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L’opéra du voyage

Brive
Voutezac (Château du Saillant)
08/13/2011 -  et 10 (Lulworth), 15 (London), 17 (Eartham), 22 (St James, Guernsey), 25, 27 (Oakford), 29 (Warwickshire) juin, 9 (Shropshire), 12 (St Lawrence, Jersey), 21, 22, 23 (Dijon), 30 (Wells next the Sea) juillet, 6 (Hardelot), 20, 28 (Saint-Jean-Cap-Ferrat) août, 11 (Henley upon Thames), 14 septembre, 30 novembre (London), 16, 18 (Neuchâtel) décembre 2011
Gaetano Donizetti: La Fille du régiment

Catriona Clark (Marie), Nicola Amodio (Tonio), Freddie Tong (Sulpice), Gaynor Keeble (La marquise de Berkenfield), Daniel Howard (Hortensius), Dominique Thiébaud (La duchesse de Crakentorp), Julien Charles (Un caporal), Kevin Jones, Richard Mitham, Lawrence Olsworth-Peter (Soldats), Joanna Foote, Lorna James (Villageoises)
Bryan Evans (piano, direction artistique et musicale)
Wayne Morris (mise en scène), Louie Whitemore (décors), Nicola Jackson (costumes), Jenny Weston (chorégraphie)




Du 12 juillet au 24 août, le trente-et-unième festival de la Vézère propose une belle série de spectacles, tout au long et aux environs du parcours de la rivière dans le sud du département de la Corrèze, le plus souvent dans des édifices témoignant du riche patrimoine architectural de la région. L’affiche est remarquable – Bertrand Chamayou, Abdel Rahman El Bacha, Vivica Genaux, Romain Leleu, Mikhaïl Rudy, le Trio Wanderer, le Quatuor Ebène, le Concerto Köln – et n’oublie pas le jeune public – «Liszt raconté aux enfants» – mais le week-end d’opéra s’est imposé dès les premières années comme l’un des temps forts de la programmation.


Chaque été à la mi-août, les nouvelles productions de Diva Opera sont accueillies dans les anciens communs du château du Saillant, résidence d’Isabelle de Lasteyrie du Saillant, qui en assure la direction artistique après l’avoir fondé avec son époux. L’opulente et paisible ruralité du lieu et de ses environs, la possibilité de déguster quelques assiettes des excellents produits – pléonasme – du cru aux abords immédiats de ce bel édifice du XVe siècle, il est d’autant plus permis de penser à un petit Glyndebourne limousin que la compagnie itinérante vient d’Outre-Manche. Si les oeuvres du millésime 2011 sont toutes deux de compositeurs italiens du XIXe, elles contrastent cependant radicalement: avant le drame de Rigoletto, c’est en effet un opéra comique, La Fille du régiment (1840) de Donizetti.


Une fois de plus, les Anglais, qui ont garé leur grand camion blanc à l’extérieur du parc et installé un barnum sur le côté de la grange, font penser à des gens du voyage qui tenteraient de relever le défi de l’opéra: avec les moyens du bord, mais sans jamais virer au misérabilisme, tant la gageure semble stimuler l’imagination et la poésie en même temps qu’elle attire spontanément la sympathie du public. Et puis l’ambition reste relativement raisonnable: pas de relectures aventureuses ni de Ring en vue, bien sûr – mais ils seraient bien capables de s’en sortir à leur avantage, tant ils parviennent à s’affranchir des contraintes et à s’adapter astucieusement à des conditions extrêmes: un espace restreint (une scène de 20 mètres carrés, pas de rideau, deux entrées traversant les rangs des spectateurs, des coulisses situées pour partie à l’extérieur de la salle, en plein air); un accompagnement réduit au piano du directeur artistique, Bryan Evans, revenu après son absence pour cause de maladie la saison passée et assisté d’une tourneuse de pages qui n’est autre que la directrice générale, Anne Marabini Young; un minimum de décors et d’accessoires.


En l’espèce, Louie Whitemore est particulièrement économe, avec une simple tente de campagne au premier acte, un canapé, un fauteuil, une table, un chevalet, un tableau et un tapis. Cela fait l’affaire – il faut en outre se souvenir que la place est comptée. Quant aux costumes militaires et Empire de Nicola Jackson, ils campent sans fioritures les personnages dans leur époque. L’ouverture au piano risquerait-elle de générer quelque monotonie? Qu’à cela ne tienne, elle est agrémentée de premiers jeux de scène qui mènent au choeur introductif. Et les choeurs, à propos? Un effectif mixte de huit chanteurs en tient lieu, et cela suffit amplement. L’entracte purement orchestral est-il difficile à meubler? Jenny Weston l’enrichit d’une chorégraphie sans prétention.


Comme dans Falstaff en 2010, la mise en scène de Wayne Morris fonctionne au millimètre – il vaut mieux, vu l’exiguïté du plateau. Se moquant gentiment des conventions du genre, elle tire parfois l’action vers la farce un peu épaisse, en particulier au premier acte, ou bien lorsque la duchesse de Crakentorp se lance dans un monologue parlé en forme de revue satirique de la récente actualité politique française, tout en distribuant des bonbons ou quelques pièces de ces euros «dont nous ne voulons pas». Mais le second acte paraît davantage réussi, alternant émotion – Marie, future duchesse rouvrant avec nostalgie son paquetage de vivandière – et verve – la confrontation entre les anciens du régiment et le monde de l’aristocratie ou bien une leçon de chant où la marquise remplace au clavier Bryan Evans qui s’était lancé dans «Non più andrai».


On s’ennuie d’autant moins que Diva Opera a pour habitude de soigner ses distributions. L’obstacle de la langue française est globalement bien négocié: généralement compréhensible, le texte n’est pas trop maltraité, même si le souci de la diction prime sur le naturel de la prononciation et de la prosodie. La Marie de Catriona Clark – vibrato un peu excessif mais timbre agréable et belle ligne de chant – l’emporte sans peine sur le Tonio très nasillard de Nicola Amodio, plus à son avantage lorsqu’il n’essaie pas de passer en force. Pas très en voix, Freddie Tong réalise néanmoins une plaisante et truculente composition en Sulpice, de même que Gaynor Keeble en marquise et Dominique Thiébaud en duchesse. Dès lors, le «salut à la France» n’a même pas besoin de réveiller une fibre patriotique pour que le spectacle reçoive un accueil enthousiaste.


Le site du festival de la Vézère
Le site de Diva Opera
Le site de Catriona Clark
Le site de Gaynor Keeble



Simon Corley

 

 

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