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Mozart et ses moutons

Zurich
Opernhaus
07/04/2011 -  et 7, 9 juillet 2011
Wolfgang Amadeus Mozart: Il Rè pastore, K. 208

Malin Hartelius (Elisa), Martina Janková (Aminta), Sandra Trattnigg (Tamir), Rolando Villazón (Alessandro), Benjamin Bernheim (Agenore)
Orchestre La Scintilla de l’Opernhaus de Zurich, William Christie (direction musicale)
Grischa Asagaroff (mise en scène), Luigi Perego (décors et costumes), Hans-Rudolf Kunz (lumières)


(© Suzanne Schwiertz)


Mozart n'a que 19 ans lorsqu'il écrit, en 1775, Il Re pastore, quatre mois seulement après La finta giardiniera. Après la fausse jardinière, le faux berger! Alexandre Le Grand souhaite mettre à la tête de la ville de Sidon un jeune homme qui a vécu jusque-là en berger. Ce dernier s'y oppose car il craint de perdre l'amour de sa bien-aimée. Le sage Alexandre finit par marier les deux tourtereaux avant de les installer sur le trône. Quand on sait que le livret de Métastase avait déjà inspiré les plus célèbres compositeurs de l'époque, parmi lesquels Gluck et Jommelli, on ne peut qu'admirer l'audace du jeune musicien. L'ouvrage est une commande pour la visite à Salzbourg de l'archiduc Maximilien François, fils de l'impératrice Marie Thérèse. Après ce Roi berger, il faudra attendre cinq ans avant la création d'un nouvel opéra de Mozart.


Il Rè pastore peut être considéré comme un ouvrage de jeunesse particulièrement réussi du compositeur de Salzbourg. L'orchestration est brillante, la verve mélodique intarissable et la partition, qui respire la fraîcheur, préfigure les œuvres à venir, quand bien même le jeune musicien n'ose encore s'affranchir du cadre très strict de l'opera seria. Des chanteurs, Mozart exige légèreté et agilité, avec de nombreux passages de bravoure. Un livret un brin désuet et fort peu vraisemblable, avec des personnages grossièrement caractérisés, pourrait expliquer l'oubli dans lequel l'ouvrage est tombé.


Après sa grave crise vocale, Rolando Villazón joue désormais la prudence, se limitant à des rôles beaucoup moins lourds que par le passé. Sa présence dans ce Rè pastore peut surprendre, tant le rôle d'Alessandro est court. Mais le ténor a manifestement du plaisir à être sur scène et confère une touche humoristique à son personnage. Vocalement, il étonne par l'aplomb de ses vocalises, un talent qu'on ne lui connaissait guère jusqu'ici. Malheureusement, les problèmes demeurent: l'aigu a perdu de son éclat et le registre grave est pratiquement inexistant. Les grandes triomphatrices de la soirée sont Martina Janková, berger idéal, à la voix et au physique juvéniles, et Malin Hartelius, au lyrisme envoûtant. On retiendra aussi l'excellente prestation du jeune Benjamin Bernheim, un artiste prometteur qui va jusqu'à se payer le luxe de faire de l'ombre à l'autre ténor du plateau. Dans la fosse, William Christie fait des étincelles à la tête de La Scintilla, l'ensemble sur instruments d'époque de l'Opernhaus. Energie, éclat et élan sont les maîtres-mots de sa lecture. La mise en scène de Grischa Asagaroff joue à fond la sérénade bucolique et se veut résolument kitsch. On retiendra surtout les magnifiques costumes de Luigi Perego, représentant des tableaux de Boucher et Fragonard. Un spectacle léger et exquis, idéal pour les chaudes soirées d'été.



Claudio Poloni

 

 

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