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Poèmes pianistiques

Beauvais
Gerberoy (Collégiale Saint-Pierre)
05/28/2011 -  
Franz Liszt : Tasso: lamento e trionfo (#) – Hamlet (*) – Mazeppa (+) – Orpheus (#) – Prometheus (*)

Cyril Huvé, Laurianne Corneille (#), Daria Fadeeva (*), Tristan Pfaff (+) (piano)




Sous la direction artistique du violoniste Nicolas Dautricourt depuis 2007, «Les Moments musicaux de Gerberoy» font résonner les voûtes de la collégiale Saint-Pierre (XVe), au cœur de ce charmant village picard du pays de Bray – maisons anciennes et typiques, rues pavées et fleuries – bien plus connu pour ses expositions et ses peintres – à commencer bien sûr par Henri Le Sidaner – que pour ses musiciens et ses concerts. Concentrés sur trois jours, les quatre programmes présentent des artistes renommés: avant Zhu Xiao-Mei et The Academy of Ancient Music, les deux premiers sont consacrés à Liszt, que l’affiche, inspirée du célèbre tableau de Friedrich, représente en «voyageur contemplant une mer de nuages».


Le week-end gerboréen rejoint ainsi les nombreuses célébrations marquant le bicentenaire de sa naissance, mais en s’attachant à sortir des sentiers battus: le vendredi soir Marc Coppey et Peter Laul ont exploré avec Jean-Yves Clément des pièces rares et ultimes du compositeur hongrois; de même, le samedi après-midi, Cyril Huvé réunit autour de lui trois jeunes pianistes, sous le titre «génération SPEDIDAM» et sous l’égide de la société en charge de la gestion des droits des interprètes, pour donner des arrangements pour deux pianos de quelques-uns de ses poèmes symphoniques. Animant chaque été une académie en marge du festival de La Chaise-Dieu, le pianiste français ne s’est pas contenté d’assurer la «coordination» de ce concert: non seulement il présente lui-même successivement les œuvres, palliant l’absence de notes de programme par la lecture d’extraits de préfaces et de lettres, mais il tient aussi la partie de premier piano, enchaînant sans entracte comme si de rien n’était – son toucher, son jeu lyrique et son phrasé font sans cesse merveille.


Alternativement au second piano et en tourneurs de pages, les trois jeunes artistes qui l’entourent possèdent déjà chacun un solide curriculum vitæ: la Biélorusse Daria Fadeeva (née en 1977), par ailleurs violoniste et altiste baroque, résidant en France depuis vingt ans, a étudié avec Huvé au CNSM de Paris; élève de Denis Pascal, Michel Béroff et Aldo Ciccolini, Tristan Pfaff (né en 1985) a obtenu de nombreuses récompenses: deuxième prix au concours Vladimir Krainev (2002), septième prix au concours Vianna da Motta (2004), deuxième prix au concours de Porto (2005), révélation de l’ADAMI (2006), troisième prix au concours de Glasgow (2007) et sixième prix au concours Long-Thibaud (2007); après des études à Boulogne-Billancourt, Laurianne Corneille s’est installée à Bruxelles où elle a notamment travaillé dans la classe d’Evgueny Moguilevsky.


Comme la partie de second piano ne s’apparente en rien à un second rôle, leurs atouts techniques ne sont pas de trop pour affronter ces pages: les arrangements de Liszt ne sont jamais de simples réductions, surtout lorsqu’il s’agit de ses propres partitions. En l’espèce, comme ceux des Symphonies de Beethoven pour piano seul, ils ne sont nullement conçus pour diffuser la musique auprès des amateurs et si l’on perd inévitablement en séduction et puissance orchestrales, il reste le brio de l’écriture pianistique lisztienne. Liszt accordait visiblement une grande importance à cette tâche, puisqu’il publia au moins un arrangement de chacun de ses treize poèmes symphoniques: au total, douze ont été adaptés pour deux pianos, dix pour piano à quatre mains et un pour piano seul. Devant un public peu nombreux mais huppé, comme en goguette entre Roland Garros et Deauville, Huvé en a choisi cinq, non pas sur des instruments anciens dont il s’est fait le défenseur, mais sur de beaux Steinway dont le son se déploie confortablement dans la collégiale: si les détails tendent à être sacrifiés dès que le tempo est rapide ou les nuances deviennent fortes, la réverbération demeure toutefois raisonnable.


Et puis, même s’ils sont privés de leurs atours instrumentaux, il faut se réjouir de pouvoir entendre ces poèmes symphoniques, car ils demeurent pour la plupart négligés, même en cette «année Liszt», hormis, bien évidemment, Les Préludes. Et peut-être aussi Mazeppa (1851/1854), enlevé par Huvé et Pfaff avec un sentiment d’urgence et une bravoure admirables. Même Tasso: lamento e trionfo (1854/1856) et Orphée (1854/1856), dévolus à Laurianne Corneille, ont quasiment disparu de l’affiche. Quant à Prométhée (1855/1856) et, plus encore, Hamlet (1858/1861), en duo avec Daria Fadeeva, on n’est sans doute pas près de les retrouver en concert.


Le site des Moments musicaux de Gerberoy
Le site de Gerberoy
Le site de la SPEDIDAM
Le site de Cyril Huvé
Le site de Daria Fadeeva
Le site de Tristan Pfaff



Simon Corley

 

 

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