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De la très belle ouvrage

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
07/23/2011 -  
Claude Debussy : La Mer L. 109
Dimitri Chostakovitch: Symphonie N° 8 en ut mineur, Op. 65

London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction musicale)


(© J.-C. Carbone)


Après La traviata, La Clémence de Titus et le concert du 17 juillet dirigé par son président Colin Davis, le magnifique Orchestre symphonique de Londres revient au Grand Théâtre de Provence sous la baguette de son chef principal Valery Gergiev. Également directeur artistique du Théâtre Mariinsky et de nombreux festivals qu’il a créés, Gergiev est invité par les formations les plus prestigieuses et dirige chaque année plus de 220 concerts. Audacieux, fougueux même - d’aucuns diront « diabolique » - pourvu d’un immense talent, Gergiev soulève régulièrement l’enthousiasme du microcosme musical.


Pourtant, sa vision de La Mer, aussi irrépréhensible qu’elle soit, ne réserve pas vraiment de surprise. L’enregistrement sorti cette année montrait déjà que le propos est d’inviter à une promenade en barque plutôt qu’à une exploration des profondeurs. Malgré un travail remarquable de justesse et de sensualité, on reste à la surface - en tous les cas pour les deux premières esquisses - où tout est calme, lisse, et joli. L’ensemble prend son essor dans la troisième, « Dialogue du vent et de la mer », où, par instants, le souffle hugolien des Travailleurs de la mer s’empare de l’orchestre, sans pour autant faire chavirer l’embarcation. Quant aux « travailleurs » de La Mer, les bois et les cordes en particulier, ils offrent une palette de sonorités subtiles et raffinées.


Avec l’imposante Huitième symphonie de Chostakovitch, qui figure rarement aux programmes des concerts (certes donnée cette année à la Salle Pleyel avec ce même orchestre, ce même chef, et la même première partie), c’est le grondement de la mitraille qui attend le spectateur. Créée en 1943, l’œuvre, parfois nommée « Stalingrad », est un sombre panorama des souffrances du peuple russe et de ses soldats pendant la deuxième guerre mondiale. On accède dans cette deuxième partie à un univers musical grandiose, déchirant autant que troublant et à un tout autre niveau d’interprétation. Gergiev aborde la partition avec un appétit de géant et offre une version très émotionnelle de cette œuvre. Voilà qui est de nature à décoiffer le spectateur habitué à la version plus statique et plus froide du Concertgebouw dirigée par Bernard Haitink, au demeurant excellente. Dès les premières mesures du long Adagio qui ouvre cette symphonie, il nous entraîne dans une marche sombre et lancinante. Au centre de ce voyage, l’Allegretto non troppo, qui évoque l’horreur de la bataille, ne déçoit pas tant il est exprimé avec force, sauvagerie même, sans que l’équilibre entre précision et intensité soit compromis. Après un Largo puissant et spectaculaire, la tension se relâche avec le cinquième et dernier mouvement. Gergiev fait du rondo pastoral qui conclut la symphonie un moment de pure jubilation. La poignante et tragique narration de la souffrance a coulé de soi. L’orchestre est éclatant de santé: le fracas des percussions, l’éclat des cuivres, la franchise du piccolo, la clarté soyeuse des cordes, le velours des bois, le discours profond et intense ont fait de ce parcours ténébreux et mélancolique un moment rare. Le dernier accord de do majeur exprimé par les cordes aiguës se perd dans un silence résigné qui fige le spectateur sur son siège et retarde de quelques secondes l’ovation du public.


Le Festival d’Aix-en-Provence
Le London Symphony Orchestra
Un extrait de La Mer/London Symphony Orchestra/V. Gergiev



Christian Dalzon

 

 

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