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Pour les beaux yeux de Violetta

Paris
Opéra Bastille
06/19/1998 -  et 22, 25, 28 juin, les 1er, 4*, 7, 10 et 13 juillet 1998
Giuseppe Verdi : La Traviata
Cristina Gallardo-Domas, Patricia Racette (du 4 au 13 juillet) (Violetta Valery), Hadar Halevi (Flora Bervoix), Isabelle Cals (Annina), Ramon Vargas (Alfredo Germont), Leo Nucci (Giorgio Germont), Vladimir Grishko (Gastone), Sorin Coliban (Barone Douphol), Franck Leguérinel (Marchese d'Obigny), Carlos Feller (Dottor Grenvil)
Orchestre et Chœur de l'Opéra National de Paris, James Conlon (direction)
Jonathan Miller (mise en scène)

La production demeure d'une redoutable niaiserie ; intéressante idée de base (le plan incliné en spirale comme métaphore du manège social) si maladroitement exploitée que le résultat évoque moins Lola Montès que Le soulier qui vole - ah, ce jardinet peinturluré du deuxième acte ! Conlon reste Conlon : mouvement dramatique bien dosé, avec de judicieux crescendi lors du bal chez Flora et un lyrisme poignant dans le dernier tableau, mais un manque occasionnel de tranchant dans l'articulation, un legato parfois uniforme qui amoindrit la portée expressive de certains détails. L'orchestre dispense d'enivrants piani dans le prélude du troisième acte (oublions un ou deux décalages ce soir là dans les pupitres de seconds violons). Nucci gagnerait à mettre autant de cœur dans sa prestation que dans ses saluts, mais le chant reste d'une appréciable solidité ; fragilisé dans l'aigu, Vargas n'en reste pas moins un Alfredo d'une belle musicalité, avec un air du deuxième acte splendidement phrasé. Nos comptes expédiés, penchons-nous sur ce qui faisait pour le verdien boulimique l'intérêt de cette reprise, l'arrivée d'une nouvelle venue dans le rôle-titre.

Succédant à Gheorghiu et Gallardo-Domas, Patricia Racette séduit par le naturel d'un timbre fruité, l'émission haute, la facilité de la projection. Le médium n'a pas toute l'ampleur souhaitable, le soutien des grande lignes forte paraît un peu court ("Amami Alfredo" au deuxième acte ou "Gran dio" au troisième). La tenue de scène est celle d'une "petite femme" plutôt que d'une diva, mais le personnage émeut dans sa jeunesse et sa simplicité. Disciplinée dans les passages virtuoses (avec contre-mi bémol), admirable musicienne dans son dialogue avec Germont, la chanteuse marque particulièrement le début du troisième acte, riche d'infini nuances ("Addio del passato"), suggérant sans naturalisme excessif l'épuisement physique et nerveux de l'héroïne par le ciselé de la diction et les reflets soudain fiévreux du timbre ; osons le dire, le récitatif qui suit immédiatement le prélude est l'un des plus bouleversants entendus au théâtre ces dernières années. Dans cette génération riche en Violetta de bonne qualité, il faudra réserver une place à Patricia Racette ; on attend sa Mimi, et l'on serait curieux de la mettre à l'épreuve de Gilda.



Vincent Agrech

 

 

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