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Nouvelle étape pour les Prazák

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
04/04/2011 -  
Alban Berg : Quatuor, opus 3
Henri Dutilleux : Ainsi la nuit
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 15, opus 132

Quatuor Prazák: Pavel Hůla, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)


Le Quatuor Prazák (© Guy Vivien)


Souffrant de la main gauche, Václav Remes a été contraint de mettre fin à sa carrière, de telle sorte que le Quatuor Prazák, dont il fut l’un des fondateurs voici près de quarante ans et dont la composition n’avait pas évolué depuis le départ du violoncelliste Josef Prazák en 1986, a dû procéder à son remplacement. Toujours délicate, une telle évolution l’est encore davantage lorsqu’on se souvient de la personnalité du premier violon de l’ensemble tchèque, de sa manière d’établir immédiatement le contact avec le public, de son jeu chaleureux et exubérant. L’appréhension face à ce remaniement substantiel d’un quatuor qui appartient de longue date aux meilleurs du circuit est toutefois atténuée par le fait que c’est Pavel Hůla, premier violon du Quatuor Kocian pendant plus de trente ans, qui a rejoint la formation: né en 1952, il appartient à la même génération que ses compatriotes, avec lesquels il a déjà eu l’occasion de travailler à de multiples reprises, tant au concert qu’au disque, en particulier en trio à cordes avec l’altiste Josef Kluson et le violoncelliste Michal Kanka.


S’ils ont désormais opté pour le nœud papillon, explorant diverses variantes de rouges jusqu’au bordeaux ou au lie de vin, les Prazák, restent du moins fidèles aux Bouffes du Nord, où ils se produisent à deux reprises: après un programme intégralement beethovénien le dimanche matin, celui du lundi soir, tel qu’annoncé en début de saison, était autrement plus aventureux. Il n’en subsiste toutefois que la première partie, au détriment du Deuxième Quatuor «Brèves» de Gilbert Amy et d’une création de Franck Krawczyk, la modification intervenue dans la composition du quatuor n’étant probablement pas étrangère à ce changement. Peu en chaut évidemment à un public non moins fidèle, tant au lieu qu’aux interprètes, depuis des décennies, et au sein duquel les musiciens ne manquent pas: Yaïr Benaïm, premier violon du quatuor auquel il a donné son nom, le chanteur et compositeur Vincent Bouchot, la pianiste Dana Ciocarlie, ...


La première partie permet d’abord d’entendre le rare Quatuor (1910) de Berg: inhabituellement structuré en deux mouvements au tempo instable, il ne s’est pas imposé à l’égal de la Suite lyrique, bien que conçu entre des œuvres aussi essentielles que la Sonate pour piano et les Altenberg-Lieder. Exploitant toute l’intensité expressionniste de la partition, les Tchèques restent incomparables de fougue et d’engagement dans l’un de leurs répertoires d’élection, celui de la seconde Ecole de Vienne. Dans Ainsi la nuit (1976), Dutilleux se pose en lointain héritier de Berg, filiation qu’ils s’emploient à souligner, moins soucieux de raffiner les sonorités que de déployer leur volontarisme et leur lyrisme coutumiers.


La réalisation instrumentale n’en demeure pas moins splendide, d’autant que le nouveau primarius démontre qu’il s’est bien intégré à l’ensemble. Moins expansif que son prédécesseur, Hůla a un son à la fois plus fin et plus mat, moins ample et mordoré que ses partenaires, contrastant ainsi notamment avec le second violon Vlastimil Holek. Il semble en outre parfois en délicatesse avec la justesse et ne paraît pas (encore) posséder le leadership et le charisme dont faisait preuve Remes. Comment oublier en effet le sourire généreux qu’il arborait immanquablement en se tournant vers les spectateurs avant le premier coup d’archet, comme pour les inviter à se joindre à la musique?


Bénéficiant naturellement d’une plus grande expérience que leurs jeunes homologues nord-américains du Quatuor Escher cinq jours plus tôt au Louvre, les Prazák investissent tout autrement le Quinzième Quatuor (1825) de Beethoven, auquel ils restituent une saveur, un sens, une unité et, presque paradoxalement, une évidence presque classique. Comme à l’habitude, c’est Kluson qui annonce le bis, le Presto du Treizième Quatuor (1826).


Le site du Quatuor Prazák



Simon Corley

 

 

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