About us / Contact

The Classical Music Network

Forcalquier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Premières

Forcalquier
Cloître des Cordeliers
07/28/2011 -  
Franz Schubert: Divertissement à la hongroise, D. 818
Alban Berg: Quatre Pièces pour clarinette et piano, opus 5 (#)
Robert Schumann: Quatuor avec piano, opus 47 (&)
Michael Jarrell: 3x4 (création) (~)
Ludwig van Beethoven: Septuor, opus 20 (+)

Chen Halevi (clarinette), Akio Koyama (basson), Olivier Darbellay (cor), Anke Dill (&), Lisa Immer (+) (violon), Pascal Robault (alto), Véronique Marin (~), Jean-Guihen Queyras (& ~ +), Gesine Queyras (~) (violoncelle), Joe Carver (contrebasse), Frédéric Lagarde (#), Alexander Melnikov (&) (piano)


Après trois concerts au prieuré de Salagon à Mane (voir ici), les «Rencontres musicales de Haute-Provence» investissent le cloître des Cordeliers. A cette (quasi-)première s’en joignent deux autres: la création d’une pièce de Michael Jarrell, compositeur en résidence, et la première diffusion en direct d’un concert du festival sur les ondes de France Musique. Au pied de Forcalquier, le couvent des Cordeliers (XIIIe-XVe), édifice franciscain très maltraité par les siècles, restauré depuis 1963 par la commune, est devenu le siège de l’Université européenne des senteurs et des saveurs et, agrémenté de jardins soigneusement réaménagés, abrite par ailleurs une bibliothèque ainsi qu’un lycée agricole tout en servant également de lieu d’expositions et de spectacles en plein air. Sans relever à proprement parler de l’édition 2010, l’inauguration, fin juillet dernier, s’est néanmoins faite sous l’égide des «Rencontres» et il était logique qu’un festival qui a conservé pour devise «la musique pour tous» tire parti d’un nouveau site permettant d’accueillir davantage de spectateurs.


Est-ce la pression et l’enjeu du direct, contraignant Jean-François Queyras à anticiper sa traditionnelle présentation liminaire d’un programme – une fois de plus – bien copieux? Toujours est-il que Frédéric Lagarde et Alexander Melnikov, après avoir scrupuleusement attendu que neuf heures aient sonné pour la seconde fois au clocher, déçoivent dans le Divertissement à la hongroise (1824) pour piano à quatre mains: où sont passées la grâce et la poésie schubertiennes dans cette interprétation hésitante, dont les éléments magyars ressortent avec raideur, comme le premier thème de l’Allegretto final, où l’on retrouve la Mélodie hongroise (pour piano seul) rendue célèbre par le film La Discrète? En outre, l’acoustique, qui se révélera bien meilleure par la suite (moyennant deux petits paravents de bois), ne favorise pas un Steinway à la sonorité moyennement agréable, qui ne semble toutefois pas décevoir les oiseaux, sans doute aussi stimulés par le coucher du soleil.


Après Webern les trois premiers jours, c’est cette fois-ci Berg, guère moins laconique dans ses Quatre Pièces (1913) pour clarinette et piano, avec un Chen Halevi à son meilleur, tour à tour bondissant et lyrique. Un peu éclipsé par son Quintette avec piano, le Quatuor avec piano (1842) de Schumann ne le cède pourtant en rien, dans la même tonalité de mi bémol: excellent piano d’Alexander Melnikov, excellent violoncelle du maître des lieux, Jean-Guihen Queyras, mais au point que leurs deux partenaires paraissent bien trop en retrait, en particulier dans l’Andante cantabile.


Après l’entracte – bref, radio oblige – vient le moment de la nouvelle page de Jarrell, intitulée 3x4, pour les trois violoncellistes de la famille Queyras – Jean-Guihen, son épouse Gesine et sa belle-sœur Véronique Marin – et leurs quatre cordes respectives. En environ sept minutes, les sections et climats se succèdent rapidement: introduction lente, immobile, puis vélocité rageuse et motorique, puis encore un passage lyrique porté par Jean-Guihen Queyras, avant une raréfaction dans l’aigu, un épisode plus heurté et une fin apaisée. Une réussite pour cette formation pour le moins rare, bien accueillie par le public des «Rencontres», toujours réceptif à défaut d’être nécessairement convaincu.


Incontournable dans ces amicales réunions chambristes, comme l’Octuor de Schubert, le Septuor (1800) de Beethoven apporte une conclusion vivante et stimulante à cette soirée, emmenée par le violon de Lisa Immer, très punchy à défaut d’être toujours très précis, et des vents idéalement savoureux: voilà qui sied à l’Allegro con brio initial particulièrement enlevé, au Menuet, plein d’entrain et sans mièvrerie, au Scherzo, plein de peps, et à un étourdissant Presto final, déjà presque rossinien.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com