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Koering, dernière

Montpellier
Corum, Opéra Berlioz
07/18/2011 -  
Iannis Xenakis : Oresteïa
Spyros Sakkas, Ilias Rode (barytons), Kleoniki Demiri, Maria Karagiannaki, Kyriaki Trochani (Electre), Stavros Nikolaou, Loukas Panourgias, Giannis Stamatakis (Oreste), Frédéric Borie (récitant), Katerina Sakka, Guillaume Pires Parada (danse)
Miguel Bernat (percussion), Chœur mixte de la Radio-Télévision hellénique, Dimitris Bouzanis (chef du chœur), Chœur mixte de l’Université des Beaux-Arts Mimar Sinan, Erdem Cologlu, Erhan Torlular (chefs du chœur), Opéra Junior, Vincent Recolin (chef du chœur), Ensemble de l’Orchestre philharmonique Borusan d’Istanbul, Gürer Aykal (direction musicale)
Spyros Sakkas (conception, direction artistique, mise en scène), Natassa Zouka (chorégraphie), Aghis Gyftopoulos (design son), Centre des Arts Vocaux (lumières)




Le succès du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon ne faiblit pas : 123500 spectateurs enregistrés en 2010, pas moins de 173 manifestations dont seulement 25 concerts payants. Parions que les chiffres seront aussi reluisants au lendemain de la vingt-septième édition qui se tient du 11 au 28 juillet. La recette reste identique : une offre pluridisciplinaire « originale » et « audacieuse », pour reprendre les termes de René Koering, et généreusement distribuée en plusieurs axes, à savoir « Jeunes Solistes » à 12 heures 30, « Films de la Sacem » à 15 heures, « Rencontres de Pétrarque (du 18 au 22 juillet) à 17 heures 30, « Musique de chambre » à 18 heures, « Musiques électroniques » (du 21 au 23 juillet) à 19 heures, « Jazz » à 20 heures 30 et, bien sûr, les traditionnels concerts de 20 heures au Corum. A cela s’ajoutent de nombreuses manifestations consacrées au classique, au jazz et aux musiques du monde dans l’agglomération montpelliéraine ainsi que, depuis 2008, dans les départements de l’Aude, du Gard, de l’Hérault, de la Lozère et des Pyrénées-Orientales – à noter cette année une série consacrée aux orgues en pays catalan.


S’il est solidement ancré dans la région, le festival rayonne bien au delà grâce aux multiples radiodiffusions, en direct ou en différé, et à l’édition discographique. La notion de service public a encore un sens de nos jours, surtout que ces différentes séries de manifestations s’adressent au plus grand nombre, du simple curieux (gratuité aidant) au mélomane soucieux de qualité et assoiffé de raretés. Sur ce point, les oasis ne manquent pas : La Magicienne de Halévy, La Fede nei Tradimenti d’Ariosti, Semiramis de Catel, I Masnadieri de Verdi, Le Paradis perdu de Dubois, pour ne citer que quelques œuvres ressuscitées cette année. Puisse Jean-Pierre Le Pavec, directeur de la musique à Radio France et successeur de René Koering, continuer cette politique exemplaire et probablement sans équivalent. Où se rendre, en effet, pour bénéficier d’autant de concerts qui sortent de l’ordinaire et gratuits pour la plupart d’entre eux ?


La soirée du 18 juillet est dédiée à Xenakis, disparu il y a dix ans, et au cofondateur Georges Frêche, président de la région, mort le 24 octobre dernier et passionné, semble-t-il, par la civilisation grecque. L’Opéra Berlioz accueille une production du Centre des Arts Vocaux d’Oresteïa (1966-1987), musique de scène en trois parties (« Agamemnon », « Choéphores », « Euménides ») d’après Eschyle. Invités à jouer entre autres des instruments à percussion, les chœurs (mixte et d’enfants) dominent par rapport au petit nombre d’instrumentistes : douze dans la fosse, dont seulement un instrumentiste à cordes (violoncelle), et un percussionniste sur scène. Le spectacle a fait l’objet d’une mise en espace (quelques interprètes placés dans les corbeilles latérales) et d’un éclairage particulier mais l’impact provient essentiellement de cet univers sonore à nul autre pareil et significatif de son auteur, notamment grâce au rôle important joué par les percussions. Puissante, violente, fascinante mais aussi inconfortable, cette musique complexe ne laisse pas de marbre mais peut laisser sur le bord du chemin, notamment lors de cette longue scène durant laquelle le baryton (Spyros Sakkas, concepteur et directeur artistique du projet) chante, pour autant que ce terme soit approprié, en grec et en duo avec un percussionniste (Miguel Bernat, épatant de virtuosité). L’ajout de paroles extraites d’une traduction en grec moderne de la trilogie d’Eschyle renforce la dimension théâtrale de l’ouvrage mais compte tenu de la langue employée, des sous-titres n’auraient pas été superflus.


Pour restituer ce concentré d’énergie brute, des musiciens grecs et turcs unissent leurs forces – belle image, au demeurant, compte tenu du message véhiculé dans cette œuvre. Sous la direction de Gürer Aykal, les membres de l’Orchestre philharmonique Borusan d’Istanbul s’en tirent avec les honneurs de l’écriture complexe du compositeur qu’ils défendent avec suffisamment de précision, tandis que les chœurs mixtes de la Radio-Télévision hellénique et de l’Université des Beaux-Arts Mimar Sinan se montrent particulièrement convaincants dans leur rôle de narrateurs, de protagonistes et de commentateurs. Enfin, tout de blanc vêtus, les enfants d’Opéra Junior confèrent à cette soirée une certaine émotion, en particulier lorsque durant la formidable conclusion, ils quittent la scène pour s’éparpiller rapidement dans le public afin de distribuer des feuilles d’aluminium avec lesquelles les choristes avaient produit des sonorités inhabituelles, les spectateurs n’ayant manifestement pas compris qu’ils étaient sans doute invités à en faire autant.


Le site du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon



Sébastien Foucart

 

 

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