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Une « folle journée » réussie

Nancy
Opéra national de Lorraine
05/27/2011 -  et 29, 31 mai, 2, 4* juin 2011
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492

André Morsch (Figaro), Gabrielle Philipponet (Susanna), Hiromi Omura (La Comtesse Almaviva), Nigel Smith (Le Comte Almaviva), Angelique Noldus (Cherubino), Bruno Pratico (Le Docteur Bartolo), François Piolino (Don Basilio), Kleopatra Papatheologlou (Marcellina), Yuree Jang (Barbarina), Jean Ségani (Antonio), Xavier de Lignerolles (Don Curzio)
Chœur de l’Opéra National de Lorraine, Merion Powell (direction des chœurs), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Paolo Olmi (direction musicale)
Jean Liermier (mise en scène), Bérangère Gros (reprise de la mise en scène), Jean Faravel (dramaturgie), Philippe Miesch (décors), Werner Strub (costumes), Jean-Philippe Roy (lumières)


(© Opéra national de Lorraine)


Peu d’opéras possèdent la force théâtrale des Nozze di Figaro, Beaumarchais et Da Ponte ayant offert à Mozart un scénario des plus cohérents sur le plan scénique. Servi par la légendaire production de Giorgio Strehler et les meilleurs chanteurs mozartiens du moment (comme vu et entendu deux jours plus tôt à l’Opéra Bastille), ou par une équipe modeste (comme ce soir à l’Opéra national de Lorraine), l’ouvrage reste en toutes circonstances un chef-d’œuvre.


Et c’est donc à guichets fermés que l’opéra nancéien reprend cette production de l’ouvrage, signée Jean Liermier et créée in loco en novembre 2006. Prenant comme référence La Règle du jeu de Jean Renoir, le directeur du théâtre de Carouge transpose l’action dans une maison de la grande bourgeoisie des années trente, avec quelques distorsions du livret original. Ainsi l’opéra s’ouvre t-il dans la cuisine du château (en lieu et place de la chambre du couple Susanna/Figaro) pour se terminer non pas dans le jardin dudit château mais…dans sa cave à vin! Pourquoi pas, après tout, la dramaturgie étant, elle, respectée, la direction d’acteurs particulièrement fouillée et la scénographie (signée Philippe Miesch) un constant régal pour les yeux. On pourra regretter néanmoins un certain manque de mystère et de poésie dans le tableau final, la magie propre à cette scène n’étant pas exactement au rendez-vous.


De la distribution initiale, seule la soprano japonaise Hiromi Omura conserve son rôle. A ses côtés, la direction artistique du théâtre lorrain a su réunir une équipe jeune, sans vedette internationale mais d’une très grande homogénéité, qui fait montre d’un professionnalisme digne de tous les éloges. Les protagonistes se sont mis avec humilité et efficacité au service d’une œuvre pourtant rabâchée, prouvant avec éclat qu’un travail collectif assidu vaut cent fois mieux que l’esbroufe coutumière de certaines stars du monde lyrique.


L’on relèvera tout d’abord la formidable prestation de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, répondant avec promptitude aux sollicitations de l’excellent chef italien Paolo Olmi. Il conduit ses musiciens avec beaucoup de dynamisme et de sens théâtral, tout en restant discret et attentif à toutes les inflexions des chanteurs.


Du côté du plateau vocal, André Morsch campe un Figaro plein de finesse, tout en faisant preuve d’abattage et de prestance. Il possède un joli timbre de basse, manquant peut-être encore d’ampleur, mais se distinguant favorablement par son agilité et son excellente diction de la langue de Dante. La délicieuse Gabrielle Philipponet s’avère une Susanna débordant de panache et de sensualité. Son timbre rond et fruité est idéal pour caractériser vocalement cette soubrette espiègle et son grand air «Deh, vieni, non tardar» est admirablement délivré.


Dans le rôle du Comte, le baryton canadien Nigel Smith en impose scéniquement parlant, mais aussi vocalement avec sa voix particulièrement (parfois trop?) puissante. Elle sait cependant se faire également caressante dans ses tentatives de séduction de Susanna ainsi que dans son repentir final. De la prestation d’Hiromi Omura (la Comtesse), l’on retiendra en premier lieu les magnifiques pianissimi du «Porgi amor» et du «Dove sono», quasi murmurés. L’actrice n’est pas en reste avec une présence en scène fort louable, conférant au personnage une authentique gravité.


Le Cherubino de la mezzo Angélique Noldus est irrésistible. L’actrice est littéralement diabolique dans sa composition d’adolescent assoiffé d’amour, obsédé et presque maniaque. Avec son timbre chaud et cuivré, elle délivre un «Non so più» vraiment haletant. Véritable ombre au tableau vocal, la mezzo grecque Kleopatra Papatheogolou déçoit. Outre le fait qu’elle n’a absolument pas l’âge du rôle (le même que son fils Figaro!), elle hurle sa partie plus qu’elle ne la chante, écorchant par ailleurs nos oreilles avec des aigus affreusement stridents. De même, Bruno Pratico (Bartolo), s’il excelle toujours en scène, accuse le poids des ans et la voix apparaît désormais bien fatiguée. Aucun reproche, en revanche, à formuler quant au Basilio sournois à souhait de François Piolino, ni aux seconds rôles (avec une mention spéciale pour la Barbarina de Yuree Jang), qui ont tous dignement contribué à la réussite de cette réjouissante soirée.



Emmanuel Andrieu

 

 

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