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Tchaïkowski Double Dames

Monaco
Salle Garnier
06/11/1998 -  
Piano Masters de Monte Carlo

Admettons-le, les Piano Masters doivent aussi au charme de leur cadre unique. La salle Garnier, à la fois somptueuse et intime drapée dans ses vieux ors et son vermeil. L'esplanade du Casino et son agitation mondaine, les reflets apaisants de la lune sur la mer. Il serait doux de se laisser vivre, cependant la musique occupe les esprits même dans les instants de pure détente. Ecouter Paul Badura Skoda, cette année le président du jury, retraçant son long chemin shubertien au pianoforte sur la terrasse d'un grand hôtel ouverte aux brises du large constitue une expérience aussi mémorable qu'insolite.

Les candidats n'ont guère pour leur part le loisir de profiter du soleil et des piscines ! Conçus selon l'exemple d'une grande compétition sportive, les Piano Masters tiennent autant du marathon que de la course de Formule 1 : une semaine de vrais récitals intensifs, exposés, avec pour dernier virage l'épreuve d'un concerto. Des éliminations parfois cruelles et un seul prix de 30 000 dollars à l'arrivée. De quoi faire ressortir en sus de ses qualités artistiques la solidité psychique et l'endurance du vainqueur, conditions sine qua non à une grande carrière. Critères qui auront sans doute coûté la victoire à Mademoiselle Toba, dont l'instinct musical, qui avait fait merveille en demi-finale dans la 3e Sonate en si mineur de Chopin et la 2e Sonate de Rachmaninoff, n'aura pas suffi à soutenir l'épreuve de force d'une finale où au 13e Nocturne de Chopin succédait le redoutable Scarbo (avec pourtant d'admirables nunaces et détails de phrasé), et surtout le Premier Concerto de Tchaïkowski exigeant un geste plus ample et puissant. Puissance qui ne fait guère défaut à l'héroïne de la soirée, Mzia Simonichvili, qui avait choisi de se mesurer au même concerto et dont le sens incroyable de la projection, le jeu carré et flamboyant ont justement fait délirer le public. Ses qualités nous avaient valu en demi-finale des Tableaux d'une Exposition hautement colorés et contrastés. Chopin, comme la Tarentelle de Liszt laissent néanmoins entrevoir d'inquiétantes failles (la difficulté en particulier à maîtriser l'assise rythmique à la fin de chaque tempo rubato), et une propension également sensible chez Tchaïkowski, à privilégier les grands effets sur la véritable construction musicale. Victoire d'un tempérament plutôt que d'un art pleinement abouti, mais dont on suivra avec intérêt l'évolution au cours des prochaines années. Notons encore, le soir du 13 juin, la prestation d'un Philharmonique de Monte-Carlo des meilleurs jours (discipline, richesse des couleurs), et attendons la Dixième Edition pour laquelle Chantal et Jean-Marie Fournier, maîtres d'œuvre du concours, nous annoncent quelques surprises.



Vincent Agrech

 

 

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