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Un requiem vocal

Paris
Cité de la musique
06/08/2011 -  et 6, 7 juin 2011 (Lille)
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45

Sally Matthews (soprano), Dietrich Henschel (baryton)
BBC Symphony Chorus, Stephen Jackson (chef de chœur), Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)


J.-C. Casadesus (© Ugo Ponte/ONL)


L’Orchestre national de Lille, moins de trois mois après sa venue salle Pleyel (voir ici), est déjà de retour dans la capitale. Mais comme les Toulousains du Capitole «montent» régulièrement à Paris (voir ici) alors qu’ils n’en sont pas à portée de TGV, il n’y pas de raison que l’orchestre national le plus proche de l’Ile-de-France n’en fasse pas de même. Cette fois-ci, le concert, intégralement consacré au Requiem allemand de Brahms et déjà donné la veille et l’avant-veille dans la cité nordique, marque la fin de sa trente-cinquième saison et s’inscrit en même temps dans le cadre de la cinquième biennale d’art vocal de la Cité de la musique (du 7 au 25 juin) – d’où son horaire inhabituel (20 heures 30), car il est précédé d’un concert gratuit donné, comme certains autres jours, à 19 heures dans la «rue musicale» autour de la grande salle. Il n’en a pas moins attiré un nombreux public, la jauge ayant toutefois été légèrement réduite par une disposition quelque peu inhabituelle, l’orchestre, presque complètement de plain-pied, s’avançant quasiment jusqu’au milieu du parterre.


Les soixante-dix-neuf chanteurs du Chœur symphonique de la BBC – bientôt réduits d’une unité suite à l’indisposition d’une choriste, rejointe plus tard par une violoncelliste – prennent place, quant à eux, sur des gradins. Composée d’amateurs, la formation anglaise, préparée par Stephen Jackson (indication que le programme de salle ne daigne par fournir), frappe, dès les premiers «Selig sind», par ses nombreuses qualités: textures transparentes et soyeuses, homogénéité et sûreté, puissance sans vociférer. Et elle a bien du mérite à suivre une baguette traînante et engourdie dans la première partie, quasi pétrifiée dans la marche de la deuxième, certes marquée «Lent», mais ressemblant ici à un quarante-cinq tours lu à la vitesse d’un trente-trois, par trop dépourvue de tension, pas même monumentale ou solennelle.


Ce premier quart d’heure donne donc l’impression que pour Jean-Claude Casadesus, comme pour Berlioz dans la scène de la cave d’Auerbach de La Damnation de Faust, «allemand» doit se comprendre comme «teuton», sorte de caricature de la germanité qu’on retrouve ensuite dans des polyphonies méthodiquement détaillées, une sage application et une tendance à la pesanteur – il est vrai que l’effectif est plutôt fourni (soixante cordes, mais une seule harpe et un orgue bien discret). Heureusement, dès les sections majeures de la deuxième partie, le chef français laisse entrevoir quelques lueurs d’espoir: un peu d’allant dans le sol bémol de («So seid nun geduldig») et d’énergie dans la grande péroraison en si bémol («Die Erlöseten des Herrn»). Il relance aussi parfois spectaculairement le discours, conférant ainsi une indéniable force dramatique à la vaste sixième partie. Mais il est sans doute à son meilleur dans le climat serein et apaisé des quatrième et septième parties, d’une belle finesse de réalisation.


Sans éclat particulier ni défauts majeurs, l’orchestre, qui a invité en tant que konzertmeister le Sud-Africain David Juritz, longtemps premier violon solo des London Mozart Players, ne brille ni par sa sonorité, ni par sa chaleur. Les forces chorales ne sont pas les seules à rendre justice à cette biennale d’art vocal, car les deux solistes sont également excellents: chantant par cœur, Dietrich Henschel perd en qualité de timbre dans l’aigu, mais possède comme peu d’autres le style de cette musique, tandis que Sally Matthews, pas très assurée dans les premières pages, réussit ensuite son «Ihr habt nun Traurigkeit», à l’intonation parfaite et au timbre agréable.


Le site de Sally Matthews
Le site de Dietrich Henschel
Le site du Chœur symphonique de la BBC


Un extrait du concert:







Simon Corley

 

 

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