About us / Contact

The Classical Music Network

Salzburg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Macbeth royal

Salzburg
Felsenreitschule
08/03/2011 -  et 6, 9, 12, 16, 19, 22*, 24 août 2011
Giuseppe Verdi: Macbeth
Zeljko Lucic (Macbeth), Tatiana Serjan (Lady Macbeth), Dmitry Belosselskiy (Banco), Giuseppe Filianoti (Macduff), Antonio Poli (Malcolm), Anna Malavasi (Suivante de Lady Macbeth), Gianluca Buratto (Médecin)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Philharmoniker, Riccardo Muti (direction musicale)
Peter Stein (mise en scène), Ferdinand Wörgerbauer (décors), Annamaria Heinreich (costumes), Joachim Barth (lumières), Lia Tsolaki (chorégraphie), Heinz Wanitschek (maître d'armes)


(© Silvia Lelli)


Riccardo Muti-Peter Stein. La rencontre était attendue avec d'autant plus d'impatience qu'elle a mis du temps à se concrétiser. A Salzbourg, les deux hommes font quasiment figure de légendes vivantes. Le premier a fêté cette année ses 40 ans d'activités avec le festival. Le second a été responsable du théâtre de la célèbre manifestation de 1991 à 1997. Le fruit de leur collaboration restera comme l'un des temps forts de l'édition 2011.


Le Manège des Rochers – qui vient d'être rénové – est l'écrin idéal pour Macbeth. Le lieu renferme une part de mystère et de magie; sombre, on y sent l'odeur de la pierre grise et l'humidité est élevée. Peter Stein connaît bien l'endroit pour y avoir monté les tragédies romaines de Shakespeare (Jules César et Antoine et Cléopâtre). Il utilise ici à merveille l'immense espace à sa disposition, avec un décor réduit au strict minimum (une butte, un mur amovible, une longue table pour le banquet) qui accentue encore la majesté de la salle. Le sol est recouvert de plusieurs couches de feutre rendant les déplacements silencieux. Le cortège du roi et la procession des exilés longent la fosse d'orchestre, alors que Lady Macbeth parcourt la plus haute galerie une bougie à la main, dans la célèbre scène du somnambulisme. Les arches sculptées dans la roche abritent les choristes déguisés en arbres. Dans le programme de salle, Peter Stein déclare: «Je produis des faits, pas une interprétation». Et c'est vrai que sa mise en scène est classique, conventionnelle, en costumes d'époque, fidèle aux didascalies du livret, avec des duels à l'épée, des cadavres ensanglantés et un chaudron bouillonnant pour les sorcières. Des sorcières qui sont jouées par des comédiens, alors que le chœur représente les arbres de la forêt. Spectacle traditionnel, certes, mais d'une grande force et d'une grande beauté, avec une direction d'acteurs impeccablement réglée, on pense notamment aux visages hallucinés de Macbeth et de sa Lady.


On le sait, Riccardo Muti est lui aussi un adepte de la tradition. Dirigeant les premiers Verdi comme personne aujourd'hui, il met en lumière les moindres détails de la partition, en orfèvre qu'il est. Adoptant des tempi lents, amples et majestueux, sa direction respire le mystère et l'angoisse plutôt que la folie et la sauvagerie. Comme toujours, la Philharmonie de Vienne, onctueuse à souhait, est un régal pour les oreilles, avec des pianissimi incroyables. Le chœur de l'Opéra de Vienne est lui aussi en forme superlative, notamment dans le Patria oppressa, un des grands moments du spectacle.


Si elle n'a peut-être pas toute la noirceur et la rugosité du personnage, la Lady Macbeth de Tatiana Serjan n'en demeure pas moins admirable. Elle campe une reine belle et racée, dont la soif de pouvoir et de domination finit par se heurter à une certaine fragilité, à l'image de son ré bémol pianissimo à la fin de l'air de la folie, à donner des frissons. Zeljko Lucic en Macbeth a la rondeur du timbre et la palette de couleurs du baryton Verdi, avec de surcroît un beau legato. A l'avenant, le Banquo stylé de Dmitry Belosselskiy et le Macduff solaire de Giuseppe Filianoti complètent une distribution sans faille. Un spectacle royal, à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire du Festival.


Ce Macbeth est d'autant plus précieux que Riccardo Muti a annoncé qu'il ne dirigerait plus d'opéra à Salzbourg, réservant désormais son pensum lyrique à Rome. Une page se tourne dans la cité de Mozart.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com