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Dans la cour des grands

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
07/17/2011 -  
Joseph Haydn: Symphonie n° 99 en mi bémol majeur
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto n° 20 pour piano en ré mineur, K. 466
Carl Nielsen: Symphonie n° 6 “Sinfonia simplice”

Nelson Freire (piano)
London Symphony Orchestra, Colin Davis (direction musicale)


C. Davis (© Matt Stuart)


En résidence à Aix-en-Provence depuis 2010 et jusqu’en 2012, l’Orchestre symphonique de Londres participe cet été à quatre manifestations du festival: ce concert, La clemenza di Tito (jusqu’au 21 juillet) dirigés par son président Sir Colin Davis, La traviata (jusqu’au 24 juillet), et un deuxième concert le 23 sous la férule de son chef principal Valery Gergiev.


Le LSO (London Symphony Orchestra) est un orchestre innovant et dynamique en matière d’éducation artistique et d’accompagnement de jeunes talents. Depuis 2010, Le Festival d’Aix-en-Provence développe un cycle d’activités lié à l’orchestre et à la pratique instrumentale, parrainé par les musiciens du LSO. L’expérience, initiée en 2010, rassemble, au sein de l’ « Orchestre des jeunes » (qui se produira le 25 juillet au Grand Théâtre de Provence dans un programme Piper, Chostakovitch et Mahler), des élèves débutant la pratique instrumentale et issus d’écoles de musique, de conservatoires ou d’orchestres scolaires encadrés par des professeurs et des musiciens de cette prestigieuse phalange.


Hier soir, et comme pratiquement toujours avec cette formation, la cohésion, les sonorités, la transparence, les couleurs, les attaques étaient au rendez-vous. Cordes capiteuses, bois à faire rêver, percussions sublimes, n’en jetez plus. Et pourtant, ce concert, où l’exécution a souvent tenu lieu d’interprétation, laisse un peu sur sa faim tant on a l’impression de « prêt-à-écouter », sentiment renforcé par le choix d’un programme sans grande surprise, surtout dans la première partie. Techniquement irréprochable, la lecture de Davis reste malgré tout assez impersonnelle dans les trois œuvres, standardisée même (les inconditionnels diront « équilibrée »), et on aurait aimé que ces partitions soient abordées un peu moins froidement.


Le programme débute avec la Symphonie No 99 de Haydn. Davis est un peu compassé dans le premier mouvement ainsi que dans l’Adagio où les inhabituelles trompettes passent presque inaperçues. Le Menuetto est abordé avec charme et grâce, tandis que dans le Finale le raffinement se fait plus solennel, avec une grande attention apportée aux contrastes musicaux et aux changements de texture orchestrale.



N. Freire (© Mat Hennek)


C’est le pianiste brésilien Nelson Freire qui donne la réplique à l’orchestre dans le Concerto pour piano No 20 de Mozart. Freire a déjà une longue et brillante carrière à son actif mais c’est avec Schumann, Chopin, et Brahms, plus qu’avec Mozart, qu’il obtient ses plus grands succès. Son interprétation du Vingtième concerto pour piano ne manque cependant pas de classe. Le toucher est toujours aussi subtil et la précision chirurgicale. La gravité du premier mouvement est bien exploitée, peut-être un rien retenue. Le lyrisme de la Romanza coule, délicat, raffiné. Dans l’Allegro assai, la technique est sans faille, et dans les passages rapides Freire reste émotionnellement impliqué. Très applaudi, il offrira en bis la transcription pour piano (écrite par Giovanni Sgambati) de la «Plainte d’Orphée» extraite de l’Orphée et Eurydice de Gluck.


Sans être une rareté, la Symphonie No 6 du Danois Carl Nielsen, composée entre 1924 et 1925, offre l’avantage d’être moins connue et plus déroutante, en dépit du sous-titre plutôt mal porté de « Sinfonia simplice ». Dès le premier mouvement, Tempo giusto, Davis nous conduit dans un labyrinthe sonore en perpétuelle mutation où s’enchevêtrent de multiples thèmes. Entre des mains médiocres, cette symphonie deviendrait vite un monument d’ennui inaudible. Avec le LSO, elle prend la dimension d’un authentique chef d’œuvre, malgré une baguette qui garde ses distances. Les dialogues entre cordes aiguës et graves laissent pantois d’admiration tant les sonorités orchestrales sont soyeuses. Dans le caricatural et sardonique Humoresque, vents et percussions font preuve d’une précision rythmique et d’une limpidité étonnantes. Dans le Proposta seria Colin Davis trouve une captivante lenteur et un recueillement placide qui font place à un quatrième mouvement atonal aux couleurs diaphanes. Seul un orchestre de cette qualité est capable de rendre justice à un traitement si pointilleux du caractère propre à chaque instrument, marque de fabrique de la musique du compositeur danois.


Avec un chef plus engagé et légèrement moins soucieux de plaire à tout le monde, cette excellente soirée aurait pu être mémorable.


Le site du London Symphony Orchestra



Christian Dalzon

 

 

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