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Le retour de Sir Colin

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/05/2011 -  et 7 mai 2011
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur, opus 58 – Messe en ut majeur, opus 86

Nicholas Angelich (piano), Nathalie Manfrino (soprano), Marie-Claude Chappuis (contralto), Steve Davislim (ténor), Nicolas Courjal (basse)
Chœur de Radio France, Matthias Brauer (chef de chœur), Orchestre national de France, Sir Colin Davis (direction)


C. Davis (© Matthias Creutziger)



Les prestations parisiennes de Sir Colin Davis (né en 1927) sont suffisamment rares pour justifier que le Théâtre des Champs-Elysées soit, ce soir, totalement plein, le public ayant également été attiré par un programme alléchant entièrement consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827). Certes, il ne s’agit pas là du compositeur de prédilection du chef anglais mais celui-ci n’a néanmoins cessé de le diriger tout au long de sa longue carrière, ayant même encore enregistré il y a quelques années sa troisième intégrale des Concertos pour piano avec Evgueny Kissin.


C’est d’ailleurs par le Quatrième que débutait ce concert: pièce originale par rapport aux quatre autres concertos (l’entrée du soliste, un bref deuxième mouvement au climat empreint d’une inhabituelle noirceur), celle-ci a en outre connu de sérieux problèmes pour sa création puisque les pianistes Ries et Stein arguèrent successivement de la difficulté de la partition pour refuser de la jouer, celle-ci ayant finalement été créée par le compositeur lui-même en mars 1807. Evidemment, ce n’est pas la technique qui va poser problème Nicholas Angelich, dont les affinités avec le compositeur allemand ne sont plus à prouver (même si l’on se souvient d’une prestation quelque peu mitigée dans «L’Empereur» voilà près d’un an dans cette même salle). Les premières notes laissent pourtant planer un doute: une montée introductive du piano un peu brutale et légèrement précipitée, ainsi qu’un léger flottement dans les cordes de l’orchestre qui peine à trouver ses marques étonnent. En vérité, l’ensemble rentre rapidement dans l’ordre même si l’Allegro moderato offre un curieux contraste en matière de dynamique sonore entre un piano puissant et conquérant, et un orchestre plutôt timoré dirigé de façon placide par Colin Davis. La prestation du National s’avère donc discutable, partagé entre une petite harmonie où dominent la légèreté et la clarté, et des cordes sonnant de façon assez massive et pesante. Quant à Angelich, il charme de bout en bout par la délicatesse de son toucher, la facilité de son jeu et sa totale implication – on l’entend même fredonner la partition de façon quasi continue. Le son cristallin du piano dans l’Andante con moto fait véritablement merveille avant que, rejoint par l’orchestre dans un Rondo vivace où l’on percevra quelques problèmes de mise en place avec l’orchestre, le pianiste franco-américain ne s’amuse de nouveau pleinement. Même si les applaudissements furent enthousiastes, Renaud Capuçon, partenaire privilégié d’Angelich, n’étant pas le dernier à manifester son plaisir, l’impression générale ne peut qu’être réservée, le public n’ayant par ailleurs droit à aucun bis.


Il faut dire que la seconde partie du programme s’avérait importante puisqu’elle était tout entière consacrée à la Messe en ut majeur (1807), œuvre intéressante mais éclipsée avec le temps par la grandiose Missa solemnis. Sir Colin Davis connaît bien cette œuvre qu’il a récemment enregistrée à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres dans la série LSO live: force est de constater que le chef anglais se montre ici beaucoup plus dans son élément, faisant preuve d’une souplesse dans sa direction qui était totalement absente du concerto. Les solistes s’avèrent quelque peu inégaux. Ainsi, si, dans le «Gloria», Marie-Claude Chappuis chante avec une belle assurance son «Qui tollis», Nicolas Courjal fait preuve d’un vibrato excessif, et la jeune soprano Nathalie Manfrino assure sa partie de manière quelque peu fébrile (il suffisait de la voir regarder Colin Davis de manière quasi constante, mi attentive, mi admirative) comme l’illustre la dureté de quelques attaques. Mais cette impression ne fut que passagère puisqu’elle prend rapidement ses marques, chantant avec conviction sa partie dans le «Sanctus». Le Chœur de Radio France fut pour sa part magnifique de bout en bout, galvanisé par le chef (le «Gloria»!), capable de passer de l’intimité la plus forte à la théâtralité la plus grande, notamment dans le «Crucifixus» ou à la fin de l’«Agnus Dei». Quant à l’orchestre, à commencer par les clarinettes (l’intervention de Patrick Messina dans le «Sanctus»), le basson solo de Philippe Hanon et les cors, il fut au diapason des autres protagonistes, réévaluant ainsi une œuvre qu’on n’a malheureusement que trop peu l’occasion d’entendre.


Les applaudissements nourris de l’assistance, tout spécialement à l’adresse de Sir Colin Davis (même si celui-ci préféra rester au sein des musiciens lors des saluts), ne peuvent donc que nous faire espérer sa venue prochaine dans les salles parisiennes. Deux dates sont d’ores et déjà prévues la saison prochain: le 17 septembre 2011 à Pleyel, avec le Symphonique de Londres, dans la Missa solemnis de Beethoven, puis le 7 juin 2012, de nouveau avenue Montaigne avec le National et dans un concerto de Beethoven – «L’Empereur» avec Emanuel Ax – complété cette fois-ci par la Septième Symphonie de Dvorák.



Sébastien Gauthier

 

 

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