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Le Roi de gloire

Paris
Palais Garnier
03/25/2011 -  
Arthur Honegger : Le Roi David
Michael Lonsdale (récitant), Sophie Marin Degor (soprano), Nora Gubisch (alto, la Pythonisse), Stanislas de Barbeyrac (ténor), Théophile Baquet (le jeune David)
Chœur et Orchestre de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, Patrick Marie Aubert (direction)


P. M. Aubert (© Patrice Nin)


Honegger sortira-t-il un jour de son purgatoire ? Les programmes de concerts lui font peu de place et l’on se réjouit d’avoir entendu ce Roi David. La version originale de 1921, créée au Théâtre du Jorat par une chorale d’amateurs, fit la célébrité du jeune compositeur suisse, vite appelé, à 29 ans, « le Roi Arthur ». Dix-sept instrumentistes, avec une contrebasse en guise de cordes, suffisaient à accompagner un chœur imposant, trois solistes vocaux et un récitant. L’arrangement pour grand orchestre, deux ans plus tard, sonnerait peut-être moins moderne, émoussant la crudité des dissonances et des audaces rythmiques. Paradoxalement, il a pourtant les faveurs du concert, sans doute parce qu’il renoue davantage avec les grands fastes de l’oratorio, à commencer par les pages où Honegger se pose en héritier de Bach et de Haendel.


Un chef de chœur ne fait pas forcément un chef tout court. Tel n’est pas le cas de Patrick Marie Aubert, que Nicolas Joel a emmené de Toulouse dans ses bagages. Précision des gestes et des attaques, équilibre entre les voix et les instruments : la direction révèle un « pro ». Et le chef du chœur de l’Opéra sait évidemment ménager une progression dramatique, enchaînant les trois parties du « psaume symphonique » dans une parfaite unité – pierre d’achoppement de beaucoup d’interprétations trop séquentielles. Le chœur, premier personnage de l’œuvre, est remarquable d’homogénéité et d’engagement, de théâtralité et de ferveur, comme les musiciens, très exposés dans ces parties où ils ne cessent jamais d’être solistes.


Il faut aussi des voix pour Le Roi David. Si Sophie Marin Degor reste légère là où la partition appelle un soprano lyrique, Nora Gubisch impressionne en Pythonisse au timbre surgi des profondeurs et Stanislas de Barbeyrac séduit par l’homogénéité d’une tessiture qu’Honegger tend plus qu’il y paraît, tous trois s’imposant par la qualité de l’articulation. Le jeune Théophile Baquet, en revanche, confirme qu’il n’est pas raisonnable de confier le jeune héros à une voix d’enfant. Pas de vrai Roi David, enfin, sans récitant : Michael Lonsdale, en heureuse rupture avec une grandiloquence surannée, interprète le texte de René Morax avec une sobriété habitée, un peu comme s’il jouait encore Des hommes et des dieux.



Didier van Moere

 

 

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