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Opposition frontale

Paris
Jardin des serres d’Auteuil (Pavillon des azalées)
06/26/2011 -  
Johann Sebastian Bach : Sonate en ré majeur, BWV 1028
Franz Liszt : La lugubre gondola
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violoncelle et piano n° 3, opus 69

Marc Coppey (violoncelle), François-Frédéric Guy (piano)




Comme son affiche, où des volutes de feuilles et de signes musicaux se mêlent en s’échappant d’un piano, le festival «Les Solistes aux Serres d’Auteuil» ne change pas d’une année sur l’autre. Et pourquoi le ferait-il? Le succès demeure en effet au rendez-vous. Sa douzième édition se déroule donc de nouveau en deux temps: deux week-ends avant les vacances, trois autres à la rentrée, comportant chacun quatre récitals d’environ une heure (le vendredi et le samedi à 19 heures, puis le dimanche à 18 heures et 19 heures 30), qui, notamment au travers des «concerts tremplins», s’ouvrent largement aux jeunes artistes. Il n’est donc pas trop tard pour entendre, du 26 août au 11 septembre de nombreux excellents musiciens, qu’ils soient pianistes (Steven Osborne, Jean-Claude Pennetier, Edna Stern, Cédric Tiberghien, ...) ou non (Olivier Charlier, Ophélie Gaillard, Alina Ibragimova, ...).


Mais n’y a-t-il aucune évolution pour autant? Introduisant le dernier concert de la première partie des manifestations, qui reprendront exactement deux mois plus tard, la directrice artistique, Anne-Marie Réby, fait observer qu’un changement notable est intervenu: au pavillon des azalées, la position de la scène a été inversée par rapport à sa place habituelle. Du coup, en ces fins d’après-midi, le public assis au fond côté cour – si l’on ose dire – se trouve non seulement plus proche du bruit de la circulation mais, surtout, face au soleil, de telle sorte qu’il est désormais recommandé de venir avec des protections appropriées. S’orienter désormais ainsi vers Roland-Garros, c’est, pour le festival, une manière de manifester avec humour son «opposition frontale» ainsi que son espoir de pouvoir encore «retourner la situation», malgré les sérieuses menaces que l’extension du stade ferait courir au jardin des Serres d’Auteuil, déjà amputé d’un tiers de sa surface il y a quarante ans, au moment du bouclage du boulevard périphérique.


Les bâtiments construits à la fin du XIXe siècle par Jean-Camille Formigé (1845-1926), alors architecte en chef du service des édifices et promenades et jardins de la ville de Paris, sont certes classés, mais ils seront destinés à accueillir des plantes déplacées en raison de l’extension du complexe sportif et entraîneraient donc la fin du festival dans sa forme actuelle. Après avoir réuni en vain les signatures au bas d’une pétition, les opposants au projet sont désormais regroupés au sein de l’association «Collectif Jean-Bouin, Auteuil, les Princes», qui «s’est donné pour mission de défendre les serres d’Auteuil par tous les moyens possibles, notamment juridiques» – autrement dit l’annulation en justice des permis de démolir ou de construire qui devront être accordés pour la réalisation des travaux d’extension.


Après Jean-Frédéric Neuburger et avant Emmanuel Strosser, Vanessa Wagner et Christian Ivaldi, François-Frédéric Guy, fidèle entre les fidèles, se voit accorder la «carte blanche» du dimanche. A 18 heures, il a inséré Suonare de Mantovani parmi quelques extraits des Harmonies poétiques et religieuses qu’il joue régulièrement en cette «année Liszt». A 19 heures 30, alors que la chaleur reste forte, bien que partiellement compensée par le vent, il a invité Marc Coppey. Le violoncelliste français montre qu’il n’a pas usurpé, voici vingt-trois ans, son premier prix obtenu, devant Michael Sanderling et Raphaël Pidoux, au concours Bach de Leipzig: sa Sonate BWV 1028 bénéficie du confort du legato et du vibrato, mais sans excès, de même que son partenaire n’abuse pas des moyens offerts par un Yamaha moderne. Et tous deux sont à l’unisson pour ce qui est de la hauteur de vue, qui ne devient jamais ici indifférence, grâce à une parfaite noblesse de ton qui met en valeur la spiritualité sereine de cette musique.


Parmi les quelques pièces pour violoncelle et piano de Liszt, La lugubre gondole (1883) est sans doute celle qui a le plus trouvé sa place au répertoire. La magnifique tenue de la ligne de chant n’empêche pas l’interprétation, soutenue par le balancement doucement mélancolique du piano, de faire ressortir profondeur et déchirement, jusqu’à une extinction progressive proprement hypnotisante. Autre «spécialité» de François-Frédéric Guy, qui grave actuellement une intégrale de ses Sonates (Zig-Zag Territoires): Beethoven. Dans la Troisième Sonate (1808), la qualité de l’association entre les deux musiciens se confirme: générosité, élan et contrastes ne remettant pas en cause le soin qu’ils apportent à la sonorité. Après un Allegro vivace final à la jubilation haydnienne, ils dédient leur bis – l’arrangement de la Troisième des six Consolations (1850) de Liszt – à Anne-Marie Réby, qu’ils contraignent à venir saluer à son tour, et à la pérennité du festival. Mais même si le pire devait finalement se produire, on ne doute pas qu’une réflexion sur un «plan B» est déjà engagée.


Le site des Solistes aux Serres d’Auteuil
Le site de Marc Coppey
Le site de François-Frédéric Guy



Simon Corley

 

 

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