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June Anderson ou comment relever un défi

Liège
Palais Opéra
06/07/2011 -  et 9, 12*, 15, 18 juin 2011
Richard Strauss : Salomé , opus 54 (version française)
June Anderson (Salomé), Vincent Le Texier (Jochanaan), Donald Kaasch (Hérode), Mara Zampieri (Hérodiade), Jean-Noël Briend (Narraboth), Julie Bailly (Le page d’Hérodiade, Esclave), Juri Gorodezki (Premier Juif), Xavier Petithan (Deuxième Juif), Patrick Mignon (Troisième Juif), Giovanni Iovino (Quatrième Juif), Pierre Gathier (Cinquième Juif), Gabriele Nani (Premier Nazaréen), Stefano De Rosa (Second Nazaréen), Marc Tissons (Premier soldat), Alexei Gorbatchev (Second soldat), Pierre Nypels (Un Cappadocien), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
Marguerite Borie (mise en scène), Darren Ross (chorégraphie), Laurent Castaingt (décors et lumières), Pieter Coene (costumes)


(© Jacky Croisier/Opéra royal de Wallonie)


L’Opéra royal de Wallonie achève sa saison avec la version française de Salomé (1903-1905) de Strauss dans une nouvelle coproduction partagée avec l’Opéra de Monte-Carlo et le Volksoper de Vienne. La distribution liégeoise repose sur un argument massue : longtemps étiquetée spécialiste du bel canto, June Anderson aborde pour la première fois le rôle-titre, un élargissement de son répertoire qui relève du défi pour le moins risqué puisque la soprano américaine a tout de même cinquante-huit ans. Incarner une jeune fille sur scène ne lui pose de toute évidence aucun souci, surtout qu’elle réitère l’expérience la saison prochaine, toujours à Liège, avec Manon de Massenet, une prise de rôle rêvée, semble-t-il, depuis longtemps. Le résultat s’avère véritablement crédible : sans effort apparent et disposant d’un timbre encore frais, la chanteuse compose une Salomé qui n’a plastiquement rien d’une adolescente, évidemment, mais physiquement jeune, suffisamment sensuelle, déterminée mais sans doute encore trop sage. Vêtue de blanc et portant des couettes, qu’elle dénoue ensuite au bord de la citerne, June Anderson évolue avec naturel mais sans toute la provocation et le sex appeal susceptibles de rendre une Salomé à la fois irrésistible et vénéneuse. Ainsi la « Danse des sept voiles », sans effeuillage stricto sensu, se caractérise-t-elle par un érotisme et une perversion des plus dilués tandis que la scène finale, sorte de rédemption morbide, la montre dans une robe (opaque) alors que Nicola Beller Carbone a osé la nudité à Monte-Carlo. Malgré tout, l’applaudimètre ne ment pas : la soprano récolte aux saluts la plus vive ovation.


Durant les considérables travaux de rénovation menés dans le théâtre, les représentations se tiennent, encore toute la saison prochaine, dans une gigantesque tente, accueillante et confortable mais un peu préjudiciable pour les voix : à quelques exceptions près, la distribution peine à se faire entendre alors que le chef dose correctement la puissance de l’orchestre. De même que June Anderson, Vincent Le Texier, qui effectue à cette occasion ses débuts à l’Opéra royal de Wallonie, possède la projection nécessaire pour s’imposer en Jochanaan auquel il confère épaisseur, dignité et autorité. La palme de la meilleure diction lui revient sans conteste, une récompense à laquelle ne peut prétendre Mara Zampieri qui parvient à marquer les esprits, malgré une prononciation impossible, dans le rôle d’Hérodiade dont elle rend bien le côté pernicieux. Le personnage d’Hérode est confié à Donald Kaasch, qui signe quant à lui une prestation inspirée grâce à sa prestance et un timbre idiomatique de ténor de caractère.


Dans une fosse toute en longueur, Paolo Arrivabeni dirige un Orchestre de l’Opéra royal de Liège en rien superlatif mais affichant le degré de précision, de compacité et d’intensité requis pour restituer les merveilles de la partition. Marguerite Borie offre peu à se mettre sous les dents : inscrite dans un décor simple et dépourvu de fioritures, la mise en scène, peu aventureuse, ne comporte guère d’idées marquantes, à l’exception de la conclusion durant laquelle Salomé s’éprend de la tête de Jochanaan emballée dans un tissu rouge, mais elle a le mérite de la lisibilité et de se conformer à la politique de la maison. De toute façon, il est à parier que la plupart des spectateurs se rendent boulevard de la Constitution avant tout pour June Anderson.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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