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Perfection, tradition et volupté

Annecy
Eglise Sainte-Bernadette
08/30/2011 -  
Piotr Ilitch Tchaïkovski: Concerto pour violon en ré majeur, opus 35 – Symphonie n°5 en mi mineur, opus 64

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Yuri Temirkanov (direction)


Y. Temirkanov


Le mot tradition n’a pas toujours bonne presse, rimant parfois avec routine, d’autant que l’on attend désormais de plus en plus des interprètes qu’ils renouvellent notre compréhension des grands piliers du répertoire. Pour clore cette deuxième édition de l’annecy classic festival, on a convié l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et son directeur musical, Yuri Temirkanov, pour deux concerts de gala célébrant Tchaïkovski. On s’accorde souvent pour dire que cette musique coule dans les veines des musiciens russes, associant la sensibilité tourmentée du compositeur et l’âme slave. Le vénérable chef n’est pourtant pas de ceux qui s’en laissent conter par l’impudence des passions.


Le Concerto pour violon est écrit à l’issue d’une période très difficile de la vie de Tchaïkovski – l’épisode bien connu du désastre matrimonial de 1877. Mais ce ne sont point les stigmates autobiographiques que Renaud Capuçon met en avant, lesquels au demeurant ne sauraient rendre raison de la virtuosité éblouissante de l’ouvrage. Tandis que d’aucuns de ses confrères n’hésitent pas à imprimer aux attaques et au vibrato un élan et une violence romantiques, le violoniste français fait montre d’une élégance toute apollinienne. Nul trouble apparent ne vient perturber l’Allegro moderato. La placidité de la direction laisse les pupitres s’épanouir sans jamais s’épaissir, ni verser dans un clinquant douteux. Le soliste et l’orchestre semblent plus partenaires que rivaux dans la Canzonetta, inoubliable de délicatesse, soutenue par des clarinettes et des bassons crémeux. Le finale révèle un sens de l’émulation qui éclate dans un brio étourdissant, et on pardonnera la fugace impression d’affaissement au début du mouvement. Notre étoile nationale gratifie l’auditoire du «Ballet des ombres heureuses» tirés d’Orphée et Eurydice de Gluck. Dans la transcription de la section centrale en mineur ici proposée, il révèle son sens de la ligne, magnifié par la modération du tempo et une certaine platitude dans le résultat obtenu.


S’il ne bouscule jamais les notes, Yuri Temirkanov livre une lecture la Cinquième Symphonie désarmante d’évidence. Dès l’introduction Andante, la chaleur austère des clarinettes en la installe une atmosphère inimitable d’élégance et de générosité. L’Allegro con anima révèle l’énergie de la formation pétersbourgeoise. La cohérence soutenue au fil de la partition par le motto de quatre notes se trouve renforcée par un art consommé de la négociation des climax, ménageant l’intégrité de la tension tout au long du mouvement. Ces qualités ne s’altèrent pas dans l’Andante cantabile con alcuna licenza, enchaîné sans interruption. Après une pause brève, le maestro se redresse, incline légèrement la tête et sourit aux cordes, comme pour les inviter à la Valse, avec un port aristocratique que l’on ne connaît plus. Le finale, Andante maestoso, puis Allegro vivace, couronne cette épopée empreinte de noblesse. L’orchestre ne se départit jamais de sa sonorité ronde et dense, où chacune des interventions solistes se distingue avec précision au milieu d’une plénitude sonore exceptionnelle – les cuivres font preuve d’une discipline remarquable. L’hédonisme et l’expressivité triomphent main dans la main. Temirkanov récompense le public avec Elgar, l’un de ses bis favoris. Et l’amitié franco-russe ressort de cette soirée confortée dans sa pérennité.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg



Gilles Charlassier

 

 

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