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Dédale psychologique

Zurich
Opernhaus
06/26/2011 -  et 29 juin, 3*, 5, 10 juillet 2011
Richard Wagner: Parsifal
Yvonne Naef (Kundry), Eva Liebau (1. Blumenmädchen/1.), Teresa Sedlmair (2. Blumenmädchen/1.), Katharina Peetz (3. Blumenmädchen/1.), Sen Guo (1. Blumenmädchen/2.), Viktorija Stanelyté (2. Blumenmädchen/2.), Irène Friedli (3. Blumenmädchen/2.), Wiebke Lehmkuhl (Stimme aus der Höhe), Thomas Hampson (Amfortas), Pavel Daniluk (Titurel), Matti Salminen (Gurnemanz), Stuart Skelton (Parsifal), Egils Silins (Klingsor), Michael Laurenz (1. Gralsritter), Andreas Hörl (2. Gralsritter), Sen Guo (1. Knappe), Katharina Peetz (2. Knappe), Andreas Winkler (3. Knappe), Boguslaw Bidzinski (4. Knappe)
Chor der Oper Zürich, Jürg Hämmerli, Ernst Raffelsberger (préparation), Orchester der Oper Zürich, Daniele Gatti (direction musicale)
Claus Guth (mise en scène), Christian Schmidt (décors et costumes), Jürgen Hoffmann, Andi A. Müller (vidéos), Volker Michl (chorégraphie)


(© Suzanne Schwiertz)


Après le Liceu de Barcelone – coproducteur du spectacle (lire ici) – le Parsifal vu par Claus Guth arrive à Zurich, où il clôt la saison 2010-2011. Dans cette production, Titurel a deux fils, Amfortas et Klingsor. Le début du premier acte voit les trois personnages réunis autour d'un repas. Le père ne cache pas son affection pour le premier de ses enfants, ce qui a le don d'irriter le second, qui quitte précipitamment la table et la demeure paternelles. Au conflit familial vient se superposer le conflit politique: la première guerre mondiale a fait des ravages et les Chevaliers du Graal se trouvent ici en convalescence dans ce qui s'apparente à un hôpital, voire un asile. Le deuxième acte se déroule pendant une fête déjantée, à l'ambiance très années folles. La société essaie de panser ses plaies dans l'insouciance et se cherche un nouveau leader. On connaît la suite... Sur scène, au retour de Parsifal, Gurnemanz a tôt fait de l'introniser dictateur. Kundry est contrainte de prendre la route de l'exil, une valise à la main, à moins qu'elle ne se dirige vers un camp de concentration… Mais le spectacle se termine néanmoins sur une note d'espoir, par la réconciliation des deux frères ennemis. On l'aura compris, ce Parsifal fait fi du décorum lié au sacré et à la magie, pour se concentrer sur la psychologie des personnages, entièrement mis à nu et terriblement humains. Malgré d'inévitables parti-pris et raccourcis, le propos est intelligent et passionnant, tant il offre de nombreuses clés de lecture possibles, une constante dans le travail de Claus Guth.


Comme à Bayreuth, Daniele Gatti adopte des tempi passablement étirés – le premier acte dure près de deux heures –, ce qui permet à l'orchestre de déployer force couleurs et nuances et de faire entendre chaque détail de la partition. Cette «lenteur», propice à la réflexion et à l'intériorisation, colle d'ailleurs parfaitement à la mise en scène. Et jamais l'ennui ne guette car le chef – au demeurant très attentif aux chanteurs – joue admirablement sur les contrastes, exploitant au maximum les points forts émotionnels de la partition. La distribution est de tout premier ordre. On retiendra la noblesse de Thomas Hampson en Amfortas perclus de douleur mais souffrant en silence, dans un profond dégoût de la vie, la diction et le métier de Matti Salminen en Gurnemanz au pouvoir trouble, l'élégance d'Egils Silins en Klingsor à la gestuelle sobre et la chaleur du timbre d'Yvonne Naef en Kundry se révélant davantage figure maternelle que séductrice. Et, last but not least, Stuart Skelton apparaît comme le Parsifal idéal, Heldentenor aux moyens vocaux impressionnants, mais qui sait aussi faire preuve de lyrisme et de nuances. Une production à marquer d'une pierre blanche.



Claudio Poloni

 

 

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